Etait-ce un WE de bizutage ? Une sorte de rite initiatique pour voir si les nouveaux impétrants supporteraient la lourde charge de participer, voire d’organiser un WE famille ? Ce WE avec la commission Famille fut un condensé d’aventure, riche en émotion …
Tout commence par un départ à 5h45 le Samedi. En guise de météo pré-1er avril, la pluie se transforme en journée ensoleillée, puis voilée, … bien voilée ! Check list de ce que j’ai dans mon sac : sonde, pelle, arva, vivres courses, 3 couches, peaux, couteaux, ski … Punaise ! il me manque mon pantalon de ski. Le ski de rando en caleçon moyen : AR express, 5 minutes de retard. On est encore dans les temps et les participants toujours souriants. Ouf !
On rejoint une autre voiture sur le parking de Bonneval sur Arc. Avant de descendre de voiture : « on ne vous dit rien. Vous allez voir, il y a une personne particulière, mais on vous laisse le plaisir de la découverte. » Elle-même se qualifiera plus tard de râleuse. Tout le monde s’active, brasse les affaires, les chaussures, les skis, les peaux … « Mouai ! C’est quoi ces loueurs de matos ! Pas capables de donner les bonnes peaux ! Une longue, une courte ! Comment je vais faire !!! ». Bon, « on ne va pas se mentir », 2 solutions : soit on coupe les peaux, soit on va relouer du matos ! Bon ben, on coupe les peaux. Couic ! Couic ! « Heu ! Chef, c’est normal qu’il y ait une peau de la même marque, même couleur, esseulée dans le coffre ? » Mince, lors du brassage des affaires, les peaux du chef ont été mélangées. Il vient de tailler allégrement sa propre peau. On pleure de rire sur le parking : la journée est bien partie !
Montée tranquille le long de l’Arc, en passant par le hameau de l’Ecots, puis celui de la Duis.
On entame une belle montée le long du ruisseau de l’échans. C’est jour blanc. L’absence de relief met les sens, les nerfs à rude épreuve… Chacun prend sur soi, serre les dents (malgré « les blagounettes les plus courtes qui sont les meilleures »).
On arrive au lac Blanc, puis au refuge de Carro. Petit havre de paix au milieu du brouillard et du blizzard. Accueil chaleureux, sieste bien méritée pour les uns, bières non moins méritées pour d’autres. On papote des options de course du lendemain autour du bulletin météo et du BERA pas très engageant. Petit apéro au beurre truffé de Savoie (oui Monsieur !) et au blanc de Savoie (woui Madame !), suivie d’une bonne lasagne revigorante et d’un discours d’une voix de Stentor du gardien, ponctué d’une fournée de limoncello pour tout le monde ! « Oh ben je ne peux pas mon verre est plein d’eau » et hop ! le gardien dégaine de sa poche un verre vide « eh eh ! je la connais cette excuse. On ne me la fait pas moi ! ». Après discussion avec les guides du coin, diagnostic de la carte de pente, du bulletin météo et BERA, on décide de la jouer tranquille demain. Petit dej’ à 8h (ce qui fait bien rire le gardien). Sur ce, une nuit réparatrice nous attend…
Un bon risque 3 ++ sur toutes les expo, nous incite à tricoter dans les pentes douces aux alentours du refuge, en direction du col de Gontière ou du col de Carro, puis d’aviser une fois sur place en fonction des conditions météo et neige. Le groupe se met en route dans la montée, sous un soleil de 1er avril (la météo prévoyait pluie ou neige).
L’ambiance de haute montagne est belle. Les angoisses de la veille semblent s’être dissipées en même temps que le brouillard…
A la 1er difficulté identifiée, un point est fait entre participants : pentes fortes, manteau instable sur toutes les expos. Le groupe décide de faire demi-tour pour aller chercher les pentes moins raides de l’autre côté du refuge.
La fatigue, les jambes dures de la veille, plus une neige mi-croutée, mi-dure et re-mi-croutée par derrière laissent peu de chance à la faute de carre. C’est malheureusement ce qui arrive à l’une d’entre nous, qui se retrouve le nez dans la neige. Une mauvaise torsion du genou, « crac » ou plutôt « clac » (d’aucuns disent que la nuance est importante) et c’est la catastrophe. Le retour au refuge sur une jambe est courageux, avec ces longues et éprouvantes traversées sous un coaching impec’ de notre GO. Arrivé tant bien que mal au refuge vers 12H. Le gardien du refuge propose de mettre une poche de glace, d’attendre quelques heures pour voir comment le genou évolue, le temps d’avoir le bilan météo et de voir avec les secours. Notre blessée reste au refuge, ruminant probablement ses écarts de carres et voyant ses beaux projets fuyants à bien des égards : ce n’est pas le panard !
Pour patienter, une petite grimpette pour le reste du groupe en direction du col des Pariotes.
Un magnifique panorama nous y attend, avec vue sur, d’un côté : la Levanna, l’aiguille percée, cime du Carro, et de l’autre côté : col de Trièves, glacier du Mulinet, l’Albaron … On repère les conditions de neige et l’itinéraire pour demain. Cela semble engageant et sécure … Retour rapide au refuge. Le rapatriement en hélico doit se faire illico ! Branlebas de combat. Deux gaillards descendent notre genou fragile sur une chaise à porteur. On entend l’hélico arriver du fond de la vallée, pour se poser devant le refuge. Impressionnant ! Trois grands gaillards de CRS (certain(e)s disent beaux, nous on a rien vu sous leur casque) soutiennent notre blessée jusque dans l’hélico. L’évacuation des manifestants se fait manu-gendarmerie !
Les bras s’agitent de part et d’autre de la vitre. Les yeux sont humides et le cœur serré de voir partir l’une des nôtres ! Rassuré toutefois qu’elle soit prise en charge et entre de bonnes mains (en bas de hanche ou haut de fesse, le débat reste ouvert ?). L’après-midi se termine avec un bon atelier recherche d’Arva et la construction d’un trou à neige (que dis-je, d’un loft à neige !). Retour au refuge pour l’apéro, les sacro-saint diots-polenta, la 2ème fournée du discours du gardien et d’une 2ème tournée de limocello. Certaines retentent le coup du verre plein d’eau : peine perdue ! Pendant que notre blessée broie du noir sur son brancard, on trinque à sa santé. Petites pensées pour elle, en haut de notre refuge …
Le lendemain matin, départ à 8h30 pour une nouvelle petite montée en direction du col des Pariotes, suivie …
… d’une belle descente dans les pentes vallonnées et joueuses du ruisseau du Grand Fond.
Après une longue descente, on retrouve le hameau de la Duis et ses premières pentes bien moins angoissantes lorsqu’on les regarde sous une autre lumière (ou d’un autre œil …). Le style se décontracte …
Voire se néglige …
On arrive sur un long plat qui nous mène jusqu’à l’Ecots.
Picnic sous un soleil de plomb, puis retour sur le long (faux)-plat pour rejoindre le parking, non sans avoir distribuer des œufs de paques aux jeunes photographes ayant immortalisé la photo de groupe (-1 personne à qui on a pensé tout le reste du séjour). A ta santé !!!
On nous avait parlé du (double) coup du ski dévalant la pente, celui des chaussons disparus au petit matin dans un refuge… La commission Famille peut donc rajouter à son actif la découpe de peau, sur le parking. Avec la commission Famille du CAF vous n’êtes pas au bout de vos surprises ! Si en plus vous voulez un baptême d’hélico, de belles randos, de belles rencontres, de bonnes discussions vélo, rando, montagne, accro-branches, et pas que … N’hésitez plus ! Faites-vous bizuter !
Merci Jérôme pour ce bel article
