« Shrac » ou « schraaacc ». Il est 14h22 et Philippe entend le doux bruit de ses carres sur une petite couche de glace. L’expression « ski  toutes neiges » ce dimanche à Arêches faisait particulièrement sens tant les états de neige rencontrés étaient  variables :  de la poudre tassée et humide qui colle les planches aux vaguelettes toutes en carton qui chahutent l’imprudent qui ose glisser dessus, on a quasiment tout eu…et c’était bien !

FREERANDO, à vos souhaits, merci ! La Génèse

Avant de plier les arcosses comme des piquets de slalom et de quasiment laisser ses peaux s’envoler comme ça s’est passé ce dimanche à Arêches, il a fallu préparer un petit peu le terrain.

En juin 2014, Emilien, tout nouvel encadrant ski alpi, à peine sorti du stage final initiateur décroche son téléphone et m’appelle,  la conversation donne à peu près ça (enfin je crois) :

- E : « Sylvain, j’ai passé mon initiateur ski alpi, trop content, je vais descendre la rue de Boigne en klaxonnant »

- S :  Bravo, je passe au club chercher les oriflammes et les cornes de brume, si on coupe le toit du trafic ça nous fait un minibus à impérial,

- E : bonne idée, j’apporte un mégaphone et réserve le champagne en carré VIP de la discothèque. »

Bon en réalité on s’est retrouvé pour fêter ça au chalet des Menuires pour skier. Emilien, aussi initiateur ski alpin, avait envie de mixer les sensations des grandes descentes hors-piste et la douceur de petites montées en peau. Le concept était né (il paraît qu’un certain Laurent H l’avait déjà expérimenté). Il ne restait plus qu’à trouver un nom et un programme et la fête allait commencer. Si mes souvenirs sont bons, la conversation donnait ça (ou presque) :

- « E : Sylvain, j’ai réfléchi au programme. On met les peaux pour monter 50 mètres et ensuite on se fait 600 mètres de D- avec 4 virages.

- S : Génial, t’es sur qu’y a pas un virage de trop ?

- E : ah oui autant pour moi, 3 suffiront ».

Bon en réalité on s’est retrouvé autour de quelques topos pour voir quelles étaient les stations les plus adaptées pour descendre en hors-piste dans plusieurs orientations avec plusieurs types de pente, histoire de s’adapter selon le BRA. Avec les stages et expériences hors-piste de chacun on a identifié 4 stations qui se prêtaient bien à ce programme : Val Thorens, Arêches Beaufort, St Foy Tarentaise et Tignes. Faire un cycle de plusieurs sorties permettaient de varier les plaisirs et de faire progresser les participants, autant dans la descente que dans l’évolutionen montagne. Maintenant que le programme était ficelé, il fallait trouver un nom au cycle. Alors, pour phosphorer, on a eu quelques échanges de mail qui (je crois) ont donné ça :

- S :  «Emilien, j’ai trouvé un nom pour le cycle. Comme on va pas faire beaucoup de virages dans des pentes raides, on pourrait appeler Dré dans l’pentu ?

- E : C’est déjà pris par le slalom annuel de la commission ski alpin, le nom est déposé à l’INPI, j’ai pas envie d’avoir un procès. Par contre, comme on va descendre super vite pour aller au resto à midi, on pourrait appeler ça Speedy con carne !

- S : Super, je viens de regarder sur internet, aucun club n’a utilisé ce nom, on valide, j’imprime les oriflammes et je crée un logo pour la conférence de presse ».

Bon en réalité on a galéré à trouver un nom qui soit pas trop ridicule et assez parlant et comme il paraît que la tendance est à monter moins pour descendre plus, on a repris le doux terme de FREERANDO.

FREERANDO : acte 1

Fin janvier, le groupe est constitué et la neige, portée disparue depuis le début de saison vient de refaire surface. Chacun est prêt, skis prêts à peauter/dépeauter, le lipstick freeride dans la poche accompagné des barres énergétiques chocolat/épeautre/abricot et les bâtons télescopiques parés à télescoper. Cependant, malgré cette préparation optimale, nous devons renoncer : le BRA indique un risque 4 avec de la neige bien soufflée. Nous allons attendre de meilleures conditions pour le hors-piste, la conduite d’un groupe en montagne commence ici !

FREERANDO acte 2 : On s’Arêches

Une semaine plus tard (le lipstcik freeride est toujours dans la poche), nous prenons la route avec la commission alpin en direction d’Arêches. La météo est coquine puisqu’une épaisse couche de nuages bouche le ciel. A ce moment-là, la tête embrumé dans le bus et bien au chaud dans sa polaire , on se prend à rêver d’être resté à la maison, pour roupiller sous la couette jusqu’à ce que…ah…ah ah ah …une petite trouée apparaisse. Et elle annonce du beau, du très beau !

La casting du jour : Aurélie, Claire, Guillaume, OIivier, Hervé, Philipe, co-encadré par Sylvain et co-encadré par Emilien.

Emilien, engoncé dans un complet gore-tex jaune et bleu du plus belle effet annonce les objectifs du jour : le Grand Mont si le vent n’a pas déjà arraché le sommet, puis quelques passages techniques en forêt. Le groupe est plus que motivé, les embouts de chaussures emboitent les fixations et les 16 spatules prennent le télésiège du Grand Mont, puis le télésiège des Bonnets, puis le téléski des Grangettes , puis le téléski du col de la Forclaz. Presque autant de temps dans les transports en commun que pour rallier la porte de Bagnolet à Chappelle un lundi matin.  C’est ça aussi la magie d’Arêches.

Arrivée à destination après ce petit voyage en téléski, nous voyons les crêtes du Grand Mont « fumer ». Après renseignements auprès des pisteurs, le vent souffle fort depuis quelques jours et dans le tous les sens, ce qui confirme le BRA.

Nous décidons d’aller voir de plus prêt. L’itinéraire de montée est assez débonnaire et pourra être notre descente si le sommet semble trop « plaqué ». La petite équipe FreerandoCAFChambéry s’active donc pour se mettre en mode montée. Une petite peau par ici, un grany par là, je mets mon plus beau buff, j’enlève les lunettes, je mets mon masque, je remets mes lunettes parce qu’il fait trop chaud, la pipette à gelé, je fais tomber mes bâtons. Bref, pas aussi rapide que Superman qui s’équipe en deux temps dans une simple cabine téléphonique, mais pas si mal.

Guillaume, Hervé, Aurélie, Philippe, Emilien, Claire, Olivier

La montée au Grand Mont est assez courue ce jour-là. Il faut dire que c’est un grand classique des collectives de club et on fait donc route avec toute cette petite population rieuse et bavarde. Extrait, les noms sont d’emprunts :

- Maurice : « Gisèle dépêche-toi d’enlever tes peaux,

- Le vent : fuifuiffuifuifuichchchchchchchhhhhhhhhhh »

- Gisèle : comment ?,

- Le vent : fuifuifcchhhchhhchhcccchhhhffffUIUIUIUIIIIIIIIIIIIIIFFFFFF »

(re) Faire sa trace

Vous l’aurez compris, le vent assez fort l’emporte sur les discussions mais pas sur l’enthousiasme de notre équipe. Les 300 mètres de (rayez la mention inutile) kite surf – stage météo France – passage du Cap Horn – vol à ski sont vite avalés, malgré les enclumes au pied de certains. Au sommet, la bise est un peu moins forte, ce qui nous permet de faire un petit peu de tourisme vu que c’est les vacances :

• « Sur votre gauche, l’arête du Grand Mont, avec ses quelques centimètres de large, emprunté tous les mois de Mars de chaque année par un espagnol très en jambe avec des milliers de collants-pipettes qui essaient de le suivre »
• « Sous vos pieds, attention è pericoloso spoggiersi, la face ouest du Grand Mont, avec une neige très travaillée, nous ne descendrons pas là »
• « Sur votre droite, le secteur du lac St Guérin , un coin qu’il est très bien pour le ski »
• « Derrière vous, l’itinéraire de montée, par lequel nous allons descendre, veuillez détacher vos peaux et attention au départ ».

C'est vent-tastique ce coin !

Freerando année 2015, promotion "Eole"

A marée haute

Par prudence, nous redescendons par l’itinéraire de montée. Ce que fait aussi l’intégralité de la foule présente sur les lieux à ce moment.

Il est plus de 11h30, après 2h de montée (dont au moins 1h55 de télésiège !), nous amorçons les premiers virages dans le sillage d’un Emilien élégant, maitre es belles courbes. Nous sommes comme à la montée bien chahuté par le vent qui a « shapé » pour nous un petit parcours de slope style tout en oops, quarter, mini pipe et autres obstacles vicieux que n’auraient pas renié les organisateurs des X Games. Certains comme Hervé ou Aurélie se feront gentiment surprendre avec à la clé un petit déchaussage ou un plongeon réussi (si vous êtes encore en train de lire et que vous avez le courage de vous farcir les lignes suivantes vous serez récompensé par un photo de chute).

La descente se poursuit avec une alternance de passages plus ou moins skiables car déjà beaucoup tracés, avec des passages en pleine poudre de pure extase où le temps semble se suspendre (pendant que l’horloge de l’estomac, elle, continue de tourner). Nous croisons les lacs Cornu, Seston et Tournant puis nous remettons les peaux pour rejoindre le sentier d’été. Pendant ce temps, le thermomètre affiche près de 34° en plus (au moins ça !) et nous sentons la différence avec cette petite combe abritée du vent. Au-dessus de nous, on voit quelques plaques partis quelques temps avant, toutes déclenchées par des skieurs. Prudence.

La casse-croûte est le bienvenu ! Mais le temps d’engloutir quelques tranchettes de cochonnaille et de siroter un café (merci Philippe), la purée de pois avait envahi le secteur. Aux oubliettes la pointe Percée et Peuterey, le panorama est indisponible pour le moment et semble t’il pour toute l’après-midi sur la zone. Ça tombe bien, la forêt arrive et avec elle la piste de liaison pour Arêches, où le front du soleil tient toujours.

La descente sur le Planey se veut ludique avec de nombreux ateliers techniques pour cette sortie Freerando qui prend des airs de Grand Parcours :

• Paysagisme : avec pliage d’arcosses du bas vers le haut,
• Sourcisme : Guillaume entendait l’eau, il ‘a trouvé avec son bâton et ses skis,
• Glacisme : à la glace à la glace, dans la pente bien raidasse, il est dur de tenir en place,
• Mariokartisme : nous ne sommes pas les seuls à avoir pris le départ du circuit.

7 nains dans la forêt

Paysagisme

Atelier 1° étoile : dérapage

Nous joignons le Planey, ses troquets, son architecture traditionnelle et ses fameux plats abhorrés par les snowboardeurs.

Pour la seconde partie de l’après-midi, nous enchainons les petits passages techniques en forêt sous le télésiège des Bonnets Rouge, à une bonne cadence.  Heureusement, Emilien a la bonne idée d’abréger la souffrance musculaire de certains par un exercice DVA/sonde en mono victime. Les temps sont bons et les gestes sûrs.

Puis vient la fin de la récré . On replie donc les sondes dans nos cartables, direction le bus, et comme c’est dimanche il n’ y a pas de devoirs.

Pour le prochain épisode, la petite équipe freerando fera une étape pleine de rebondissement à Val Thorens avec ATTENTION SPOILER des lou, une pierre fendu, un geai broulaz et un borgne.

Arvi

Sylvain

 Comme promis, une photo de chute