Aiguille du (dé)Tour : petits bonheurs d'alpinisme

Le 10.11.2013, par SylvainD, 1 commentaire


L'Aiguille du Tour par le couloir de la table, les belles conditions du mois de juillet, la première pour Florian comme encadrant alpi, la chaude ambiance d'un Chamonix qui grouille de montagnards et un groupe de chambériens tout heureux de ce projet ... bref, cette sortie regorgeait de belles nouvelles... et il y a eu de l'aventure ! 

 

Tout commence à Chambéry ...


Rendez vous sur un parking bien connu des cafistes chambériens. Le soleil cogne comme Nadal sur une innocente balle jaune : fort et pendant des heures !

Chacun fait son arrivée, avec un sac rangé au poil, et pas même un bout de sangle qui dépasse; fruit d'heures et d'heures d'agencement : les gants plutôt dans le coin gauche, le baudrier au bord de l'ouverture prêt à être dégainé, on force un peu pour faire rentrer 2, 3 friandises qui feront du bien là haut... C'est donc le bon moment pour Florian de nous faire tout déballer pour éviter tout oubli.  Chaque sac si bien rangé s'ouvre donc comme une boite de farce & attrapes : une polaire fuse par ci, un friend saute par là... 

Après vérification, il semble que tout est là. Et pour féliciter chaque participant de sa bonne organisation, Florian nous distribue les vivres de courses. Les plus chanceux (cela reste à voir, n'est ce pas les gars ?) héritent d'une simple boîte de sauce bolognaise pendant que d'autres seront lourdement harnachés d'un paquet de pates d'un format gargantuesques (sisi, au moins tout ça!).

Nous montons tous dans la ChristopheMobile et faisons route vers "Cham' ", le soleil continue de taper comme une brute, mais là c'est plutôt comme une masse sur la tête d'un pauvre clou,  c'est à dire un cran au dessus. Toutefois le voyage est agréable : on feuillette des topos de la vallée, Florian et Elie échangent sur les belles courses qu'ils ont fait dans le massif, Emilien révasse face à la cime du Mont Blanc lorsqu'elle se dévoile derrière le Mont d'Arbois et Christophe prend le frais du Val d'Arly par la fenêtre de son auto. 

 

Dans la vallée de Chamonix...


Une fois passé les gorges de la Diosaz et le viaduc, le massif souvre à nos yeux. Sous l'effet du soleil, la meringue des glaciers est plus blanche que jamais et c'est toujours un sacré spectacle que de voir défiler ces monstres de glace et de roche sous nos yeux : Bionnassay et sa crème fouettée toute en supension, la langue des Bossons, la canine bien effilée de l'aiguille du midi, couronnée de sa tour météo; la blancheur de la Verte et bien sur, un poil au loin... l'aiguille du Tour.

Cependant, l'expédition commence vraiment dès l'entrée dans Chamonix. C'est la haute saison et nous ne sommes pas les seuls à vouloir profiter du terrain de jeu. Nous nous faufilons donc entre des cohortes de "autocaravan" bataves, les bus, les motards valaisans pressés de rentrer à la maison, les vélos pliants (encore les bataves!), les piétons armés de poussettes et et les bikers afficionados du "DH", avec leurs byciclettes grosses comme une 125. Même les airs sont occupés, du Brévent à la vallée blanche, c'est une ribambelle de voiles qui naviguent dans le bleu du ciel Chamoniard.

 

A notre Tour...

Nous voici enfin rendus au village du Tour. Là ici l'agitation bat son plein : un traileur emperlé passe à toute vitesse, un cyclotouriste suffoque au guidon de son VTT 18 vitesses d'un autre âge, un petit groupe de colo casse la croûte sur le bitume brulant et la moitié du parking est occupé par les poutrelles, les parpaings et les kilos de laine de roche destiné au refuge Albert 1°, en pleine rénovation. 

Pour notre équipe c'est le temps d'un petit pique nique avant d'entamer la montée vers le refuge... il est 12h et le soleil frappe maintenant comme Charlie Watts sur sa caisse claire : comme un sourd mais heureusement de temps en temps, à côté !

 

A dré pour Albert 1° :

La table, située juste sous le sommet de l'aiguille, nous fait de l'oeil. C'est assez iréel vu de loin, comme si un dolmen avait été monté. C'est donc vers cette curiosité du granit chamoniard que nous faisons route.

Pour l'accès au refuge Albert 1°, les traceurs n'ont pas fait dans la dentelle. C'est une montée directe, un vrai kilomètre vertical avec seul quelques épingles pour la fantaisie. Le reste du temps, le "sentier" suit au plus près les courbes de la pente et la longue moraine qui mène au glacier du Tour. Petit à petit nous arrivons à hauteur de la barrière de séracs, puis nous les dépassons, et nous sommes bien content d'être hors de leur portée depuis le début, tant ces petites tourelles semblent fragiles.

Après un dernier coup de raide dans un gros névé, et quelques croisement plutôt bien négociés avec les groupes de randonneurs, c'est l'arrivée au refuge. Emilien, Elie et Florian, malgré la chaleur, les petits cailloux qui roulent sous les semelles des "grosses" et la déclivité, ont semblé volé. Mais peu importe le rythme, chacun mérite sa bière.

 

Un après midi electrique ...


Nous profitons du temps restant l'après midi pour réviser les manips' de corde sur glacier et voir aussi la pose des friends, coinceurs et sangles, bien utiles pour le couloir du lendemain.

Pendant que nous nous mettons à la recherche de fissures de toutes tailles dans les blocs qui entourent le refuge, les nuages se regroupent et l'on commencent à entendre gronder. Peu importe, nous allons rester dehors puis nous détalerons en 2 minutes pour se mettre à l'abri au refuge.

Florian nous fait travailler la pose des friends, en nous faisant choisir le gabarit selon la fissure, puis la pose des relais, des coinceurs et aussi leur décoinçage ! 

C'est alors qu'en plein exercice de mouflage, l'athmosphère se fait très electrique. Nous nous mettons donc tous à sprinter sur la neige vers le refuge...rejoint en moins de 2 minutes !

 

A night @ Albert 1° :


A notre retour, il est près de 19h, et les estomacs commencent à crier famine. Direction donc la cuisine top luxe du refuge : un espace fonctionnel où l'eau vient même du plafond (la petite goutte gelée dans le cou...) ! Le temps d'engloutir nos pâtes, de siroter une soupe, de jeter un dernier oeil au topo et de papoter avec quelques alpinistes "exotiques" (un guide en recherche d'une cigarette parce qu'arrêter c'est trop dur ou un parisien en congé sabbatique dans le massif), nous nous glissons (plutôt nous nous faxons) dans nos couchages.

Dehors, le temps est plutôt clément et les nuages semblent même se dissiper. Nous commençons donc à nous endormir, en nous laissant bercer par les chuchotements d'un groupe dans le dortoir :

- "Gisèle, c'est toi qui nous réveilles? " , "Gisèle tu dors ?" , "Ououou, Giiiisèèèèle !"

- " Dis donc Bernard, t'as plus souvent l'habitude de dormir tout seul..."

- " Allez on dort, demain on se lève à 5h, c'est tôt" (ignorant que les premiers vont se lever à 2h, puis la seconde vague à 3h !)

Dehors maintenant, c'est le grand spectacle son (bahoum) et surtout lumière avec la kyrielle d'éclairs qui strient le ciel du Tour, et il pleut, il pleut, il pleut.

A 3h, quand le réveil sonne, il pleut toujours. Nous attendons donc que la pluie veuille bien cesser, et à 4h, nous sortons du dortoir (en prenant soin de ne pas faire trop de bruit pour ne pas réveiller Gisèle). 

Au petit déjeuner, les visages sont plutôt joviaux malgré la courte nuite et le temps pas glop au dehors. On commence à tartiner, tremper, siroter, quand on s'aperçoit que l'on a oublié de réveiller Emilien ! Retour donc dans le dortoir pour sortir des bras de morphée notre paresseux à poil court (et ce coup là je crois que ça a reveillé Gisèle...).

 

Tour et (dé)Tour ...


Sortie du refuge; les nuages sont toujours là mais le ciel semble s'éclaircir. Nous allons donc avoir une chance de faire le sommet. La neige est présente en masse en direction du glacier du Tour, nous mettons donc les crampons rapidement avant de nous encorder pour traverser le glacier du Tour qui va nous mener au pied du couloir de la table.

Nous marchons assez rapidement, comme pour prendre de l'avance sur le mauvais temps. On prend la température de l'environnement qui nous entoure : la hauteur de l'aiguille du Tour, le fracas des séracs qui tombent du côté de la Chardonnet, les jeux de lumière qui se font sur les aiguilles rouges avec le lever du soleil.

Arrivés vers le couloir, nous faisons une petite pause. Les nuages ont complètement pris le sommet, et ces derniers ne semblent pas vouloir bouger. Florian nous propose donc d'aller plutôt trainer nos crampons du côté du col, histoire de profiter des lieux.

Nous nous mettons donc en route pour un petit tricotage autour du col du Tour. Une pente raide et quelques blocs de granit plus tard. Nous mettons pied sur le glacier du Trient, en Suisse (et il y a du réseau à 3300 mètres !). Et côté Valais, nous sommes saisis par le vent tout frais qui souffle aussi sur les nombreuse cordées qui évoluent au pied des aiguilles dorées ou de la pointe d'Orny. 

Comme le temps se maintient, Florian nous propose de faire une petite course d'arêtes facile, sur les cailloux qui séparent le col supérieur du Tour, du col du Tour. L'athmosphère y est austère avec le vent, un fin brouillard mais aussi très belle avec les éclaircies et les puits de lumières au dessus de la vallée du Rhône. Tandis que Florian, Christophe et Emilien suivent le fil de la ligne; avec Elie nous faisons quelques pas de bloc très agréables, l'escalade est très facile et nous nous amusons a slalomer entre France et Suisse, au gré de l'orientation des rochers. 

Comme le brouillard commence à s'épaissir, nous redescendons vers le refuge, au milieu des nombreuses cordées qui font de même, laissant derrière nous l'aiguille et son pied de table. Tant pis, ce sera pour une autre fois. Il nous reste maintenant 2000 mètres de dénivelé négatif jusqu'au village du Tour : feu !

 

La descente !


Après une petite pause au refuge, nous profitons des gros névés pour se laisser glisser, courrir, pagayer et descendre de près de 200 mètres en quelques minutes. Et comme toutes bonnes choses ont une fin, nous reprenons la moraine à la fin de la neige. Le soleil est de retour, et il se remet à taper sévère ! Les nuages sont toutefois toujours sur les sommets, et il le resteront toute la journée.

Notre descente est agrémentée par le balet de l'hélico qui apporte les matériaux au refuge. Ses trajectoires de descente sont assez impresionnantes, il plonge littéralement dans la vallée ! Nous avons beau faire un peu de "pouce", nous ne serons jamais pris, et nous devons finir à pied le reste de l'itinéraire.

Epilogue :

Le temps de casser la croute au Tour, de quitter le pantalon "kiputex" dans lequel nous bouillons et de s'offrir une bière, nous sommes déjà sur le départ.... mais nous reviendrons !

 

Un GRAND MERCI à Florian pour l'organisation de la sortie et pour nous avoir transmis son enthousiasme et sa culture de l'alpinisme. C'était une belle première.

Merci à Elie d'avoir pris une seconde cordée (et me permettre de participer à la sortie)


 

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