Trois jours dans le Queyras (en vrai, trois et demi) pour faire parler la poudre !
Le 14.03.2023, par FrancoisT, 4 commentaires
C’est bizarre cet engouement du CAF Chambéry en ce début février 2023 pour les pentes queyrassines. 3 séjours dans la même semaine, avec des camps de base et des géométries différentes, mais un même flair, bien anticipé, de conditions idéales pour le ski de randonnée : pas de pluie en janvier sur le frais manteau neigeux, des retours d’est conséquents cette année, suffisamment de délais entre le dernier retour d’est et les séjours (ce qui réduit le risque d’avalanches), une période de grand beau et de froid, garantissant le maintien d’une neige de qualité … Bravo aux promoteurs de ces séjours pour leur capacité d’anticipation ! Tout était donc réuni pour des séjours réussis.
Pour le séjour programmé et géré par Nicodème, c’est le gîte de l’Ancolie Bleue, à Abriès qui sera notre point de ralliement. Une adresse à retenir : superbe accueil par un couple de vrais montagnards, très bonne cuisine, un dortoir 8 personnes confortables (le gîte dispose aussi de chambres 2 personnes et familiales; il accueille régulièrement des groupes CAF).
la salle à manger de l'Ancolie Bleue
Au programme, en réduisant au maximum les trajets en voiture pour rejoindre les départs de sortie, nous avons visé les versants orientés au nord, avec une neige non transformée, sauf le dernier jour en versant ouest (avec aussi une hausse des températures).
1er jour : en arrivant à 12h00 à Abriès, -12° à la voiture, nous nous dirigeons tout de suite sous le hameau du Roux (chapelle Saint-Barthelemy - 1680m) pour atteindre l’objectif de la demi-journée : l’Eypiol (2550m, environ 850m D+).
Après une montée rondement menée,
nous atteignons le sommet, avec un vent du nord perçant qui nous incite à un rapide dépeautage. Après quelques mètres de neige soufflée, nous trouvons le plaisir d’une poudreuse de rêve et des virages entre les mélèzes, quasiment pas de trace et des pentes très agréables à skier … le Queyras comme on l’aime, quoi. C’est si bon que le groupe se scinde en 2, 1 groupe remontant une partie de la même pente pour profiter du gavage, pendant que le reste du groupe prend le soleil à l’abri du vent dans le beau hameau de Valpréveyre, devant l'imposant Bric Bouchet.
2ème jour : l’objectif est cette fois plus ambitieux, c’est la Maït d’Amunt (2804m, sur la frontière italienne, avec le Viso en toile de fond. La préparation de la course s’est faite collectivement autour d’une cartographie systémique des vigilances (CSV).
Même départ que la veille, température encore plus basse (-14,5°), puis une montée bien abritée dans le vallon d’Urine, jusqu’au col éponyme. On se retrouve alors sur le versant sud de la Maït (à cheval sur la frontière), avec des pentes bien décapées et une neige soufflée par le travail du vent. Certains mettent les couteaux, d’autres font une partie de la montée skis sur le sac, mais tout le monde arrive bien au sommet.
Une partie du groupe au sommet !
Avec le Viso en fond :
De la, une superbe descente en versant nord-ouest, un peu plus tracée que l’Eypiol, mais il reste de la place.
Après la pause casse-croûte sur un replat sous les belles premières pentes descendues (les photos écrasent un peu la pente, c’est bien du 3.1, dans la partie haute), cette fois-ci, nous nous divisons en 3 groupes (eh oui, il y avait 3 encadrant-e-s avec des radios) : le premier remonte 250m de pente vierge vers une épaule entre la Maït et le pic de Malaure, un deuxième groupe vise une trace de montée menant à la pointe Giornivetta, 200m de remontée), et le reste redescend à Valpréveyre.
Les deux groupes se rejoignent à la descente et tout le monde se retrouve à Valpréveyre.
3ème jour : après une préparation la veille avec une nouvelle CSV, on change de vallon, en partant cette fois-ci du village de Ristolas (1650m). Une longue montée sur une piste forestière nous attend dans le vallon de Ségure avant de déboucher au clôt du Poulain, où nos objectifs sont en vue : le Grand Queyras (3114m, en passant par un col au nord-ouest qui permet d’accèder aux couloirs de descente) ou la pointe des Fonzes (3062m) avec un parcours un peu moins exigeant.
Après examen de visu des conditions, nous décidons de faire deux groupes : 2 personnes dont 1 encadrant montent au col du Grand Queyras et font la descente dans un des couloirs nord-est. Montée et descente pas évidentes, la neige étant en partie croûtée ou glacée dans certaines parties du couloir, mais grand plaisir d’avoir fait cette descente pour nos 2 riders.
Le Grand Queyras vu de la pointe des Fonzes
Le couloir de descente
Le deuxième groupe monte à la pointe des Fonzes, dont le sommet a été décapé par le vent. Là, il y a du monde au sommet !
La descente est très bonne (sauf les premiers virages avec une neige soufflée-croûtée).
Nous retrouvons nos 2 acolytes et regardons leurs beaux virages dans le bas du couloir. Tout le monde effectue une agréable fin de descente, avec une piste forestière bien skiante, c’est beaucoup plus rapide qu’à la montée !
4ème et dernier jour : il faut bien se résoudre à terminer le séjour. Rangement rapide des affaires au gîte, avec la possibilité de laisser nos bagages et de les reprendre après notre course de la journée. Au départ du camping d’Aiguilles (1500m), nous avons un objectif plus modeste (le sommet de la Querlaye – 2863m), que nous réduisons en fait au col de la Loze (2593m), après un mauvais choix dans la trace de montée et au vu de la température nettement plus élevée.
La descente ne sera pas la meilleure du séjour, loin de là : pas mal au début, sur une neige décaillée, puis d’un seul coup très lourde (sacrés coups de frein), et nous devons faire une grande longueur en skating sur une piste forestière pour retourner vers le camping, atteint après un dernier petit couloir fait par la plupart en dérapage entre les souches).
Le retour en voitures se fait sans encombre, avec une halte pour acheter des spécialités fromagères du Queyras, puis une bonne pause bière – debriefing à La Grave, dans l’espoir aussi de ne pas avoir trop de monde sur la route des retours de stations (Les 2 Alpes, L’Alpe d’Huez) avant Grenoble. Pari à peu près gagné, mais circulation quand même dense et vitesse moindre qu’à la montée.
Au final, un grand merci à Nicodème pour son choix du séjour, du gîte, des courses et tracés, et pour son encadrement efficace.
Merci aussi à tous les participant-e-s pour avoir constituer un groupe empreint de bonne humeur, de solidarité et d’envie montagnarde.
Merci enfin aux photographes Clément, Henri et Nicodème.
