Un refuge du Cuchet rien qu'à nous !

Le 14.02.2024, par FlorentR

C'est dans le Parc National de la Vanoise que nous avons passé notre premier week-end du cycle intermédiaire ski de rando. Après une soirée de préparation riche en information jeudi soir, les conditions printanières nous ont décidés à prendre un départ (relativement) matinal samedi pour profiter des meilleures conditions de ski. Malgré une mise en route un peu chaotique à Chambéry (heureusement rachetée par des viennoiseries), nous voilà arrivés au parking de Lanslebourg sur les coups de 8h45. A 1400 m sur un versant Sud, pas une trace de neige en vue, c'est donc ski sur le dos et baskets (ou chaussures de ski pour les plus optimistes) aux pieds, que nous nous mettons en route en direction du refuge du Cuchet (2160 m).

La "team basket" montera les 700 m sans même chausser les skis, pendant que la "team ski" optait pour l'option chaussage/déchaussage sur la piste forestière. C'est la team basket qui l'a emporté cette fois, et ils profitaient déjà de la terrasse ensoleillée du refuge pendant que les équipes ski se frayaient encore un chemin entre les sapins et les plaques d'herbe.

Le temps de poser les affaires et de prendre un en-cas, et c'est reparti ski aux pieds pour tout le monde cette fois. On se divise en 3 groupes de 4 et chaque équipe trace sa route en autonomie. L'objectif est simple : monter le plus possible avant que la neige ne devienne de la soupe. On en profite pour faire quelques essais techniques : certains s'essayent aux crampons et d'autres aux couteaux.

Encore un peu de portage sous une chaleur qui n'a rien d'hivernale pour passer un couloir, et on a déjà presque atteint la barrière horaire fixée à 13h30. On remixe les groupes : certains choisissent la pente raide du versant sud alors que les autres vont explorer le versant sud-ouest. Après une courte mais belle descente tout le monde se retrouve au refuge pour une pause pique-nique ensoleillée.

Pas le temps de trop s'attarder, on profite de l'après-midi pour faire un exercice DVA en situation. Nos encadrants préférés préparent le terrain pendant que le reste du groupe se met à la recherche d'eau. Atelier pelletage pour tout le monde donc, mais les ruisseaux ne sont malheureusement pas équipés d'émetteurs et la troupe rentre bredouille.

Il en faut plus pour nous décourager, et pendant qu'un binôme de courageux se met en quête d'un ruisseau repéré en contrebas lors de la montée, d'autres s'attèlent à l'exercice DVA. L'objectif est "simple" : trouver et sonder 2 DVAs enterrés sur une zone de pente de 30 x 30 m dont la neige a été retournée pour simuler une coulée. Le tout en moins de 6 minutes.
Résultat : on a tous des progrès à faire puisque tout le monde, sauf un (bravo Jules !), dépasse le chrono.

Une dernière corvée d'eau pour achever les jambes déjà bien fatiguées et le soleil se couche déjà. C'est donc l'heure de l'apéro, on prépare la course du lendemain avec un verre de bière sans alcool ou de vin (avec alcool, lui). Pas d'autres occupants au refuge, on a de l'espace et du confort avec électricité et gaz pour cuisiner. On reprend des forces avec un repas digne de Top chef à base de polenta et soupe déshydratée, et on a même droit à un gâteau maison et des crêpes pour le dessert ! Petite soirée jeux au coin du poêle puis tout le monde se met au lit.

Réveil à 6h30, petit dej, rangement rapide, et départ skis aux pieds (ou plutôt sur le dos puisque nous partons en crampons) avant 8h comme prévu, et avec un beau lever de soleil pour bien démarrer la journée.

Nous nous divisons à nouveau en trois groupes pour partir à l’assaut du couloir de la veille, sur une neige cette fois-ci bien dure. C'est une première expérience en crampons pour bon nombre d’entre nous.

On chausse les skis, et chaque groupe suit son propre itinéraire en alternant les leads jusqu’au prochain point de décision. Il y a les adeptes du "court et intense", et ceux qui préfèrent "long et tranquille", mais nous arrivons tous à peu près simultanément au Plan des Cavales à 2700 m.

Nous sommes accueillis par un vent à décorner les bouquetins, et après un vote quasi-démocratique, le groupe au complet se met en route vers le sommet du Pic du Grand Vallon. On rentre dans le vif du sujet, avec une pente de 30/35° des conversions, quelques glissades, et une corniche à passer pour rejoindre la crête. Chacun à son rythme sur une neige qui commence déjà à ramollir, nous arrivons en haut. La corniche n'est finalement pas si intimidante vue de près!

Les derniers 50 m se font à pieds, un peu dans la douleur, et nous voilà arrivés à 3136 m. L’effort est largement récompensé par une vue panoramique à couper le souffle et un soleil radieux. Petite pause chronométrée pour reprendre des forces et débattre sur le nom des sommets, puis il est déjà temps de descendre sur une neige de versant sud qui a bien décaillée.

Après une descente tellement bonne qu'on en oublie les cuisses qui chauffent, une partie du groupe a eu son compte et redescend au refuge préparer l’exercice DVA pour ceux qui n’ont pas eu le temps de le faire la veille. Les autres se lancent pour une seconde ascension sur le pic voisin : la pointe Barbara.

Un petit 350 mD+ à monter en 40 minutes pour respecter le timing. Deux abandonnent aux deux tiers de la montée et préfèrent garder des cuisses pour la descente à venir. Pendant qu’ils profitent d’une pause au soleil, les quatre courageux terminent leur montée et profitent à nouveau du panorama à 3160 m.

Il est ensuite temps pour tout le monde de redescendre jusqu’au refuge. Le timing a été bien géré et la neige parfaitement décaillée sur ces versants sud/sud-ouest nous offre une descente qui récompense tous les efforts.

De retour au refuge à 14h, les derniers passent leur exercice DVA tandis que les autres profitent d’un café sur la terrasse. C’est finalement l’heure du débrief du week-end tout en terminant les dernières crêpes rescapées. Bilan des courses : tout le monde a passé un super week-end, plusieurs premières expériences réussies, beaucoup de choses apprises, des limites dépassées, et le tout avec une météo parfaite pour un mois d’avril début février. Finalement, le faible enneigement s’est presque fait oublier.

Rapide nettoyage du refuge et il est temps de redescendre au parking. Un peu de ski sanglier dans les sapins nous permet de descendre 200 m.

Puis c’est la seconde manche du duel Team Basket vs Team Ski. On travaille nos transitions rapides, et cette fois-ci c’est la team ski qui l’emporte de quelques minutes. Après une petite session de Tetris pour caser matériel et humains dans les voitures, il est l’heure de clôturer ce mémorable premier week-end du cycle qui donne déjà envie d’être au suivant.