Le groupe des 6 en formation "alpinisme vers l'autonomie" du CAF de Chambéry se retrouve pour une nouvelle sortie hivernale, même si le printemps semble avoir cette année pris de l'avance sur le calendrier officiel.

Au programme, nous avons prévu une course d'arête en conditions hivernales, pour améliorer notre vitesse de progression sur ce type de terrain, et une nuit "survie" dans un trou de neige :) pour apprendre à se mettre en sécurité dans des courses plus engagées en cas de mauvais temps.

La douceur annoncée des températures (pas de regel nocturne) rend la nuit sous la neige dangereuse, avec risque d'effondrement inopiné. On joue donc la carte sécurité en emportant des tentes, ce qui n'allège pas les sacs déjà bien chargés avec couchage, popote et 2 jours de nourriture. Heureusement l'approche n'est pas très longue au départ de Corrençon, et nous trouvons bientôt un endroit discret pour nous délester de ce qui ne sera pas utile sur la course d'arête.

Direction la double brèche, point d'attaque des majestueuses arêtes du Gerbier, très grande classique l'été, beaucoup moins parcourue en version hivernale. Le couloir de départ est bien rempli, Lina nous taille un escalier 5* qui permet à l'encadrant qui a oublié son piolet à la maison (bravo !) de monter sans difficulté. Une fois sur l'arête, il n'y a plus qu'à suivre le fil vers le sud, c'est splendide, plutôt aérien, avec des passages aux noms évocateurs, le Peigne, le Rasoir,... La progression crampons aux pieds nous ralentit encore pas mal.

Nous sommes loin d'être seuls sur ce cheminement vertigineux, une harde de bouquetins lézarde au soleil et nous regarde approcher avec curiosité. Comme ils n'ont visiblement pas du tout l'intention de se pousser pour nous laisser passer, et vu l'étroitesse de l'arête, nous choisissons de respecter les autochtones en descendant sur une pente neigeuse pour les contourner. Le point de vue n'en est que plus beau, les paires de cornes se détachent sur le ciel avec Belledonne en fond, sous un ciel radieux.

L'idylle alpinistique se poursuit encore un moment, mais le principe de réalité nous rattrape. Il est déjà 15h30, et nous ne sommes qu'à la moitié de la course. Il faut donc trouver une échappatoire. Le couloir de descente du Gerbier n'est pas loin, ce sera une bonne occasion de maniper pour sécuriser une descente exposée sur neige croûtée piégeuse.

Retour au dépôt des sacs, le soleil se couche, la température dégringole rapidement. Il faut encore monter les tentes, faire de l'eau pour bien se réhydrater après une journée au vent et au soleil, et manger. L'option brossage de dents est vite abandonnée, chacun ayant hâte de se mettre au chaud dans son duvet. Claire dormira même à la belle étoile pour tester son sursac tout neuf. La nuit est douce, bercée des nombreux hululements de chouettes en pleine période nuptiale. C'est d'ailleurs la Nuit de la Chouette (https://nuitdelachouette.lpo.fr/).

La matinée du dimanche sera consacrée à la fabrication d'un abri dans la neige, où, après une bonne heure de pelletage et extraction de la neige à plat ventre, deux d'entre nous arriveront à se glisser dans le logement de fortune.

Encore un super week-end avec une météo quasi insolente ! Prochain épisode début avril, avec des envies de couloir en sud Ecrins. A voir ...

Dans le couloir de départ

A chacun sa technique sur le fil du rasoir

Les autochtones

Certains sont bien plus à l'aise que nous sur ce terrain ...

... quoique !

A table ! Le thé est chaud ! (Encore un encadrant aux petits oignons avec son groupe)

Un campement 5 étoiles

Pas facile de sortir la neige

A deux c'est toujours mieux

Ambiance sarcophage