On enfourne cafistes et matos dans le minibus du club, et c'est parti pour 400 bornes helvétiques jusqu'au col du Grimsel, frontière entre l'Oberland et le Valais. On est ici en Terre Sainte de l'alpinisme, les dieux ont des noms, la Jungfrau, le Mönch, l'Eiger ... Le granit compact qui nous entoure est une pure invitation à la varappe, l'eau y dévale de partout, cascadant d'un barrage à l'autre, le ciel menaçant coiffe les glaciers tout là-haut, l'air est frais, ambiance !

 

 

Depuis l'Oberaarsee où nous laissons le minibus, le glacier s'allonge à perte de vue jusqu'au col minuscule qu'il nous faut atteindre pour accéder au refuge. Au moment de prendre pied sur la glace, on révise l'encordement, la pose de broche, les consignes de progression sur glacier. La mission du CAF n'est-elle pas d'accompagner les pratiquants vers l'autonomie ?

 

En cette fin juillet, le glacier sèche, les ponts de neige ramollissent, certaines crevasses ont déjà la gueule bien béante, heureusement une bonne trace nous guide en évitant tous ces pièges invisibles et glacés. 5h plus tard, notre caravane prend pied sur la terrasse du minuscule refuge de l'Oberaar, où nous accueille Walter, responsable du groupe allemand avec qui nous allons passer ces 4 jours.

 

 

La course que propose Walter est alléchante, une longue remontée de glacier et un retour tout en arêtes neigeuses via 3 sommets à 3500m d'altitude. Le réveil est poussif, il a fallu endurer la promiscuité d'une nuit animée par une batterie de ronfleurs, ce qui livre au petit matin des visages un peu ravagés de fatigue, au regard hagard.

 

 

Dehors, le ciel est chargé, mais la météo (ah, sacrée météo !) est plutôt optimiste jusqu'en début d'après-midi. Nos 5 cordées s'élancent bon pas et remontent le Studergletscher jusqu'au col où nous devons prendre pied sur l'arête. Las, les premières gouttes arrivent, le tonnerre gronde, le vent balaye les crêtes, c'est de toute façon le dernier endroit où on voudrait être quand l'orage sera là. Le conciliabule est de courte durée. Demi-tour et capes de pluie ...

 

Au sec devant un thé réconfortant, Walter nous annonce la décision de leur groupe de mettre un terme au séjour et de rentrer en Allemagne dès le déjeuner avalé. On se regarde tous les 6, un peu pris de court, visiblement personne n'a envie d'une fin aussi rapide. On discute et les visages s'éclairent quand on décide de rester au moins jusqu'au lendemain pour se donner une nouvelle chance, des fois que la météo (#§^*!!! de météo !)

 

 

La pluie tombe drue tout l'après-midi, menaçant de contrarier notre voyage alpinistique. Qu'à cela ne tienne, on part en voyage autour de la table du refuge, de la Patagonie à la Mongolie en passant par la Réunion, chacun livre ses croustillantes anecdotes, on rit, on rit encore, on se découvre, on s'écoute, on se livre ouvert, on se dévoile la face, le groupe prend corps, s'accorde à défaut de s'encorder.

Merci la météo !

 

Purée de pois ... Nos rêves d'éclaircie disparaissent dans l'épaississement du brouillard, pas question de s'aventurer sur les glaciers sans visibilité. La décision de redescendre est vite prise, la déception est largement compensée par les beaux moments partagés dans cette petite cabane accrochée au flanc de l'Oberaarhorn.

 

 

On n'a pas bien eu le temps de faire connaissance avec nos homologues allemands, mais on s'est quand même donné rendez-vous en Vanoise l'été prochain. Des fois que la météo y soit meilleure ;o)

 

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17h Chambéry, on défourne les cafistes un poil fatigués et leur matos encore mouillé. Fred a déjà pris la tangente près de Berne, Jean-Paul va pouvoir guincher une partie de la nuit à Servolex, Philippe retrouvera son fiston, Michel chassera son Etienne, Béa et moi irons peut-être dimancher en montagne.