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Derniers préparatifs …

Vie du Club
Rédigé par JeanpierreV-b37 le 15/09/2025
Modifié par JeanpierreV-b37 le 23/09/2025
Publié par XavierC-6b8 le 23/09/2025
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Le 5 Octobre, l’équipe Cafiste Alpi et Ski du projet NEPAL 2025 rejoindra Kathmandu où débutera la phase népalaise de cette expédition au long cours. Nous serons 11 personnes en partance, du CAF de Chambéry et d’ailleurs qui construisent depuis de longs mois ce voyage.

Le 6 Octobre c’est l’équipe des 8 trekkeurs du CAF de Chambéry qui leur emboîtera le pas, pour y vivre une aventure humaine, la découverte d’autres montagnes, de ses populations et de sa culture, pour expérimenter l’effort en milieu hypoxique et en haute altitude, et tout ce qui fait la réalité himalayenne, à la fois culturelle, technique et physiologique. 

 

Le côté des trekkeurs ...

 

C'est à travers un investissement sur plusieurs mois et d'innombrables échanges que Dominique  & Dominique, Marc, Jean-Pierre, Pierre, Sylvaine, Vincent et Xavier, ont appris à se connaître, le "faire ensemble" guidant notre préparation depuis la mise en route de ce projet. 

A deux semaines du départ nous sommes dans la dernière ligne droite, celle du bouclage des bagages, du conditionnement mental, des dernières sorties en altitude dans nos massifs alpins, de la coordination finale avec l’équipe Alpi et Ski qui nous précédera de quelques jours, nous ouvrant le chemin vers Samdo et le massif du Peri-Himal. Six d’entre nous, dont trois encadrants en Alpi-Facile au CAF de Chambéry, tenterons l'ascension de « l’Hindu-Himal » à 6304 m, sommet côté IV/F+ en cotations Himalaya. Nous prolongerons notre immersion dans le pays en posant nos pas dans une vallée encore peu parcourue dans ses confins, la vallée de la Tsum, qui nous mènera peut-être jusqu’au « Mailatasachin Pass » qui marque la frontière Sino-Népalaise à 5093m. 

Avant de revenir à Katmandu un crochet par Shyamset nous permettra de marquer modestement notre présence auprès des villageois et des enfants népalais. Nous serons pour quelques heures un maillon de la chaîne humanitaire dont le Sherpa Trail de la Thuile est un élément essentiel. Nous nous ferons les porteurs des messages et des actions au nom des 70 bénévoles et 180 participants qui d’années en années ont contribués à reconstruire le village le Shyamset et son école, après le terrible tremblement de terre de 2015. Merci à eux. 

De retour en Savoie nous vous proposerons de partager nos expériences du « faire ensemble » notre vécu des difficultés et des moments de bonheur, les défis que nous aurons eus à relever, les liens humains que nous aurons créés. Ce partage prendra différentes formes allant de soirées rencontres-débats sur ce projet, en passant par le partage d’images et d’émotions qui nous auront marqués. 

Pour l’heure la parole est à Paulo, chef d’expédition bénévole de ce projet Népal 2025, qui nous partage un peu de sa longue expérience dans ce récit riche et passionné ! 

 

Tout se joue dans la durée. Petit à petit, notre vie d’ici laisse la place à la préparation puis est totalement remplacée par l’action en haute altitude. La vie se concentre alors sur la réalisation de nos ascensions en une forme de mise « hors du monde » salutaire. Ensuite, progressivement, la vie normale recommence à faire son apparition. C’est le temps du retour et de la sédimentation des expériences vécues, qui laisseront plus ou moins de traces dans nos vies d’après.

Cette notion de durée est fondamentale pour comprendre l’intérêt et la complexité de vivre cette forme particulière d’alpinisme. Nous partons longtemps, en groupe et en haute altitude.

Cette réalité de la haute altitude, par sa difficulté, sa complexité, donne une dimension unique à ce faire ensemble, ce vivre ensemble, en montagne. 

 

Une expédition au Népal est comme une sortie du CAF Chambéry en alpinisme, par exemple mont Blanc par la voie historique, mais avec une dimension himalayenne. Nous partons de Chambéry à Cluses en jeep puis au Fayet à pieds de village en village. Notre marche d’approche est facilitée par des auberges locales, les lodges et les teashops, et notre matériel est transporté par des mules avec une entreprise de transport locale. Arrivés au Fayet, les choses sérieuses commencent. Nous installerons notre camp de base au pied du glacier des Bossons.

Nous avons dix jours pour atteindre le somment du Mont Blanc, mais sans refuge ni téléphérique.

 

Dans la réalité d’aujourd’hui…

Au Népal, nous partirons de Kathmandu en bus et en jeep pour Dharapani et Tilje, puis à pieds en traversant un col de plus de 5000 m, le Larkye Pass, jusqu’au village de Samdo.

Tout se complique pour rejoindre notre camp de base. Les habitants sont des tibétains en butte à des conflits de voisinage avec les villageois de Sama Gaon, à un jour de marche en aval, qui leur interdisent l’accès au marché lucratif des expéditions du Manaslu où tous les portages jusqu’au camp de base se font (se faisaient) à dos d’homme.

Impossible pour nous d’utiliser nos transporteurs locaux, qui, un peu dépités, déchargeront leurs mules et redescendront chez eux à Tal. Dans la cour du lodge de Kharsang Diki, cela représente une montagne de bagages, plus de deux tonnes d’équipement de camping, d’alpinisme et de nourriture.

À Samdo, cette situation sera intéressante à vivre car ici, tout se décide en assemblée plénière, où tout le village est réuni, à la gompa, pour se répartir équitablement la charge de travail et les gains du transport jusqu’à notre camp de base. Un bel exemple de démocratie directe d’une complexité incroyable car rien n’est certain à l’avance et surtout pas le coût de ce service indispensable pour nous. Ni non plus quel jour sera sous la protection des Dieux pour effectuer ce trajet de deux jours, car c’est le grand Lama qui consultera les astres, les textes sacrés, le vol des corbeaux pour décider le jour du départ. Welcome en culture tibétaine… De notre côté, nous resterons « sagement » à attendre à Samdo en effectuant quelques randonnées d’acclimatation.

En altitude.

OUF, nous voici enfin au camp de base du Panbari. Rien à voir avec les images du camp de base de l’Everest. Ici nous serons certainement la seule expédition sur place et bien sûr, il n’y a pas de ballet incessant d’hélico. Nous sommes un peu au bout du monde. Il n’y aura pas non plus d‘embouteillage sur les cordes fixes, car il n’y a tout simplement pas de corde fixe et nous évoluerons en petites cordées de 2, comme dans les Alpes avec le même souci d’autonomie et d’économie de moyens…

Cette expédition cafiste émanant du CAF de Chambéry, définitivement participative, est donc aux antipodes des idées reçues sur les expés himalayennes et les images véhiculées par les médias. Bien loin de « l’Himalayan Business » si bien décrit par François Carel.

Mais le sommet du mont Blanc, pardon du Panbari à 6930 m, est encore bien loin, avec 3 ou 4 camps d’altitude. Nous connaissons bien l’itinéraire, puisque c’est avec la même agence népalaise, Himalayan Travellers de Bishal Rai que nous avons ouvert cet accès à la montagne qui est devenu, depuis, la voie normale. Du point de vue alpinistique, nous espérons être la deuxième expédition française à réussir le Panbari (après l’équipe de Jean Annequin) peut être (certainement !) la première ascension féminine. Mais nous visons aussi des sommets vierges, le Peri Himal et le Nemjung Pass, encore plus loin.Ce col, qui n’a jamais été atteint, ni traversé, est la porte d’accès à Phu, une vallée himalayenne que nous connaissons bien, avec l’Himlung. C’est une traversée incroyable, inédite, dans le collimateur de quelques passionnés d’Himalaya. Une autre traversée nous intéresse, la Haute Route de Samdo. Jamais réalisée, elle nous permettrait de revenir dans la vallée aux 1800 rivières et à Samdo, par des sommets de traverse et un petit détour en territoire tibétain, plus exactement chinois. Bien sûr, sans passer par la case des geôles de Bejing.

Nous vous raconterons tout cela à notre retour…

Hé oui, il existe encore dans ce monde des espaces inconnus, inexplorés. Des « Blank on the map » ! Cet alpinisme d’exploration est une des motivations historiques de l’alpinisme, il peut encore se vivre aujourd’hui. Et ce regard neuf posé sur des territoires inconnus, « Voir au-delà du col » comme le raconte si bien Bernard Amy, est profondément inspirant.

Une expédition scientifique ?

Avec aussi les premiers résultats d’une étude scientifique menée par l’IFREMMONT, sur la prévention du MAM avec la Magic Map dont nous serons une des équipes test. C’est une action centrée sur la formation des guides népalais, avec une implication des participants/clients dans le déroulement du trek en altitude et un suivi quotidien de l’état de santé médical et psycho-social du groupe. Nous retrouvons ici la CSV et son gribouillon, que certains connaissent et utilisent, adapté aux treks et aux expéditions. L’enjeu est passionnant et concerne tous les trekkeurs en haute altitude, les groupes du CAF, les amateurs comme les groupes d’agences népalaises ou des TO français : comment aider les guides népalais à associer le groupe dans la gestion de leur sécurité, pour diminuer le nombre d’accidents (plus concrètement de morts), lié à un environnement hypoxique.

Ça vaut le coup de s’impliquer dans cette aventure, non ?

Cédits photos / P. Grobel / JP Vernuse / Ifremmont / Pixabay