Pas de blues à Tête Pelouse !

Le 01.03.2016, par NicolasS, 9 commentaires


Samedi 27 février 2016.

La deuxième sortie du cycle initiation ski-alpi Zwhenos nous amène à la conquête de Tête Pelouse. Un joli sommet qui culmine à 2537m au-dessus de la Combe du Crêt dans les Aravis, juste après Balme à La Clusaz.

Pour ceux qui connaissent bien, quand on regarde Balme, la première combe à gauche c’est Bella Cha (hors-piste classique accessible depuis le haut de Balme), la suivante c’est celle du Grand Crêt.

En arrivant au parking des Confins, c’est la Chine. J’entends par là que nous ne sommes pas vraiment seuls. Il faut dire que le massif des Aravis est particulièrement fréquenté et qu’en plus la météo sur le reste des Alpes s’annonçait beaucoup plus nuageuse qu’ici. Mais ça ne nous décourage pas !

Un petit contrôle des DVA permet de constater qu’il y en a un qui ne fonctionne pas : le mien ! Plus de batterie ! Heureusement j’ai mon jeu de piles de rechange. Leçon N°1 jeune Padawan : toujours prévoir des piles de rechange ! Bon, en bons encadrants que nous sommes, nous avions de toute manière du rab de DVA. ;-)

Les 11 Padawans se divisent en deux groupes, chacun accompagné de deux Jedis expérimentés. La montée se déroule bien, à un rythme régulier. Finalement le parcours ne sera pas particulièrement fréquenté : les groupes se sont répartis dans les différentes combes et nombreux sont ceux qui ont été attirés par le fameux Trou de la Mouche.

Vers 1900m, un skieur qui redescend fait partir une petite plaque à vent. Méfiance. Un signe annonciateur ? Un peu plus haut, à mi-parcours, nous faisons une petite pause grignotage. Le groupe va bien. Nous repartons et atteignons vaillamment le col sous Tête Pelouse vers 2480m. Le premier groupe de Padawans a déjà gravi l’arête pour atteindre le sommet. C’est Maître Thomas qui a fait la trace : nous n’étions pas les premiers au col, mais nous avons bien été les premiers au sommet ce jour-là. Nous pique-niquons tous ensemble et tandis qu’un premier groupe entame la descente, les autres montent à leur tour jusqu’à Tête Pelouse. De là, la vue est belle sur le Beaufortain - on voit bien les Saisies – et bien sûr le Mont Blanc. On peut aussi voir les skieurs qui grouillent au Trou de la Mouche. L’inversion des rôles est cocasse (pour ceux dont l’imagination peu fertile empêcherait la compréhension de mon observation pleine d’à-propos, je peux organiser une séance d’explication arrosée au Cairn).

Le deuxième groupe entame la descente. Sans être une poudreuse paradisiaque, la qualité de la neige est tout à fait appréciable et nous prenons pour la plupart beaucoup de plaisir à cette descente. Vers 1800m je m’arrête au-dessus d’une pente qui ne me plaît guère. Nous sommes juste au-dessus d’une rupture de pente. Celle-ci n’est pas très raide (mais suffisante pour « partir ») et s’adoucit rapidement un peu plus bas … mais je ne la sens pas. Le vent à beaucoup soufflé comme en témoignent la consistance du manteau neigeux et les reliefs creusés par le vent. On a vu ce matin une plaque partir. Je me retourne et indique au groupe que nous n’allons pas nous engager dans cette pente. Au contraire, nous allons couper à flanc pour revenir dans des pentes plus accueillantes. Je donne pour consigne de mettre des distances et, ayant vérifié qu’il n’y a personne en aval, je pars en traversée. Et là, ça part !

Je regarde immédiatement autour de moi pour mesurer le volume déclenché et m’assurer que c’est parti sous moi et que ça n’a emporté personne en amont. C’est bien le cas, je suis le seul « dedans ». La plaque à vent s’est déclenchée sur environ 50 mètres de large et glisse à relativement faible vitesse. Pour ma part, je me retrouve rapidement assis dans la neige. Je fais attention à garder mes skis dans un axe compatible avec l’articulation de mes genoux. Je reste sur le dessus du manteau neigeux. L’un de mes skis déchausse. La neige commence à ralentir et je me remets debout sur un ski. Tout finit par s‘arrêter.

J’ai glissé d’une cinquantaine de mètres. La partie inférieure de l’avalanche a dû, elle, glisser sur une centaine de mètres. Le reste du groupe me regarde d’en haut.

- « Ça va ? ».

- « Oui, oui nickel ! Aucun dommage.»

Paulin qui est en haut, regarde alentours et s’assure que le groupe peut bien rejoindre les pentes que je visais initialement sans re-déclencher une nouvelle coulée. On convient de se retrouver plus en aval.

Sur la photo ci-dessous, en rouge le volume global de l’avalanche (de la ligne de fracture hachurée au bas de la coulée), en vert ma propre trajectoire. En bleu, notre itinéraire de montée.

Avalanche dans la Combe du Crêt

Une fois regroupés, nous nous livrons à une analyse de l’incident. J’explique dans le détail ce qui s‘est passé et pourquoi c’était assez prévisible. Si la pente avait été plus importante, soutenue sur plusieurs centaines de mètres ou encore si on avait dominé un obstacle dangereux (rocher, barre, forêt) le choix aurait été de remonter plutôt que de tenter la traversée. En tous les cas pour moi c’était une première. Je ne me suis pas franchement senti en danger mais j’ai bien senti combien une fois qu’on est dedans, il n’y a plus grand’ chose à faire. La Force, c’est bien la neige qui l’a avec elle, pas nous, tout Jedis que nous sommes.

Ce qui m’interpelle dans cette épisode c’est l’écart que j’ai ressenti entre le BERA publié par Météo France et la réalité du terrain. A noter d’ailleurs que le BERA n’a été publié que samedi matin et pas vendredi soir. J’avais lu dans le détail celui de mercredi, puis celui de jeudi. Thomas avait vu celui de samedi matin. Le risque indiqué était de 2 et de 3 au-dessus de 2000m (ou 2300m ?). Pour le coup, je pense que c’était largement sous-estimé. Dans notre seule combe, 2 avalanches ont été déclenchées. Dans les combes voisines, d’autres, nombreuses, sont parties. Bref, pour ceux qui en doutaient, la montagne est un milieu à risques qui doit inciter à une vigilance de tous les instants.

La suite de la descente se déroule sans incident aucun. Nous rejoignons le reste de la troupe au parking où nous buvons un coup avant de nous livrer à un exercice … de recherche de victime d’avalanche ! Une révision en mono-victime pour ceux qui se sentent le moins à l’aise avant d’effectuer un exercice de simulation multi-victime avec une équipe de sauveteurs. La pente raide choisie et l’épais manteau neigeux permet à nos jeunes Padawans de réaliser que l’exercice est loin d’être de tout repos !

Le WE prochain, si les conditions sont là, c’est le refuge des Aiguilles d’Arves qui nous attend !

Nikôh


 

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