Trouver son chemin, contempler la montagne, partager une aventure
Le 12.08.2022, par XavierC, 6 commentaires - Sortie liée : « Entre les Aiguilles de Morges et le Vieux Chaillol »
Trouver son chemin, contempler la montagne, partager une aventure
Voilà en résumé ce que les 4 chanceux , Jean-Patrick, Stéphane, Xavier et Romain ont pu vivre durant 4 jours en autonomie totale du côté de la vallée de Champoléon.
Attiré par les lacs de Crupillouse, j’ai cherché sur la carte un itinéraire qui pourrait nous faire vivre un périple de 4 jours dans ce coin sauvage et désert.
Les 4 compères :
1ier jour
Au petit matin du premier jour, Stéphane passe nous prendre à nos adresses respectives à Chambéry et alentours. (Merci Stéphane pour cette attention !). Nous nous entassons dans sa clio , quelques bagages entre les jambes…
Vers 9H30 nous sommes aux Borels, notre lieu de départ à pieds …. Assez chargés ( matos alpi + couchages + bouffe pour 4 jours ) nous commençons par un sentier bien tracé menant au refuge du Tourond. Nous pouvons admirer au loin la cascade de la Pisse qui fait plus de 40m de haut. Au passage nous nous délectons de quelques framboises petites mais gouteuses.
Puis le chemin devient plus ténu et nous amène au Jas des Pierres.
De là nous faisons notre propre trace pour progresser dans des pentes raides jusqu’au point 2256. Nous arrivons sur la grande cuvette de la Muande et rechargeons en eau : il fait chaud ! Nous rejoignons ensuite sur notre droite le sommet du Puy des Pourroys (2784m). Dans la cuvette dont nous venons nous observons désormais un grand troupeau de moutons : les pauvres n’ont pas grand-chose à manger …. Beaucoup de pierre et très peu d’herbe.
Du sommet nous voulons suivre les crêtes du Pré du Bouc. Il nous faut d’abord descendre les crêtes. Apres ¼ d’heure de descente, il faut nous rendre à l’évidence : ça ne passe pas ! Nous remontons donc pour contourner la barre par la gauche vers 2550 et rejoindre un collet à 2555m qui sépare les crêtes du Pré du Bouc en 2.
Nous décidons ensemble de faire cette 2ième partie des crêtes, pas difficile et ludique, pour rejoindre le point 2760m.
De là nous entamons une grande traversée vers le SO dans le but de pouvoir ensuite rejoindre notre lieu de bivouac prévu : le lac des selliers. Mais vers 2700 m nous pouvons observer que le lac est probablement à sec ! Comme nous avons la chance de voir de l’eau couler à 100m de nous et d’observer un lieu de bivouac qui pourrait être bien agréable , nous décidons de nous arrêter pour la nuit au point 2657 qui est de plus tres panoramique.
Sur le soir l’orage menace ….. 2 d’entre nous ont une tente et les 2 autres (dont moi) avons fait le pari qu’il ne pleuvra pas et sommes sans tente. Vers 20H00 il commence à pleuvoir, ….. nous mettons nos affaires à l’abri dans les tentes . Heureusement à 21h30 la pluie s’arrête et la meteo nous dit que c’est fini. Nous pouvons donc tous les 4 faire une bonne nuit ! …..
Puy des Pourroys / Crête du Pré du Bouc
Le Sirac
de G à D : Crête des Moutières , Les Choucières vertes, col des Lauzieres
Sur les crêtes du Pré du Bouc
Le soir au bivouac
2ième jour
Nous nous levons vers 7H et prenons notre temps ….. Départ 08H30 !
Nous montons au col des Moutières (2080m) . De là nous observons si il y a moyen de passer de l’autre côté . Le Glacier du Mourre la Mine est toujours là. Un passage rocheux plat le sépare en deux et nous permettrait de rejoindre la crête entre la Pointe de Moutière et le col de Méande. Mais d’une part ce couloir est exposé aux chutes de pierre et d’autre part pour le rejoindre il faut descendre dans une pente très très raide. Il faudrait sacrifier une sangle et un maillon rapide ( nous n’en avons que 2 et nous sommes au début de notre aventure, ce serait dommage…. ).
Vu du col la descente par la crête nord de la Pointe des Moutières n’est pas envisageable .
Dans un premier temps nous décidons d’aller au sommet du Pic de Mourre la Mine (2955m) qui domine la vallée de Champoléon. La vue sur l’Oisans est magnifique : nous sommes tout près du Sirac . La barre des Ecrins se dresse un peu plus loin avec l’Ailefroide. Je descends un peu côté est du sommet dans une pente bien raide pour observer si il y a un passage permettant de rejoindre les Moutières au nord . Je pense qu’il y a une possibilité mais c’est très très raide !
Nous reprenons le parcours de crête pour rejoindre la Pointe des Moutieres (3052m) . De là nous identifions un cheminement possible sur le côté ouest de l’arête nord de la Pointe des Moutières mais nous ne pouvons pas certifier que ça passera jusqu’au bout. Nous décidons cependant que nous tenterons par là car c’est la meilleure des 3 possibilités.
Avant nous allégeons les sacs et faisons un aller retour à la Tête de Malcros (3086m) . Nous pouvons observer en contrebas le très beau lac de Malcros , tout bleu. Nos déjeunons à la Pointe des Moutières .
Depuis hier midi nous n’avons aperçu personne . Nous entamons la descente. Sur la fin cela se raidit sérieusement ! Nous stoppons . Je vais explorer sur la gauche à une centaine de mètre pour vérifier si il n’ y a pas une rampe permettant de rejoindre le bas de l’arête : rien ! . Je reviens, m’encorde et vais observer si il y a un passage au-delà d’une petite crête sur notre droite …. miracle : une rampe praticable peut nous conduire au bas de la crête ! Je reviens vers mes amis et assure chacun à l’épaule pour rallier la rampe. En suivant la crête nous rejoignons le col des Moutières (2643m) .
Bien agréable de marcher un peu sur de l’herbe après les champs de cailloux !
Nous devons passer par le col du Château pour rejoindre Les Vallons, lieu prévu du bivouac. Nous ne parvenons pas à vraiment l’identifier dans le paysage : il n’ y a pas de col ! Où est ce col ? Jean-Patrick nous emmène vers ce col ? à travers des pentes diverses en évitant au mieux les ravins …. Nous finissons par rejoindre une sente juste au dessus du dernier verrou glaciaire avant les Vallons : nous sommes au col du Château ! EH oui nous sommes sur les remparts du glacier Château . La sente nous facilite le passage du mur.
Sur le reste du chemin menant aux Vallons nous faisons le plein d’eau et picorons quelques myrtilles. Au bout des Vallons nous posons notre bivouac sur de la belle herbe au pied de gros blocs .
Durant la journée nous avons pu observer le passage du col des Lauzières : de face il apparait vertical mais sa verticalité s’est un peu amoindri en se rapprochant et je pense que c’est faisable. Petite incertitude : est ce que ça passe de l’autre côté ? Apres avoir longuement étudié la carte je pense que oui : au pire on sacrifiera une sangle et un maillon rapide. Nous discutons tous ensemble et finalement nous prenons la décision de ne pas passer par le col et de rejoindre les lacs de Crupillouse par le sentier ( descente dans la vallée de 700m et remontée aux lacs (1400m) . Trop d’incertitude ; une journée pas trop fatigante pour préserver le 4ième jour et son programme magnifique. Cette nuit, pas de risque de pluie.
Depuis le pic du Mourre la Mine l'éventuel passage pour rejoindre le bivouac du 2ième jour ....
Le lac de Malcros depuis la Tête de Malcros
Le feu lac de Sellières
La Pointe des Moutières
Au centre le col des Moutières et le glacier des Moutières . Sur la droite la pointe des Moutières et l'emplacement de la rampe finale permettant de rejoindre le bas de la crête
On vient de tout la haut et on est content d'avoir pu passer pour aller rejoindre le 2ième bivouac
Descente vers le col du Château
Le col du Chateau
Au fond, Les vallons, notre lieu de bivouac
3ième jour
Debout vers 7h30 nous partons vers 9H : direction Les Baumes. Arrivé aux Baumes nous nous allégeons de nos poubelles puis reprenons le sentier qui va nous mener aux lacs de Crupillouse. Sur la carte ça parait raidard ! En fait c’est un sentier magnifique et très bien tracé. La vue est splendide . Arrivé à la moitié de la montée on passe des ruisseaux et on peut donc recharger en eau fraiche !
Nous piqueniquons 400 m sous le lac sur un petit plateau herbeux face à la vallée de Champoleon . Puis nous faisons une bonne sieste : c’est notre journée de « repos », il faut savoir profiter !
Puis vers 15H nous nous remettons en route pour rejoindre les lacs. A l’arrivée c’est grandiose et splendide. Une ancienne bergerie sans toit et avec des murs en ruine nous attend avec ses 4 pièces ! le luxe pour être à l’abri du vent !
Nous rejoignons un bout du lac où il y a peu de vent et Jean-Patrick et Romain se baignent dans une eau autour de 16/17 °C . Je me contente de metrre les pieds dans l’eau et d’observer les vairons qui viennent grignoter mes peaux mortes : j’en recenserai au moins 60 !
Le soir approche et le bleu du ciel l’emporte sur les nuages . Je me couche tranquille mais vers 23H je suis réveillé par quelques gouttes ; pas d’étoile ; aie aie aie , si il se met à vraiment pleuvoir je vais être mal ! Je mets mes affaires à l’abri et essaye de protéger mon sac de couchage au mieux …. La pluie s’arrête . Vers 2H du matin je me réveille à nouveau : la pluie est revenue ….. mais je garde espoir : le ciel est en grande partie étoilé et les nuages semblent s’éloigner . Apres 20 min les gouttes s’arrêtent ! ouf !
Descente dans la vallée : on retrouve de la verdure !
Le hameau "les Baumes"
La montée vers les lacs de Crupillouse
Pique-nique puis sieste pour ce jour de semi repos
Le lac inférieur de Crupillouse et les 2 sommets que nous ferons le 4ième jour
Baignade et petits poissons
Vue vers la vallée de Champoléon depuis la bergerie en ruine qui nous servira de lieu de bivouac
Lumières du soir sur la montagne de Cedera
4ième jour
Debout 5H45 car le programme est chargé et il faut rentrer à Chambéry en fin de journée ! 6H45 Nous cachons une partie de nos affaires et nous dirigeons vers la crête sud de l’aiguille des Péous.
Arrivés à la crête nous formons 2 cordées de 2. Nous cheminerons ainsi sur les crêtes de l’aiguille des Péoux et de l’aiguille du Veyre jusqu’au col du Veyre. L’escalade est ludique. La vue extraordinaire , à la fois sur les lacs et les sommets de l’Oisans . On est dans de l’alpinisme facile. Mais attention : pas une pierre ne tient en place et certains gros rochers s'éparpillent si on cogne dessus. Beaucoup de II , un peu de III et un pas de IV
Arrivé au col du Veyre plusieurs possibilités s’offrent à nous : poursuivre le programme prévu en allant à l’aiguille fourchue ou au col de Parières / pic de Parières , ou tout simplement penser à redescendre pour ne pas arriver trop tard dans la nuit à Chambéry (et ne pas être pris dans les orages annoncés) . Nous décidons raisonnablement de prendre notre temps en déjeunant pres du lac supérieur. Puis nous récupérons nos affaires et redescendons dans la vallée.
Stéphane, gentiment , part un peu en avant des autres pour faire 2 km de plus et aller chercher la voiture ! Nous nous arrêtons boire un pot dans une boulangerie/ bar un peu après Pont du Fossé . Bien sympa . Un seul regret : l’énorme miche de pain de 80 cm de haut et 40cm de large, aperçue 4 jours auparavant, n’ a pas été remplacée et Jean-Patrick qui en rêvait ne pourra pas l’acquérir !
Couleurs du matin sur l'aiguille des Espères
A droite le pic de Parieres et son col : finalement nous n'irons pas la bas
Le début des crêtes menant à l'aiguille des Péous est facile
Mais rapidement la difficulté s'accentue ..... cela devient de l'alpinisme facile en terrain piégeux
Mais quelle ambiance et quelle vue !
Arrivée à Chambéry à 19H apres 4 super belles journées de rando alpine dans un massif isolé et quasi désert.
nota : Les photographies ont été prise par l'auteur de l'article
