Week-end final pour mes sûppots

Le 16.04.2018, par BenoitA, 3 commentaires


Week-end final pour mes suppôts.




 

Tout commence par un mail envoyé le lendemain de l’opération du genou du diable.

 

Il a pour but de les faire saliver, sans pour autant leur donner toutes les clés en voici le contenu :

 

Deux jours d'immobilisation, le diable bosse les topos, concerte les astres, fait brûler du soufre, invoque la magie noire.......

 

Je vous propose pour le week-end surprise, qui n'en sera plus un après la lecture de ce mail.

 

Notre aventure commence dans un biscuit de pain d'épice fourré à l'orange 1034 m, de là une montée nous attend, pour trouver à midi une aiguille 3842 m, dans une botte de foin, une descente dans une vallée immaculée de blanc, attention petits poissons de ne pas vous faire croquer au passage par les dents affutées du grand requin, il a la gueule grande ouverte pour vous, une bifurcation vous attend à l'altitude 2150m, pour le glacier du lait chaud, nous irons soulever à 2687m le couvercle pour ne pas qu'il déborde, et y passer une nuit bien douillette avec du chocolat, le lendemain nous irons voir si Isabella est si belle que ça 3761m.





Le week-end dernier nous en parlons, ils sont chauds et ont compris où nous allons.

 

La météo va jouer avec nos nerfs toute la semaine, elle s’annonce bonne en début de semaine et se dégrade rapidement, je repousse me décision à jeudi, ce choix va payer.

 

On s'accroche, on a eu raison, la météo est dès notre. Du coup, on finira bien au bistrot, mais seulement dimanche après-midi pour revivre notre week-end.

 

Notre destination n’est autre que Chamonix, une descente de la vallée blanche sous les aiguilles de l’envers du Plan, son glacier est bien crevassé, sur son promontoire le refuge du Requin veille, gare à toi petit poisson, il peut ne faire qu’une bouché de toi.

 

A la salle à manger, nous prenons un bol de lait chaud pour reprendre des forces, quelques minutes plus tard, nous remontons en partie le glacier de Leschaux en direction des séracs de Taléfre, c’est là que ça devient sérieux 250 m de couloir bien encaissé et raide, une neige décaillée sur fond plus ou moins dur, il n’est que 10h00.

 

 J’estime notre ascension à 30mn, il y a déjà un binôme qui galère, l’un d’eux chausse ses crampons 15mn voir plus, il est en surf et l’adhérence en split n’est pas top.

 

Rebelote au milieu de la pente à 40° sous le refuge, il n’avance plus, il zip à plusieurs reprises, il est bon pour déchausser et mettre ses crampons de nouveau, on passe 20 bonnes minutes à attendre sur le replat, Dieu que c’est long, du coup je fais mettre les crampons pour la traversée, bien ravagée par le gars. La patience du diable est à rude épreuve, l’émissaire du CAF n’est pas là pour temporiser. Mais elle a œuvré dans mon dos en transformant Marie et Manon en saintes ;)


 


A notre arrivée au refuge l’air est doux, nous en profitons pour manger, pendant que mes suppôts mangent, je vais nous signaler au gardien.

 

Dans le hall du refuge, le contraste est saisissant, il fait froid diable, je ne suis pas dans mon élément.

 

Je pousse les portes de l’accueil en espérant un peu de chaleur, l’ambiance dans la pièce principale est glaciale, j’entends une voie qui m’invective :

 

*Ton matos dans les caisses.

 

Il est vrai que j’ai mon baudrier et quelques breloques qui y pendent, dents, yeux, oreilles…. De tous ceux qui n’ont pas voulu signer un pacte avec moi.

 

* Bonjour, on est le groupe Arnault, juste pour te signaler qu’on est là.

 

* Vous n’êtes pas les premiers, ni les derniers que j’attends.

 

Wahou ambiance, je sens que l’on va s’éclater, on a à faire à un ours polaire.

 

Ça va se révéler, il n’allumera le poêle que vers 18h00.

 

Je me tape un petit délire sur sa façon de nous recevoir, mes ouailles rigolent de bon cœur, saintes Marie et Manon me réprimandent, mais elles oublient qui je suis, du coup ça repart de plus belle.

 

Vers 14h00 direction le dortoir pour une petite sieste, c’est une chambre de congélation, la buée qui sort de nos bouches se cristallise en flocon, nous nous retrouvons rapidement avec 25 cm de puff au sol.

 

Je propose d’allumer un feu au milieu du dortoir et sort mon briquet, sœur Marie vient se réchauffer les mains, sœur Manon me fait les gros yeux.

 

*Le gardien va finir par t’entendre, ça va empirer la situation.

 

*Elle est bien bonne celle-là, ne t’inquiète pas je vais lui laisser un petit mot dans le livre d’or, avec une formule à moi, son refuge va sentir le soufre et les flammes de l’enfer. Au moins les prochains alpinistes auront chaud.

 

Au réveil mes ouailles ont les pieds gelés, des têtes de déterrés, nous descendons à la salle commune, une dizaine de personnes sont là emmitouflées dans leurs doudounes, bonnets vissés jusqu’aux oreilles, cols relevés, il fait vraiment froid, mes ouailles me regardent, je sors un sachet de chocolat les sourires illuminent leurs visages, le gardien n’en aura pas, un ours blanc ne mange pas de chocolat, il risquerait de tâcher sa fourrure et en plus c’est toxique pour les bêtes.

 

Nous jouons au yam en mangeant des biscuits apéros en sirotant une bière.
L’heure du repas arrive, saturés de biscuits nous ne mangeons guère, nos comparses de table insistent pour que l’on mange, il trouve Baptiste trop maigre

 

Les discussions s’engagent sur le programme du lendemain, il se révèle que nous allons être une vingtaine pour la pointe Isabella, ça fait du monde et complique les 350 derniers mètres.

 

Je pense dans mon coin à la course du lendemain, Marie va le remarquer :

 

*Ça va Ben ? Tu as l’air ailleurs !

 

*Ça va, je pense à demain et au nombre que l’on va être sur l’arête, franchement ça fait beaucoup.

 

On va ressortir les cartes pour un plan B, je lis dans les yeux de la déception, tout ce qu’il reste sont des couloirs, dans les courtes, il y a le col des courtes, je le garde en option, regarderait demain les conditions d’ascension, c’est pentu et plein Ouest ça veut dire croute infâme, pas top en terme de descente.

 

Dans la discussion, Marie me dit qu’elle n’est pas en forme, elle a entamé ses réserves, elle me demande de rester au refuge ou plus tôt dans la glacière, je lui dis que je ne peux pas faire ça, elle trouvera le temps long, au bout d’un moment, elle bougera, ira faire un tour loin de frigo qui nous sert de refuge, chose que l’on ne peut pas se permettre en alpinisme. Si un problème lui arrive je ne pourrais pas intervenir.

 

Du coup, elle va venir avec nous.



Je sais que ça va être dur pour elle, que son physique va faire défaut, au-delà des 3000 m l’oxygène est moins disponible, ce qui a pour effet, de trouver tout très long et l’effort plus dur.

 

Le matin petit déjeuner 5h30, nous n’allumons les lumières qu’une fois que tout le monde est dans la salle commune, encore une bizarrerie de ce refuge, le petit déjeuner avalé et nos sacs faits, nous voilà sur les skis direction Isabella.

 

Nos comparses de table attendent que quelqu’un trace pour eux, ils s’adressent au guide qui répond :

 

*Je ne suis pas pressé, passez devant!

 

C’est l’impression qu’ils m’ont donné lors du repas et pas forcément envie de les avoir à mes basques.

 

*Vous allez où, par où tu passes, et l’arête elle est comment, la crevasse du milieu tu sais comment elle est……. (Bien trop de questions à mon goût.)

 

Pour être tranquille, nous allons laisser filer le gros de la troupe, sur la première partie la trace est identique pour tous, un long faux plat, puis une pente qui se redresse où les couteaux sont de rigueur, de nouveau un replat et la partie crevassée, on s’encorde.

 

Devant, nous une équipe attaque l’arête, ça brasse profond, ils ont l’air de bien en baver, Manon râle ce n’est pas facile de progresser encordé, pourtant je couche la trace où les autres sont montés, droit dans le pentu, Marie n’est pas au mieux, bien que soutenu par son prince J.J, quand à Baptiste qui ferme la cordée, il va bien.

 

A 3200 mètre, j’observe tout le monde et regarde ma montre 9h28, ça va être juste je me suis fixé une heure butoir 10h30 au sommet par rapport au BERA, sachant qu’il reste 450 m d’ascension dont 350 d’arête à plus de 40°, que l’on va passer après les autres qui auront bien brassés, autant dire que l'on va s’enfoncer puissance 10.

 

Le BERA annonce une humidification maximum des pentes au soleil, en plein sous les seracs de Taléfre, passage obligatoire, pour rejoindre le glacier de Leschaux et la mer de glace.

 

Nous allons monter jusqu’au départ de l’arête à l’altitude de 3405m, nous croiserons trois anciens qui font demi-tour, ça leur semble trop plaqué, ils étaient les premiers sur l’arête, vu la galère des autres pas de regret. On se salue, leur souhaite une bonne descente.

 



10h30 nous basculons en mode descente, plaisir de la poudre sur le haut un roulé boulet pour l’une des sainte, puis une légère croûte sur fond poudreux, une neige dure où Manon va perdre l’adhérence et va se heurter son ski, bonjour le bleu demain.

 

Dans le couloir de jonction, la neige est décaillée à souhait sauf la partie finale qui est une éponge, confirmation du BERA, on a fait le bon choix.

 

On va pique-niquer sur un ilot rocheux au milieu du glacier de Leschaux, un avion va nous faire un festival d’atterrissage et d’envol. Cherchez bien on le voit dans la photo suivante, où est l'avion?

 

Nous allons skier entre des crevasses pour le plus grand plaisir de la fine équipe.

 




Pour finir, on ira au bar sur Chamonix, ils en ont pris plein les yeux, le cycle se termine, on va rire et refaire ces deux jours au tour d’une bière. Payer par Baptiste qui nous aura fait le coup samedi, d’arriver en retard. Ce n’est pas grave, on l’aime bien notre Batman.

 

J’ai apprécié chaque moment avec eux, sur l’ensemble de la saison, je les ai vus évoluer, pour deux d’entre eux devenir encadrants, certain gagner en maturité.

 

Cette année, la fine équipe était composée de :

 

Manon, au regard pétillant plein de malice, qui me posera une multitude de questions, qui est devenue encadrante en cours de cycle. Bonne continuation pour tes courses à venir.

 

Marie, personne très douce, sur la réserve, qui aura à chaque fois repoussé ces limites plus hautes et toujours le visage radieux en fin de journée, mille bravos.

 

Eva, la même que Marie, avec un superbe potentiel enfoui sous un manque de confiance, j’ai hâte de la revoir quand elle va exploiter tout ce potentiel. Je crois en toi, lâche la bride.

 

Sylvie, c’est une personne bien affirmée, avec un cœur de maman prête à prendre soin des autres, un gros passif de ski de rando et une technique bien particulière de descente. Dommage que tu te sois blessée avant les 2 derniers week-ends.

 

Jean-Jacques, c’est le beau prince ténébreux de notre Marie, une bonne expérience avec une grosse envie d’apprendre, celui qui va claquer 3,40 minutes pour localiser ces deux victimes lors du passage de l’examen d’initiateur ski de rando, Bravo mon champion !

 

Baptiste, une grosse envie d’apprendre, avide de réponse, une bonne analyse, une façon propre à lui de descendre bien en arrière, il en sera de nombreuses tournées générales dues à des réveils tardifs. Toujours avec le sourire aux lèvres, continue comme ça.

 

Mathieu, notre compétiteur né, un gouffre à chocolat, c’est le lait sur le feu, avec l’avantage qu’il va écouter, apprendre, se poser et gagner en maturité. C’est sans doute le virage le plus dur à faire, félicitation.


Je vous garde dans ma liste de contact, promis dès que je sors je vous envoie un sms, n’hésitez pas à faire de même.

Il y a aussi Nadine qui aura encadré avec moi, facteur déclenchant de tous ces comptes rendus endiablés, émissaire du CAF pour nous faire rentrer dans une pratique respectueuse. J’avoue bien des fois bafouée mais que c’est bon.

Le diable d’encadrant.

 

SKI ALPINISME/SKI DE RANDONNÉE

Une des activités d’hiver du Club Alpin de Chambéry les plus actives.

> cycle initiation organisé en début de saison

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L’équipe d’encadrants vous propose de participer à toutes ces activités dans une ambiance chaleureuse et le respect des règles de sécurités. 

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