Dolomiti & canederli

Le 14.09.2017, par SylvainD, 12 commentaires


 

Ces quelques lignes et clichés retracent l’épopée cycliste, linguistique et culinaire de 5 Cafistes chambériens, en sortie autonome dans les pas Dolomitiques de Bonatti…mais avec des pneus. Si vous aimez les primi piatti généreux, la langue de Goethe et le préventif qui fuit sur le calcaire, cette destination sera, peut-être aussi pour vous, le single de votre vie.  Camille, Sylvain C, Olivier, Pascal et Sylvain D, y ont trouvé leur graal, voici leur histoire.

 

Sylvain, Pascal, Olivier, Sylvain, Cima piccola, Cima Grande, Cima Ovest

 

 Camille, Weissbier, Pascal, Weissbier, Sylvain, Weisssbier, Olivier, Weissbier, Sylvain, Weissbier

 

 

 

 

 

Chapitre I : selle de shoot

 

« Les Canederli c’est fini ! ». Ce matin du jeudi 7 Septembre, Olivier est formel, il ne retouchera plus à ces délicieuses petites boulettes salées. Depuis maintenant 3 jours et son premier shoot à la knödel, il tente désespérément de retrouver la sensation de cette première fois au refuge Fronza Coronelle (aka Rosengarten Hutte pour les germanistes). Ce soir-là, le serveur s’était approché de lui, plateau sous le manteau. Olivier n’avait pas l’air si emballé que ça. Des plats de refuges il en avait connu : de la croziflette en Vanoise qui glisse « pesantement » dans l’estomac une fois sous les couvertures, du farcement pruneauté dont on racle la dernière miette sur la porcelaine immaculée d’une assiette des Fizz, d’une tarte à la myrtille coupée au verre… A chaque fois il avait savouré, plané puis géré la descente du produit. Mais cette fois, c’était devenu complètement addictif. Depuis que la semoule avait touché son palais, il n’avait cesse de vouloir revenir à cette sensation moelleuse en bouche. Et dans cette aventure à travers les Dolomites, cette addiction commençait à faire de petits dégâts : des détours incessants à travers les petits villages pour s’approvisionner, ralentissant chaque fois de plus le groupe ; des crises de démence avec pour conséquence de se tromper de direction au départ du refuge chaque matin et même d’aller jeter un petit coup de canif dans les pneumatiques des comparses...après tout une crevaison en tubeless c’est 10 minutes de répit pour s’en jeter un discret dans le cornet.

 

Pascal le regardait d’un œil tendre. Après tout, ces shoots de canederli n’avait fait que du bien au groupe : les franchissements sur les rochers calcaires devenaient fluides, le pédalage sur piste cyclable à travers les mélèzes de Val Gardena avait viré à la démonstration de vitesse et les passages trialisants s’avalaient d’un coup, sans indigestion. Pascal avait déjà bourlingué à travers une foule d’itinérance de ce genre. Il avait vu des gars pourtant costauds virer malade à la première baignade sur le plateau d’Emparis un été de canicule. Mais là, cette fois, avec les canederli, le groupe semblait n’avoir plus aucune limite et repousser la fatigue. Lui-même il le sentait bien, ses jambes avait retrouvé leur lustre des sorties de ski de fond d’antan. A tel point que les randonneurs croisés depuis 3 jours soupçonnaient l’usage d’un moteur dans le cadre.

Ca le faisait rire, lui, Pascal, de voir Olivier se jeter dans le premier single qui passe, la fleur à la fourche. Ca l’amusait de le voir dévaler 100 mètres de monotrace, à l’affût de la moindre épingle lui autorisant un nose-turn*….et de le voir remonter 2 minutes plus tard; la sente n’étant qu’un raccourci pour un toilette en sous-bois. Mais quelle pêche ça lui donnait, et quelle pêche ça leur donnait à tous.

Camille avait, elle aussi, ressenti cet effet canederli. Elle avait appréhendé ces 6 jours qui lui promettaient l’enfer. Elle se voyait déjà ramasser les morceaux de son cadre après un passage en T4* un peu trop teigneux. Elle imaginait sa déception, quand, malgré les entrainements en courses cardiofréquencées autour du Thabor de l’été, elle craquerait complètement, quelques lacets avant ces sommets de col du Giro. Et bien tous ces doutes volaient en éclats. La magie alimentaire opérait à merveille : elle avait même nargué les Sylvain avec des coups de pédales « amstrongesque » après la forêt du Passo Nigra. Le petit débattement de son Spark n’avait même plus de contraintes dans le pierrier chaotique du Falzaergo…ça filait sévère.

Ça filait si vite que Sylvain C n’avait que plus que quelques mètres d’avance dans la descente. Il avait pourtant bûché sur les exercices du stage de Tignes (ah, quel plaisir de sentir son vélo fuser quand on charge l’avant et que l’on frôle un périlleux déséquilibre), enchaîné les rounds et mis KO la Croix de la Coche par 10 fois cette année. Son Yéti semblait vraiment faire corps avec lui et la moindre petite bosse de Vérel s’effaçait sous ses roues, d’un coup de manual*.

Mais en cette matinée fraîche, dans les pins cachant les lointaines Cinque Torri, il sentait un léger coup de moins bien. C’était peut-être ce faux cheese-cake à San Cassiano et cette meringue trop généreuse qui le plombait ? Un sac trop lourd malgré des vêtements troués pour en alléger le poids ? Un mauvais choix de vélo au final ? Il aurait peut-être dû acheter ce SB 6 depuis longtemps, parce que la fourche Lyrik tient quand même mieux l’asphalte que cette bonne vieille Pike. Alors il allait serrait les dents sous son cache cou et il pédalait. Sans se douter qu’un simple rab’ de Canerdeli lui aurait aussi donné des ailes ce jour-là.  

 En apéritif, un blanc casque

 

Le vélo de montagne, ça creuse

 

 

Cinque torri et Sylvain

 

 

En descente : sous le Falzarego

 

 

En montée : saoûle le Falzarego

 

 

Le Tofane

 

 

 Run d'enduro en 100 manches

 

 

Chapitre II : genèse

Octobre 2016. Voilà déjà 2 mois que les cols hauts savoyards ont été roulés (previously, in commission V2M https://www.cafchambery.com/article/la-yaute--1751.html?commission=vtt )  et que l’automne s’installe petit à petit sur la plaine de la Leysse. Pascal garde encore des stigmates d’une sortie quasi-hivernale au Mont Jovet, son bout d’oreille, pourtant protégé par un épais casque d’enduro, est toujours un peu gelé. Alors, sur son trajet du boulot, il se prend à rêver à des destinations exotiques où une tendre poussière viendrait remplacer la morne boue, où le dérailleur arrière ne serait plus entravé par le gel naissant mais complètement libre pour laisser jouer la chaine sur les pignons de sa cassette.

Mais quelle destination choisir alors que l’hiver approche et que bientôt, il irait lui se greffer sur ses planches de skating et que les accros de la pédale comme Sylvain entameraient leur hibernation. Finale Ligure près de San Remo ? Trop couru à cette période. Les Maldives ? Des poissons à profusion mais pas un brin de pente pour drifter*. L’été naissant du côté de Rotorua ? Plus le niveau pour affronter les doubles tables* des Crankworks…  

Et puis, pas le temps de trop y penser puisque ce week-end, c’est une sortie en famille du côté du col du Chat. Exit les bunny up*, c’est à coup de longes et de larges panoramas sur le Bourget qu’il va s’attaquer à la montagne. Et il se dit que c’est quand même sacrément bien fichu ces itinéraire de via ferrata. En quelques grimpées de barreaux, on se prend un zest de sensations de grande voie. Quand on pense que ces fichus câbles dans la montagne ont été pensés pour la guerre de 14 dans les Dolomites…

Tiens donc les Dolomites…l’ami Lionel avait une fois parlé de ce coin : des vallées de mélèzes engoncées entre d’immenses tours calcaires, de pistes escarpées à travers d’anciennes tranchées qui laissent la place à de petits singles teigneux et des refuges bon marché plutôt gourmands.

On ne sait pas si l’histoire est vraiment partie de là, mais Lionel avait déjà bien avancé sur la trace du séjour et pour ça, tout le monde le remerciait déjà.

 

 Dolomie tics

 

 

Chapitre III : soupçons de purge*

Le refuge du Passo Nigra s’agite bruyamment entre les motos allemandes pétaradantes, les cohortes de retraités autrichiens s’apprêtant à passer à table et le vent frigorifique qui venait claquer la toiture. Voilà déjà 7 heures que les organismes étaient éprouvés par l’empilement des 1900 mètres de dénivelé avalés à la pédale depuis Bolzano, point de départ du trip. Après une nuit idyllique dans un appartement de style florentin (un minimum pour mettre les vélos dans de bonnes dispositions) il avait fallu trouver un parking finalement payant sans pouvoir resquiller pour la Kangoo, affronter un premier mur d’asphalte à travers le vignoble, régler une selle trop basse croulant sous le poids du sac, regonflé les amortisseurs, puis les dégonfler au premier passage tassant les vertèbres, calculer le nombre de coups de pédales nécessaires pour rejoindre San Candido 6 jours plus tard, digéré 12 croissants aux amandes/caramel nappés d’un latte macchiato et essuyé ses larmes après l’apparition enchanteresse de la première falaise dolomitique au détour d’une trouée dans la forêt.

 

Tourbière

 

 

 Déjà en terrasse ? 

 

Et alors que tout le monde pense avoir fait le job pour la journée, les yeux de tous font une révolution sous les paupières : le refuge à atteindre est niché… dans la falaise… 500 mètres plus haut.

C’est une panique non feinte qui prend d’assaut le groupe. Le parcours avait été buché au millimètre. Pascal avait fait la promesse d’un parcours sans portage et il fallait conclure cette première journée par 12 longueurs de grimpe dans du 4c ! Alors les stratégies se multiplient pour abréger cette souffrance : se ruer sur le télésiège desservant le refuge (une particularité dolomitique) avant son imminente fermeture ? Il n’accepte pas les compagnons à 2 roues ! Schunter par la piste de ski en portage pour réduire l’effort ? Même un chamois ne tiendrait pas debout ! Passer la nuit dans le refuge tout proche ! Une riche idée si Sylvain D n’avait pas tardé dans les réservations….

Tous les regards se ruent alors vers le malheureux. Olivier, Sylvain C, Camille et Pascal l’auraient volontiers haché menu à coup de dents mono plateau*, accroché avec des rislan à un pylône afin que son foie soit dévoré chaque jour par un chocard et jeté du haut du Rosengarten dans les limbes stratées des Dolomites.

Finalement, après une tentative héroïque de passage sur la selle, l’épreuve de poussage ne fût pas si terrible…   

 

- "Ca grince dans le moyeu arrière"

- "Démonte la roue !"

- "Change les roulements !!"

- "Achète un nouveau vélo !!!"

- "Hé les loulous, on se calme, c'est juste une brindille coincée !"

 

 

 "Hé pssst...t'aurais pas un canederli ?"

 

 

Chapitre IV : le temps presse ?

Olivier se réveille d’une nuit semi-paisible. Après une après-midi de détente dans le vallon du Sassopiatto, une assiette de Strudel dans une main et une carte de kobo dans l’autre, le repas avait été dantesque. Encore une fois, ils faillirent crucifier Sylvain D une fois les menus en vue sur la table. Le bougre n’avait vraisemblablement pas demandé la demi-pension et il fallait s’acquitter d’un supplément pour une lampée de pâtes ? Mais il n’en était rien. Ce soir la famille hôte avait joué une partition parfaite, faisant tinter la batterie de casseroles avec générosité pour offrir la pasta con funghi sublimée par sa sauce, fait résonner les desserts et vibrer les tympans gustatifs de canederli. Alors avec ce concert orgiesque mettant l’estomac au rythme de la double croche, difficile de trouver le sommeil. Surtout quand le voisin de chambrée décide de jouer le rappel en rêvant à haute voix. 

 "Je suis vraiment obligé de remonter sur la selle ?"

 

 

 "Tu peux commander un café noir, et tu débranches après l'oratoire"

 

 

Mais bizarrement Olivier se sentait plutôt serein. Après avoir enfilé son vieux cuissard (celui qui, contrairement à son style de pilotage engagé, ne tient plus la route) il avait regardé une dernière fois l’itinéraire du matin : une séance de poussette en règle avant de dérouler sur le sentier balcon menant au Sassolungo. Une seule petite contrainte venait perturber son esprit : être au col et dépasser les remontées mécaniques avant 9h…

La randonnée se déroule comme prévu dans un superbe cadre sauvage, où les marmottes, à l’odeur des sueurs suaves de canederli trempant les maillots cyclistes, sifflent à tout va. Plus loin, une petite ferme abrite des cochons gros comme des poneys et le restaurateur d’alpage semble s’activer sans donner un coup d’œil aux vélos qui passent devant sa terrasse.

 Dans le rang de l'opposition

 

La randonnée se termine par une légère côte, sur un sentier bordé de bouses fraiches. Il est presque 9 heures et Camille, en tête de cortège, attaque la descente du fabuleux sentier. Le vent pousse légèrement dans le dos, ses crampons mordent la terre finement battue et au loin s’alignent les glaces immaculées de la Marmolada, les falaises du Piz Boé et les tours Sella…

 

Marmolada

 

 

Single sous Rosengarten

 

 

 Val di Fassa

 

A moitié de ce sentier, Camille se met sur le côté pour laisser passer un couple de randonneurs qui la congratule. C’est toujours un plaisir de recevoir des compliments, en allemand, en italien ou en anglais. Parce qu’il est vrai, atteindre de telles altitudes avec un bébé en aluminium de 13 kilos sur le sac ou sous les fesses, ce n’est pas une promenade de santé. Puis dans les minutes qui suivent, de nouveaux randonneurs apparaissent (il est 9h35), poussant comme des champignons, sur le sentier de plus en plus étroit : nos rouleurs ont dépassé les 9h et sont à contre-sens d’un des sentiers les plus fréquenté des Dolomites, accessible en télécabine ! Alors Sylvain C redouble de cordialité pour croiser chacun, alternant les « buongiorno » chaleureux adressés aux plus anciens et les « ciao » francs destinés aux plus jeunes. Les smartphones de randonneurs filment certains passages trialisants d’Olivier, les perspicaces germanistes feignent de reconnaitre dans le VTT de Pascal un moteur (« no E-bike ! ») et les enfants, une nouvelle fois, posent les questions les questions les plus pertinentes : « ma perchè non sono a piedi ? ».

Le train de randonneurs est enfin dépassé, mais le retard est déjà pris. Heureusement, pour arranger le tout, le pneu de Pascal jette du préventif* dans le ciel nuageux du Sassolungo et ne regonflera plus. Il faudra alors remettre une chambre, sous le regard hilare des enfants (di nuovo « ma perchè non sono a piedi ? »).

Une fois gonflé, le pneu maintenant chambré de Pascal fuse vers Corvara in Badia, un des nombreux villages d’Alta Badia. Le groupe a du retard…

 

 Vert bleu terre

 

 

Chapitre V : celui qui savait…

Cette journée du mercredi 6 Septembre se termine par une douce pente en piste cyclable. Les cannes de chacun, déjà bien entamées par 3 jours de vélo et déjà plus de 4 700 mètres de dénivelé se délient gentiment le long de la piste cyclable. Sylvain C déroule son pédalage avec douceur et multiplie les tours de manivelle pour éliminer l’acide lactique. Après les abus de canederli de la veille, il songe à un repas léger, à des tomates fraiches matinées de salade, doucement saucées…et peut-être… un canederli.

Son Yéti franchit le ciment de la terrasse de la pension Scunei, ses inserts SPD* décrochent de ses pédales automatiques dans un clic sourd et heurtent maintenant le sol. Les adducteurs lancent un peu, il faudra bien les étirer ce soir. Les genoux reprennent une position normale et sont un tantinet douloureux. La mousse du cuissard se décolle doucement du postérieur, les quadriceps crient en silence à l’hydratation, le casque s’excave du cuir chevelu et le maillot diffuse un petit fumet d’un gymnase auquel on n’aurait fourni aucune fenêtre…il est temps de se poser. Il retire ses gants et pose la main sur la poignée de la porte… mais l’hôte est déjà présent derrière et se présente à eux.

De stature imposante, il n’aurait pas dépareillé dans l’équipe locale de basket. Ses mains gigantesques pressent les paumes endolories de chacun et son visage dévoile un large sourire. Le site Internet de la pension vantait un accueil familial et ce n’était pas un vain mot. Chacun des besoins de nos 5 comparses éreintés par la chaleur du jour trouvait réponse : un vêtement blanchi par la poussière et hop un bac à linge apparaissait à l’étage, une gorge desséchée et soudain une carafe suivi de 5 verres se glissait sur la table, une envie de canederli et le voici proposant dans sa voix douce et mielleuse un rab’ de ces addictives boulettes, un arrière train douloureux…non, pas jusque-là.

Cette nuit, alors qu’Olivier met en musique ses rêves par une sérénade ronflante, Sylvain C garde un œil craintif sur la porte…il aurait voulu un câlin…

 

 Broadbike moutain 

 

 

Chapitre VI : paie ta bavante

Le refuge Dibona avait, aussi, réservé son lot de petites surprises. Ce n’était pas du tout comme à la maison Savoie ces hébergements de montagne. A chaque fois une route, un télésiège ou un taxi-quad pour en assurer l’accès. Alors forcément, si les clients montent facilement, la bière aussi. Et ce soir, la Weissber était encore de sortie et les petites perles d’eau venaient se déposer délicatement sur la nappe bordeaux, entre les cartes de kobo.

Voilà 3 jours que Pascal avait proposé ce petit jeu à l’équipe, le kobo. D’apparence trop simple, ce jeu rapide se révélait être un excellent exutoire pour passer ses vexations ou son euphorie de la journée…ou le manque de canederli.

D’ailleurs ce soir Olivier comptait bien enfin couper son addiction à ces boulettes. Au-delà des petits courants d’air occasionnés par leur consommation, il sentait bien que sa monture, pourtant un pur-sang enduro*, ne saurait supporter la vigueur toujours décuplée de ses coups de pédales. Du jeu commençait à se faire sentir sur la douille de direction et certains rayons montrait une petite carvure. Alors, quand la serveuse vint à demander le choix de chacun, il s’abstint de demander son graal et porta son choix sur des raviolis aux légumes sur lesquels fondaient des graines de parmesan…après tout, l’étape du vendredi ne faisait que 1700 mètres et ce n’est pas ce petit renard empaillé qui allait l’effrayer pendant son sommeil récupérateur.

Et pourtant le lendemain, manque de canederli ou simple effet placebo, l’allure était moins fringante. Dans la montée en sous-bois du col des Tre Croce, il se sentait un peu moins voler. Il y avait bien Sylvain D qui ralentissait l’allure, dû à un genou douloureux, mais ce n’était pas seulement ça. Le single de folie descendant sur Cortina d’Ampezzo ne lui avait autorisé seulement qu’une vingtaine de nose-turn* et il s’était même laissé aller à une conversion au lieu de son habituel « tout droit » dans la montée au Monte Cristallo.

Lago di Santa Caterina

 

L'ago' de San Camilla

 

Au bout... le rouleau

 

 

 Cortina d'Ampezzo : hôtels et singles 5 étoiles

 

 

 Raide is dead

 

 

Dans l'ombre du Giro 

 

 

 Un fil à la patte (de dérailleur)

 

 

 

Mais ces quelques passages épuisants ne l’avait préparé ni lui, ni les autres, à l’infernale montée routière aux Tre Cime di Lavaredo : une pente en moyenne à 13% épousant le relief ardu, une foule de motos, autocars et voitures dont la passion pour la frôlage de coudes était assumée et un épisode caniculaire cédant sa place à la fameuse « nebbia » faisant se succéder le frimas islandais à la fournaise du Gobi. La montée démarrait mal puisque le genou de Sylvain D avait décidé de finir définitivement le séjour une journée en avance. Alors Olivier et Pascal se relayaient pour le tracter et le degré d’effort à fournir se révélait être proportionnel au poids des canederli, strudël et autres gulash avalés par l’infortuné. Pascal riait jaune à chacun des coups de pédales tendant son cordasson et sa sangle de relais, mais il riait quand même d’utiliser du matériel d’escalade pour une ascension cycliste.   

Les derniers virages furent l’occasion de laisser son esprit s’évader pour ne pas penser à la « pedalata » infernale qui faisait gonfler leurs cuisses : Sylvain C se voyait déjà sirotant ses quotidiens 7 litres d’eau, Sylvain D s’imaginait pouvoir pédaler d’une seule jambe, Olivier nourrissait quand même en secret un dernier canederli et Camille d’enfin accrocher la photo des Tre Cime à la mémoire de son smartphone.

Quelques minutes plus tard, les rictus obtus se relâchèrent, les douches firent jaillirent de l’eau tiède et la Weissber prit sa place entre les cartes de Kobo…l’aventure doucerette des soirées dolomitiques reprirent leurs cours.

Club des cinq

 

Chapitre VII : sans candide eau      

Voici venue la dernière matinée du séjour. Pour Olivier la nuit a été plutôt courte au vu de l’agitation dans les couloirs et de la centaine de pensionnaires. Si tout va bien, à la toute fin de la journée, il pourra se coucher dans son vrai lit à lui, pas celui qui tangue comme une coquille de noix à chaque houle provoquée par le voisin du dessus. Mais il n’aura certainement plus le loisir de se gaver de fromage et de Strudel au petit déjeuner, ni de partager le passage de pommade lunaire * avec ses camarades. Alors il se repasse quelques petits épisodes croustillants de la semaine, à raconter en soirée : cet allemand totalement libéré se lavant nu à côté de lui dans la salle d’eau le premier soir (espérons qu’il n’en fera plus de cauchemar), ces Lamborghini côtoyant son vélo à San Cassiano, ces innombrables retraités qu’il a doublé sur les sentiers en leur volant par-dessus la tête, cette odeur de fioul qui ne quitte plus les vêtements depuis qu’il ont séché contre la chaudière, ces 1000 mètres titanesque des parois des Tofane, la serveuse nourrie aux champis sous des patères en pattes de chevreuil à Dibona, les 50 000 dollars de vélo qui les ont doublé la veille et le rocailleux accent de leurs monteurs américains... et bien sûr les canederli.

 

 

Puis après ce temps de nostalgie et de mélancolie commun à toute fin d’itinérance, vient le temps de l’espoir. Hier, ces fameuses Tre Cime, symbole des Dolomites et théâtre de la légende Bonatti, étaient invisibles à travers le brouillard. Alors peut-être que ce séjour allait se terminer sur un dernier cadeau de la météo et offrir le spectacle de ces immenses piliers rocheux. Il se lève, glisse de son lit superposé, pose un pied sur le sol froid, marche sur une chaussette trainant nonchalamment à terre et pose sa main sur la poignée. La première fenêtre s’ouvre dans un crissement strident et fait s’ouvrir les yeux de Camille, Pascal et des Sylvains, leurs visages pourtant engoncés dans les draps de soie et bonnets. Puis la deuxième fenêtre s’ouvre, laissant entrer une brise étonnement agréable et tranchant avec les effluves du dortoir. Les volets cèdent sous la pression de ses doigts. Dehors, la nature alto-adigienne déchaine son miracle impressionniste avec ces cimes puissantes émergeant d’épais nuages cotonneux, le soleil commence à déchirer la meurtrière ouverte sur la Croda dei Toni.   

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Taxi driver 2

 

La réussite météo aura été complète. Bien que soufflant le très chaud et le très froid, Dame Nature a été clémente, jusque dans les deniers lacets du sentier descendant sur San Candido. Comme un clin d’œil, au détour du refuge Locatelli, dernier belvédère sur les Tre Cime, le brouillard vient couvrir ces majestueuses tours...un clap de fin à ce Dolo-métrage.

Quelques heures plus tard, Olivier s’assoupit dans le silence du train ramenant à Bolzano, un petit sourire en coin…il a gardé un bout de canederli en poche.

 

 

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 Are you single ? 

 

 

 Ka Né Der Lee

 

 

Adjudant Sylvain

 

 

 Sparky, il s'appelle Sparky

 

 

 Je passe toutes épingles avec lui

 

 1,2,3,4,five... Innichen

 

L’auteur tient à remercier tout particulièrement :

-          Camille, Olivier, Pascal et Sylvain : pour le tractage du blessé, pour les coups de pompes et pour les coups de fourchettes.

-          La commission Vélo de Montagne et le CAF de Chambéry : pour donner des ailes et voler vers l’autonomie.

-          Lionel : pour son topo secret en zone interdite…et bien plus encore.

-          Les Canederli : pour le plaisir.

-          Dieudonné Sylvain Guy Tancrède Gratet de Dolomieu dit Déodat Gratet de Dolomieu : pour avoir trouvé un si joli nom à de si jolies montagnes.

-          Les refuges Fronza Coronelle, Micheluzzi, Dibona, Auronzo et la pension Scunei : pour les matelas courbes, rebondissants ou cartonnés, mais surtout pour l’orgie de primi et scondi piatti.

-          Le tubeless* : parce que sinon, tout va trop vite.

-          La prunia… parce que… prunia

-          L’imprécision chronique des cartes Kompass : parce que sinon, tout irait vraiment trop vite.

-          La ville de Bolzano pour son attraction touristique de l’été : « Trouve une place de parking si tu peux ! »

-          Le cyclo français croisé au col de Sella : pour nous prouver qu’à des âges bien plus avancés que celui de Pascal, on peut pédaler fort.

-          La fourrière de Chambéry : parce qu’avec elle, le parking, c’est vraiment facile.

-          La technique d’étirement de l’adducteur : qui permet de se remettre en selle.

-          Les boulangistes et charcutistes locaux : pour la tentation.

-          Le tout venant en 0/40 mm : pour son incroyable confort de roulement sur piste cyclable.

-          Les touristes allemands : pour la berceuse en canon(s)

-          Chipo et chipo : parce que sans eux, se brosser les dents ne serait plus pareil.

-          Le judo : pour apprendre à chuter après un OTB*

-          Les sangles dyneema : parce que même en vélo, ça permet d’assurer un second.

 

 

"Mon secret pour être en pleine forme ?"

 

"Le voici !"

 

J'ai toujours trouvé que Fox c'était trop rigide

 

Rouler léger

 

 

Des gens bons

 

 

"Le confort de ma selle à côté ? ... Y'a pas photo !"

 

 

"Mais qui a mangé le dernier canederli ?"

 

 

Ce mois ci dans PLU Magazine, un dossier spécial sur l'intégration paysagère

 

 

Comme promis, une photo de gamelle

 

 

 

"Comment un vélo fait du stop ?"

"En 26 pouces !"

 

 

Pascal avait promis... peu de portage

 

 

Faire passer la pommade

 

 

"Comment concilier vélo et charcuterie ? Et bien en pédalant, nous Gaumont le Pathé"

 

 

On se les pèle !

 

"Vous connaissez l'histoire de Toto qui passe en carbone ? "

"Ben non, il a perdu combien ?"

"5 000 balles!"

 

 

 Il a réussi à faire son trou 

 

 

Quand le vélo vêle...

 

 

 Employés municipaux ? 

 

 Photo chope 

 

 

Pour les mots accolés d’un astérisque *, la commission vélo de montagne sera ravie de vous offrir les traductions, explications et bien plus au détour d’une sortie… ou d’un canederli !

Une pensée pour Geneviève qui aurait aimé lire nos aventures.

 

Sylvain D


 

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SUITE DE : Cycle Gestuelle

Jeu 21/03 | Escalade

MUR DE BOUTRON 20H00 - 22H

Jeu 21/03 | Escalade

escalade P.Cot 20/22h

Ven 22/03 | Ski de rando/alpinisme

Rocher de Plassa, 2835m| COMPLET

Ven 22/03 | Ski de rando/alpinisme

Cycle Perfectionné "Semaine" du CD73 - Journée 4

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