Récit de voyage par Eliott !

JOUR 1

Toute l'équipe était très impatiente de se retrouver. Faut dire que cette fin de saison nous a un peu laissé sur notre faim. Le week-end Piolet jeunes n'a pas pu se faire pour des raisons d'organisation et de météo et la sortie à l'Arche Perdue a été annulée à cause de la vigilance orange aux orages remis au programme en Septembre !. Les 2 absents du séjour l'étaient pour cas de forces majeures. Maxime assurait son avenir en donnant priorité à un entretien et Violette se remettait doucement sur pied après une vilaine chute à vélo. Ces débuts de sorties sont bien réglés : Chloé au Pont de l'Albanne, Eliott, Séraphin, Eric et Pierre à BuissonRond, Hugo à Montmélian, Nicolas et Julien au Pont de Coise. Et pas une minute de retard à chacun de arrêts du ramassage. Parfait. Les vacances peuvent commencer. Et les vacances ça commence par une « grasse mat' ». Silence unanime jusqu'à Pralognan. L'objectif incontournable de la journée est de monter au refuge de la Vanoise… avec le matériel d'alpi et 4 jours d'autonomie. Ce but en lui-même peut s’apparenter à une longue et chaude besogne. Pour ne pas réduire cette journée à une galère, Pierre nous a prévu une petite douceur, la via-ferrata de la cascade de la fraiche la bien nommée.

La 1ère partie de la via se fait sous brumisateur haut débit. Pour le plus grand plaisir de tous. La seconde dans des jeux d'ombres et de lumières entre les sapins et le soleil matinal. Nous retardons l’épreuve en étirant la pause casse-croute mais à un moment faut bien y aller. Il fait chaud, le sac est lourd, les épaules semblent se décrocher et la rigidité des chaussures d'alpi durcit les mollets. L'humeur n'est plus vraiment aux rigolades et bavardages. Chacun dans ses pensées baissent la tête.  Le chemin traverse le lac des vaches sur un enchainement de pierres et les croisements avec les marcheurs se font en esquivant les coups d'épaules maladroits pour ne pas finir un pied dans l'eau. Là nous croisons un petit gars tout seul qui semble très préoccupé : « la mer est inondée ! Il faut que chacun prenne une pierre si l'on veut pouvoir continuer à passer !» La mer inondée ??? A 2000 m ?? A 6 ans et déjà très engagé pour une mobilisation collective afin que chacun puisse passer.  Nous arrivons chacun à notre rythme au refuge. Nous prenons place dans celui de 3ème génération surpassant les 2 autres par son confort, sa capacité et la dimension de ses fenêtres. Un jour nous monterons au village de la Vanoise voir l'évolution des refuges à travers les âges.

JOUR 2

Départ pour le Mont Pelve. C'est facile, c'est tout droit. Petit à petit Pierre tire sur la droite pour longer le bord du glacier. Par des creux, des bosses, des arêtes, Pierre nous amène jusqu'à la Pointe du Dard. C'est beaucoup plus long mais tellement plus joli. Pour rejoindre l'arête du Pelve, il faut commencer par descendre au col du Dard. Puis remonter la langue de neige qui mène à l'arête.

Pour beaucoup, c'est le baptême du vide avec pas d'équilibre sans les mains et cheminement sur le fil. Nous ne sommes plus dans l'environnement sécurisé des via-ferrata. Vigilance à chaque pas et maîtrise de la corde tendue. Tout le monde a bien compris l'enjeu en regardant tout en bas les lacs de Chasseforet.

 Après avoir atteint le sommet nous retrouvons la neige après un rappel de 35m.  La petite pente pour retrouver le plat du glacier est à prendre au sérieux. La neige est lourde et malgré les crampons, ça glisse. Quelques glissades surprises, prestement stoppées par le 1er de cordée... et réciproquement. Ce passage aurait été parfait pour une école de neige. Mais on n’est pas d'ici. Le retour reste long.  
En revenant par l'autre côté du glacier, tout le glacier de la Vanoise semble notre jardin. Cet immense espace est à nous. Ça nous donne une énergie folle. Nous ne progressons plus à corde tendue mais en « chiens de traineaux ». Le refuge semble tout petit mais en un rien de temps nous y sommes. Petit goûter et sieste bien méritée sur la terrasse. 11 h de course tout de même !

JOUR 3

Le rythme est pris. Chacun sait ce qu'il a à prendre. Sans se presser ni perdre du temps nous partons au petit matin pour le col de l'Aiguille des Glières.

Pour y parvenir, nous remontons la moraine du glacier de la Grande Casse pour atteindre une langue de neige traversant le versant pour rejoindre le col des schistes. La traversée s’effectue sans soucis et nous ôtons les crampons pour s’attaquer au rocher. Nous nous lançons alors dans l’escalade du pilier qui va nous mener directement au col.  L’escalade est plaisante et le rocher est très beau. Nous progressons tranquillement en corde tendue. La vue est superbe !

Au fur et à mesure que l’on s’élève, on aperçoit la totalité des glaciers de la Vanoise. On voit alors l’itinéraire de la veille dans son intégralité. L’escalade est ludique, tout le monde apprécie.

Enfin, nous arrivons au col après avoir rechaussé les crampons sur une cinquantaine de mètres. Pique-nique ! Miam ! L’endroit est superbe, la météo parfaite : tout pour apprécier ce moment de détente.  Le ventre plein nous reprenons notre périple en attaquant la descente vers le refuge. Celle ci débute par la descente du Glacier Sud de la Glière puis de dalles polies par l’érosion du glacier qui fut autrefois bien plus imposant. Les difficultés terminées nous nous arrêtons au pied d’un gros rocher afin de nous déséquiper. On en profite pour faire une belle group picture.  En poursuivant notre avancée, nous apercevons un chamois, puis deux ! ah non trois ! Quatre ! Cinq ! Oh et puis là un bouquetin magnifique, énorme avec d’immenses cornes ! Oh mon dieu mais il y en a d’autres ! Six ? Sept ? J’avoue ne plus savoir… Mais ce fût un superbe spectacle ; surtout lorsque deux jeunes chamois, jouant, se mirent à courir et à traverser la petite combe où nous marchions pour remonter le versant opposé à toute allure. Ils ont la patate ces chamois !!

 Ce beau spectacle terminé, nous prenons un petit sentier. puis un névé peu raide qui mène directement au pied de la moraine.  Pierre suivi d’Eliott se lance dans la descente. Eric et le groupe les suivent. C’est alors qu’Eric glisse malencontreusement en embarquant sur la gauche… et c’est l’accident. C'est aussi ça l'aventure en montagne, toujours rester vigilant, adopter les meilleures pratiques de sécurité pour toujours réduire les risques. Aidé du groupe, Pierre s’occupe des premiers soins pour Eric : il n’a rien de cassé mais de belles contusions au visage. L’hélico arrive quelques minutes plus tard. Les occupants sont contents, ils ont fait un beau vol et les pansements sont déjà faits. Ils nous abordent par un joyeux : « Alors ! La montagne est belle ? ». Une fois les papiers remplis, Eric et la joyeuse équipe du PGHM s’envolent pour Bourg st Maurice.  L’aventure n’est pas finie, bien évidemment, la fin du séjour est annulée, il faut donc rentrer à la maison. Et c’est donc après une remontée expresse au refuge qui se trouvait à trente minutes seulement que l’on rassemble le matos et que l’on entame la descente vers Pralo. Un peu fatigués tout de même, nous rejoignons la voiture. Des messages d’Eric nous parviennent : bonne nouvelle, tout va bien, et même pas besoin de points ! Ouf ! En plus à l’hosto ce soir-là, c’est purée au repas ! De quoi rappeler à Eric le repas de la veille. Enfin, après une bonne pause à la voiture pendant laquelle tout le monde grignote la nourriture prévue pour le lendemain (en mélangeant saucisson et compotes pour certains), après une bonne heure et demie de route, chacun rentre chez soi pour une bonne nuit de repos.  Quelques jours plus tard, Eric organise un petit barbecue au lac st André pour clôturer la saison sur un chaleureux au revoir ! Malheureusement le temps n’est pas de la partie… ALors,...

...On se retrouve à la rentrée pour de nouvelles aventures ! Bonne vacances à tous et bonnes courses en montagne !!