Récit : Julien ERSTER
Photos : ensemble des participants du cycle
Pour notre 3e et dernier week-end de ce cycle « ski glacier » (19-20 et 21 avril), nos attentes sont grandes et notre motivation intacte ! Nous planifions cette fois-ci un raid alléchant de 3 jours au départ d’Arolla (Valais Suisse) et espérons compter sur une meilleure météo que les sessions précédentes.
Malheureusement… C’est un « jamais 2 sans 3 » qui nous attend… La météo très médiocre (neige, vent à 60 km/h et manque de visibilité annoncés) avec progression sur glacier nous impose à revoir sagement nos plans… La veille du départ, nous décidons à 20H30 que ce ne sera plus la Suisse mais la Vanoise plus proche de la maison avec 2 objectifs ambitieux au vue des conditions attendues : le Mont Pourri (3779 m) et le Dôme de la Sache (3588 m) en dormant deux nuits au refuge de Turia.
C’est un plan B mais c’est aussi une nouvelle tentative pour notre groupe puisque nous avions déjà dormi à Turia et approché les glaciers du Dôme de la Sache lors de notre précédent week-end mais sans atteindre le sommet en raison de la météo.
Vendredi 19 avril : départ tardif de Chambéry direction le hameau de la Gurraz en Haute Tarentaise.
Notre objectif du jour est d’atteindre le refuge non gardé de Turia géré par le PN de la Vanoise, après seulement 800 m de dénivelé. Le portage s’impose sur 400 m, nous retrouvons la neige et chaussons les ski à la sortie de la forêt à 2000 m d’altitude.
Surprise au refuge en arrivant ; un groupe du CAF Paris est déjà en place… Ils sont 15, nous sommes 9, la capacité du refuge est de 19… Faites les comptes !
Préparation de notre course de demain (Mont Pourri), dîner et dodo.
La nuit est courte pour certains : dehors c’est la tempête et comme la fois précédente, la fumée commence a refouler dangereusement du poêle, le détecteur de fumée n’a pas encore sonné mais ça ne saurait tarder. Equipé de casseroles remplies de neige, Paulin a ses habitudes, il gère la situation avec brio !
Samedi 20 avril : ce matin, le vent fort et le peu de visibilité n’incite guère à mettre le nez dehors. On sait déjà que notre objectif du Mont Pourri, grosse bavante, n’est pas tenable. Au mieux, nous atteindrons le Col des Roches, à 3435 m.
Bien emmitouflé, nous quittons le refuge vers 7h30 et mettons d’abord le cap sur le Grand Col, avec une visibilité de bout de spatule et une neige à l’horizontale qui fouette le visage. Dire que Paulin nous avait vendu une éclaircie durable pour motiver les troupes !

Au fil de notre progression, c’est toujours très intéressant de pouvoir confronter notre préparation minutieuse de la veille et ce que nous pouvons lire ce matin sur le terrain. Par endroit, les accumulations de neige sont importantes (merci aux traceurs) et c’est sous le couloir final menant au Grand Col (2935 m) que nous décidons de faire demi-tour. Il est sage de savoir renoncer lorsque les signaux sont mauvais et que les spindrifts et volutes de neige ne cessent de voler autour de nous

Sous un soleil réconfortant, après une remontée dans un vallon secondaire menant au col de la Gurraz, nous profitons d’une agréable descente avec une neige poudreuse quoi qu’un peu lourde par endroit jusqu’au refuge de Turia.


Sieste pour certains, jeux de carte pour d’autres avant la préparation de notre course du lendemain et le dîner. Une fois de plus ce soir, nous ne serons pas seul au refuge.

Dimanche 21 avril : départ 6h ce matin alors que les premières lueurs du jour font leur apparition. Ciel dégagé, pas de vent. Nous avons un créneau météo favorable jusqu’à 11h, il s’agit d’être efficace sur les points de décision et ne pas traîner en chemin.
Equipés de nos couteaux, nous remontons le vallon jusque sous l’arête nord-est du Grand Rocher avant de prendre pied sur les glaciers nord et sud de la Gurraz. La trace fraîchement réalisée par un petit groupe devant nous facilite grandement notre progression.
Les crevasses sont bien bouchées, seuls quelques séracs au loin nous rappelle la nature du terrain sur lequel on progresse !

En arrière plan, le Dôme de la Sache qui nous attend.

Avec le ciel qui se charge plus rapidement que prévu et des nuages qui remontent subitement de la vallée, nous prenons la décision de renoncer au sommet. Un choix difficile puisqu’il nous reste seulement 300 m.

En ayant choisi la descente par le Rocher Vieux plutôt qu’un classique aller-retour, nous serons récompensés par une très bonne neige à skier en étant les premiers à tracer ! Une bonne visibilité est indispensable pour cette descente alternative bien skiante mais nécessitant une recherche d’itinéraire fine et des passages plus délicats à négocier.
L’installation d’une petite main courante et quelques courbes plus tard, nous voici aux voitures !


Un cycle « ski glacier » très complet, beaucoup de choses apprises à l’occasion de ces 3 week-ends.
