Apocalypse Jovet

Le 11.10.2016, par SylvainD, 4 commentaires


  

Entre le cycliste chambérien et le « Jovet » (nom que l’on lui susurre uniquement après avoir dévalé ses flancs, à bout de souffle) c’est une relation un poil particulière. Pour certains c’est un souvenir de bras envahis par le lactique après une première descente de montagne. Pour d’autres c’est un pèlerinage obligatoire, un rite de passage sentimental, histoire de se rappeler à ses premiers émois en 26 pouces. C’est surtout souvent son premier sommet, sa première Montagne en vélo (2 558 mètres plus haut St Tropez). C’est cette sensation euphorique de sentir qu’après une longue montée, au-dessus du cintre (et de son compteur pour les afficionados de la data), il ne reste que soi-même, niché dans l’Olympe de la bicyclette. Et cette grimpée 2016, dans une ambiance biblique (car « le sixième jour, il créa le single du Mont de la Guerre.. ») a encore fait chauffer la machine à souvenirs. Bienvenue au Mont Jovet !

Le Jovet dévoile le bas 

 

« le cadre du Spé va à gauche »… « glisse les pignons côté rue »…  « attention la gaine »… Non il ne s’agit pas des consignes du chef de chantier du nouveau programme BBC du coin de la rue, c’est tout simplement 4 bras à la manœuvre pour faire rentrer les vélos dans les véhicules spacieux du jour. Les gestes sont encore embrumés par l’horaire matinal (7h45, à noter qu’à la différence de son cousin l’alpinis rex, le cyclododo est une espèce qui chasse le sommet de jour) et certainement par l’enjeu du jour : gravir le Mont Jovet et enchaîner sur ses descentes alpines.

Le casting de ce dimanche en 9 mêle nouveaux venus au V2M (welcome to the jungle), encadrants confirmés, encadrants à encadrer, enduristes refoulés, grimpeur avide d’exotisme, short flashy, cuissards doublés, pédales plates et multi-tool… une troupe de 11 personnes en route vers le cœur de la Tarentaise, Bozel, aka Courchevel 900.

Nos petites cuisses sont soulagées de voir que la partie de montée sur route est avalée avec l’auto (aïe aïe le bilan carbone), parce que vu le nombre de fois où il faut repasser en première, ça doit piquer en selle.

Une fois sur place, on se recolle au chantier de décyclage des 2 roues des véhicules et à la préparation des monteurs : on surveille sa roue libre, on check les 2 bars de pression, on croque dans une barre, on chausse son tour de cou, on enfile ses sabots SPD, on zippe un coupe-vent, on saute sur ce satané sac de 15 litres pour tout faire rentrer, on ressort tout pour trouver ses clés et fermer le carrosse, on boit un coup, on recroque un bout et …mince, tout le monde est déjà parti.

En cas de visibilité inférieure à 50 m, je dois :

- Rouler à fond : Réponse A

- Mettre mon gilet de haute visibilité pour aguicher les chasseurs : Réponse B

 

Pascal, notre commandant de bord annonce une montée toute douce, une température extérieure de pas beaucoup de degrés et un vélorissage pour environ midi. A l’intérieur du peloton, chaque passager est à son aise : Chloé profite d’une trouée dans les nuage pour apercevoir l’altiport de Courch’ 1000 pieds plus bas, Jacques frissonne devant le film « Miss Specialized et son dérailleur particulier », Sylvain en bon steward propose boissons chaudes et collation (sans surcoût), Simon consulte l’écran de vol (on est au-dessus de l’océan d’alpage).

Le groupe atteint rapidement sa vitesse de croisière grâce à la piste douce qui développe ses lacets au dessus du bois des Perrières. Et nous ne sommes pas les seuls en vol en ce dimanche matin, un trouple de vautours se vole dans les rémiges au-dessus de nos têtes et un gypaète nous toise. Autant dire qu’en cas de vélorissage forcé, la faune locale aura son plat de résistance.

Mouline rouge

 

"Le GPS est formel, nous sommes sur le méridien casse-croûte"

 

"Sortez vos rations...mais qui a piqué mon Bounty?"

 

"Aucune idée".

 

And she ride the single to heaven

 

Nous faisons escale au refuge du Mont-Jovet, jolie réhabilitation entre style « far-west » et chalet tyrolien... nous sommes bien en plein voyage.

Le shériff est en vacances

 

Le personnel de bord distribue couvertures gore-tex, pendant que notre commandant expérimenté (plus 3 millions de tour de chaîne ces 10 dernières années) nous annonce une traversée imminente de turbulences. En effet, la piste fait place à un monotrace qui se redresse franchement, pendant qu’une fine pellicule de givre enrobe le sol. Veuillez redresser vos plaquettes !

 

Promo sur les singles au rayon congélation

 

Les sentiers de la perdition

 

 

 

Le sommet est atteint pour midi, pour un casse-croûte frugal mais avalé rapidement puisque le frigo tourne à plein régime et que nous sommes maintenant dans le même compartiment que les glaçons. Par chance, la couche de nuage se perce pour quelques minutes, jetant le projecteur sur le dôme de Chasseforêt et le Grand Bec, puis le plateau de Naves, le Cheval Noir et Bourg Saint Maurice. Dans un recoin, le paquebot de La Plagne 2000 est bien amarré et l'on distingue Pralo voguant à travers les nuages . Mais c’est surtout la vue plein-est qui nous intéresse/inquiète/panique/excite (ou tout ça à la fois) puisque le single que nous allons tous prendre est assez impressionnant. C’est une sente d’un mètre de large tout au plus, tracé juste sous les crêtes, qui combine, comme tout bon rollercoaster, des passages déversants et des plongeons droit dans la pente. Mais le gérant du manège rassure tout le monde, la structure est certifiée conforme, ce qui n’empêche pas une extrême concentration et de lacher sa pomme d'amour.

Le vélo de pente raide, en pleine zone d'appelation contrôlée

 

La troupe se jette alors sur la crête des Étroits. Les doigts endormis par le froid doivent retrouver le chemin des commandes (les freins c’est comme le whisky, juste un doigt), les genoux en action complètent l’effet du débattement des fourches et les yeux collent au relief. Nous sommes ici dans un bon T3 (attention, rien à voir avec les studios de la Plagne juste en dessous), c’est-à-dire qu’il faut réfléchir chacun de ses passages d’épinglettes, lécher légèrement son frein avant pour gérer la vitesse, jeter son boudin de gomme avec contrôle pour passer une petite marche et toujours anticiper sur l’obstacle suivant. Certains découvrent la montagne après une récente et instructive sortie « maniabilité », et il faut dire que cet environnement est plus joueur que le bois de la Vilette. Sylvain, Pascal, Guilaine, Jacques et Olivier, eux, sont attentifs à la progression de chacun, il faut parer par endroits, encourager, calmer les ardeurs, donner la petite clé pour se positionner, motiver…ça encadre sec. Alors bien sûr tout ne passera pas sur le vélo cette fois, mais l’an prochain, quand le regard saura se focaliser sur la trajectoire, quand ce petit mouvement de trial sera maîtrisé, quand les bras auront imprimé que la fourche est là pour amortir le petit saut et quand le soleil sera en majesté, presque tout passera (au grand dam des vautours qui désespéreront la chute…).

 Vois sur ton chemin

 

 

Comme un bleu

 

"Elle est où cette station Vélib'?"

 

En attendant, les chemins se séparent au Pas des Brebis et 2 nouvelles troupes se forment : les «Roulants Calmos » foncent sur la terre battue des épingles du Jovet, tandis que les «En peine d’Est » rallient le Roc de Becoin.

Le Jovet est une superbe surface de jeu et chacun va s’en donner à cœur joie : coup droit dans les sauts, revers de roue dans les épingles et smash de pneu sur les racines. Seules les marmottes viennent siffler quand nous sortons du court, le stade n’est évidemment pas qu’à nous.

La descente sur La Cour est un vrai classique de montagne que chacun semble avoir apprécié.

Côté Mont de la Guerre, c’est une exploration mais qui vaut franchement le coup. Les épingles s’alignent les unes après les autres, avec un profil assez technique dans le bois. La partie en crête est, elle, assez engagée.

 

Le petit chemin, qui sent la rincette

 

"Pose ton cadre sur mon épaule..."

 

Un truc de flou 

 

Le Mont de la Guerre ...paisible

 

"Apparement, y'a 2 bornes vides place de Melun" 

 

 Orange is the new crash

 

En vert et contre la boue

 

Les roues de la fortune 

 

Le casting du jour, une belle distribution

 

Les 2 équipes se rejoignent au troquet, les visages un chouia marqués par le froid, la fatigue et l’ivresse des cimes.

Merci aux conducteurs pour la logistique voiture et merci aux encadrants de nous emmener, à l’automne, dans de si beaux coins à champignons.

La saison de V2M tire bientôt à sa fin mais avec le Mont Saint Michel en sortie prochaine, le voyage n’est pas encore terminé.

Viva V2M !

 


 

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