Camp d'alpinisme au pays du Ruitor
Le 07.07.2020, par PierreN, 3 commentaires
Déconfinement réussi pour l'école d'aventure : 3 jours d'immersion dans les solitudes du vallon de la Sassière, avec un camp de base sous tente et des courses à la journée.
Vendredi brouillardeux, installation du camp dans un chaos à l'écart du refuge du Ruitor, et découverte à tâton des proches environs. Des grondements de tonnerre nous font rebrousser chemin dans les voies de la barre des Colombettes et nous finissons la journée à tester nos grosses chaussures dans les couennes du fond du vallon.
Guillaume, Benoit, Jean, Simon et Jérôme au pied du rappel après 2 longueurs humides dans les Colombettes
Dîner en plein air, 100% "covid free", sur la pelouse au pied d'un bloc de gneiss ciselé de couleurs.
Samedi matin le brouillard s'évapore, dévoilant la beauté du vallon de la Sassière, son hameau de pierres et la vue sur le Mont Pourri, majestueux.
Nous partons grimper l'élégante arête sud est de la pointe des Oeillasses, une belle voie ouverte en 1971, restée terrain d'aventure, affichant du IV+ à l'ancienne.
L'arête sud est se détache sur le ciel, à gauche. Beau morceau de gneiss dur, poli par les glaciers du quaternaire.
Nous progressons en réversible, les jeunes grimpent en tête et posent les protections. Bel exercice.
Guillaume, Jean et Benoit au relais 1
Simon cherche la voie en tête dans L2
Rappel depuis le sommet de la petite Oeillasse. Le Bec de l'Âne est en arrière plan.
La grande Oeillasse est défendue par un belle dalle aérienne, côtée IV+, qui mérite à elle seule le déplacement.
Benoit dans le gratonnage très fin du passage clé
Sortie dans le ciel, en fin d'après midi.
Dimanche, changement radical d'ambiance. Nous partons pour le Bec de l'Âne, par le couloir nord ouest dit "de Pissevielle", une voie de 1911. Un beau couloir de 500 m de dénivellation, de 35° à 45°.
Neige dure, longues fuyantes, vigilance de tous les instants.
Jérôme, Simon et Benoit, encordés au plus court.
Sortie du grand toboggan, sur l'arête vers 3100 m.
Jean et Guillaume mènent le final sur l'arête
Le sommet du Bec de l'Âne, une arête élégante, belvédère magnifique sur les Alpes.
3213 m à l'aplomb de la vallée de la Tarentaise.
Epilogue. Après en avoir fini avec les difficultés, en descendant tranquillement le gros pierrier qui tombe sur le col de la Sassière, une pierre roule sous mon pied, je bascule contre la pente et... pas de bol, une proue de roche s'interpose au niveau de mon thorax. Crraaaaccc aïe aïe aïe ça fait très mal ! On descend tant bien que mal sur un grand replat au pied du col où le PGHM de Modane nous prend en charge. Les cinq valides du groupe gagnent un retour direct au camp par la voie des airs. J'ai la chance d'avoir affaire à une jolie docteur qui m'installe une perfusion de morphine, un électrocardiogramme, un tensiomètre automatique, un analyseur d'hémoglobine. Transporté dans une coque à l'hôpital de Bourg St Maurice, le diagnostic final après radio et échographies n'est "que" de 2 côtes cassées. Moindre mal mais une saison de guide bien compromise.
Ce bémol malencontreux ne ternira pas le plaisir que nous avons eu à nous échapper en montagne durant ce we magnifique.
Bravo aux jeunes pour leur prestation et leur enthousiasme, ça fait plaisir.
Bravo à Jérôme pour avoir assumé le stress d'avoir des jeunes sur sa corde dans des terrains d'aventure.
Merci aux sauveteurs, et à notre République qui met tout en oeuvre pour venir en aide à des types qui trébuchent en haut d'une montagne !
A la prochaine.
Pierre Neyret
