12 roues dans la Yaute

Le 01.09.2016, par SylvainD, 13 commentaires


Ces quelques lignes décrivent la traversée en Vélo de Montagne (VdM) de 6 courageux Chambériens, en 6 jours, d'Evian à Bourg Saint Maurice sous l'étouffante chaleur d'Août. Toute ressemblance avec des personnes réelles n'est qu'une pure coïncidence. Attention, cet article est truffé de jargon VDMistique (et ça peut être contagieux) !

 

"Le Toro s'est fait éventrer de toutes parts 4 fois la même journée...", "…On a gagné le passeur les 2 mains sur la roche et le cadre sur le dos...", "On a plié le Baron en moins de 3 heures..". Ces phrases sont l'œuvre de Vdmistes, calmement posés dans une rame d'un train de Savoie, le regard hagard après 6 jours d'errance dans la poussière des sentiers. Les doigts toujours tendus d'avoir de trop nombreuses fois pressé la gâchette sous le fort et les roues marqués par les agressions répétés du service de sécurité bovin...le casse a été réussi et nos comparses comptent maintenant leurs souvenirs, riches de milliers d'images flamboyantes, d'odeurs agraires, de portages douloureux et de rires jaunis par la poussière. Entre Mad Max et la Place du Village, bienvenue dans le monde déjanté du VdM.

 

Déjà des projets de descente pour l'an prochain : les 6b des Fizz !

 

Il ne restait qu'un seul bout à faire, un dernier raid pour pouvoir dire "nous avons traversé les Alpes". La commission VdM avait déjà roulé les sentiers de l'arrière-pays niçois, de Provence, d'Ubaye, du Briançonnais, des Cerces et de Vanoise au cours de ces 3 derniers étés. Il ne manquait qu'un seul bout pour parachever l'œuvre. Ces itinérances avaient été dures, marquées par des températures doucerettes, des roues tordues, des accueils militaires dans des gîtes spartiates, mais la tentation de repartir était plus forte. Le trajet de cet été serait donc entre la chablaisie septentrionale (Evian) et la capitale de Tarentasia (Bourg Saint Maurice) par-delà les cols rocailleux, les descentes infranchissables et les petites crottes de mulots. Et même si ces différents duchés sont relativement connus de nos petits yeux de montagnards contemplatifs, les traverser à bicyclette relève de l'aventure et soulève les questions : est-ce que ce trait rouge sur la carte peut se rouler sans arracher le pédalier ? Ce gîte est-il tenu par des hôtes connaissant la température de  la cuisson des pâtes ? Qui va couler une bielle en premier et se mettre à manger des orties ? ... Bref, la préparation de ce périple devait être impeccable pour ne pas rentrer à la maison avec la roue voilée entre les jambes. C'est donc tous ensemble que l'on a préparé ce casse du siècle, chacun apportant sa spécialité :

  • Pascal : survivre en 26 pouces parmi les gangs des "Los 29s" et des "Hell's 27,5" (le gang des "Boudins de tracteur" n'étant pas de la partie).
  • Sylvain C: s'assurer que le groupe suive bien le tracé en répétant inlassablement "je sais pas où on est, j'ai pas allumé le GPS"
  • Jean Claude : tester les portions les plus techniques, là où même un trialiste n'ose poser le pneu.
  • Lionel : soudoyer sournoisement chaque tenancier d'auberge pour obtenir du rab'.
  • Olivier : sonoriser nos nuits avec sa playlist de "Zz Zzz Top".
  • Sylvain D : oublier ses roulettes et tomber sur le plat.

Sylvain D, Olivier, Pascal, Sylvain C, Jean-Claude, Lionel et la Dent d'Oche (tous à jour de cotisation)

 

Voilà donc notre fine équipe prête à monter dans le train (ah oui, pour cette sortie, aucun moteur diesel n'a été maltraité) en direction d'Evian et en découdre avec les portes vélos qui ne connaissent pas les sections en 2.40 (#jargonVDM).

 

 

Jour 1 : Evian – La Chapelle d'Abondance

La semaine s'annonce radieuse et ce lundi matin nous le confirme. De doux rayons ensoleillés caressent nos potences qui luisent comme des belles mécaniques chromées. Mais l'âpreté du pédalage va nous rappeler à nos chères études : en effet nous montons à travers les rues de "San Francisco sur Léman" aka Evian. Si on devait gribouiller les pentes à plus de 30° de la ville sur une carte, on aurait un parfait monochrome...Bref on s'y colle.

Comme l'étape est longue, décision avait été prise d'emprunter le bitume jusqu'à Bernex (#jouelacommejeannie). Et c'est peu dire que nous démarrons à bonne allure. J'avais pourtant tenter de me préparer au mieux pour cette semaine, mais je sentais les poumons se replier sur eux-mêmes, pendant que les 5 mousquetaires conversaient gaiement; entre les dépassements d'utilitaires "au ras du coude" et ceux "chi va piano va sano" de nos amis suisses.

 

Plaisirs d'asphalte

 

Nous quittons enfin la route pour gagner une piste forestière agréable sous une belle végétation lémanique (...oui on voit des bouts d'eau au travers des feuilles...). Et comme pour tout le reste de la traversée, le raide nous frappe en pleine poire : la piste ne cherche même pas à jouer avec  le relief, elle l'agresse frontalement. Et comme les jambes sont libres de tout excès lactique, nous nous lançons dans cette douce et sensuelle chorégraphie qui consistent à faire flirter son entrejambe avec le bec de selle, à casser les poignets et à courber l'échine...si Béjart avait fait de la montagne, il aurait choisi le VDM.

 

Le lac de G'nève

 

Nos efforts ne sont pas vains et sont surtout récompensés par un magnifique alpage face à l'étendue solennelle du Léman. Sous nos yeux s'étalent les immeubles de Lausanne (encore une belle ville à potentiel de pente monochrome), les gradins vinicoles de Vevey, l'immense plateau suisse et les cimes du Jura, de la Faucille à Porrentruy. Nous roulons avec un petit sourire en coin, cette semaine va être un régal.

Le premier portage nous permet de grimper sur le Mont Baron, les cales acier frottent sur le caillou lisse et il faut porter attention au terrain sinon c'est la zipette. Mais les pas sont sûrs et on se claque une première photo de groupe face à l'altière Dent d'Oche, tout sourire, sans se douter que le paysage en arrière-plan va nous en faire baver.

 

Extrait du Memento VdM, page 18, paragraphe 7 : "tu porteras ta monture à travers le Chablais, et quand seulement le cadre fera corps avec ta chair, tu pourras monter dessus"

 

La première descente technique (c'est à dire avec des renvois d'eau en pierre plate hauts comme des remparts, des étroitures broyeuses de dérailleur, des petites "touffes stoppeuses", des marches qui vous font sauter directement du deuxième étage et du crotin bovin de type "banane Mario Kart") de cette traversée nous remplit d'allégresse parce qu'au final, on ne monte pas seulement pour la gloire mais aussi pour profiter de beaux profils inclinés. Les plaquettes se posent sur le sillon des disques et c'est parti pour le tube de l'été assorti de ses quelques mouvements simples mais oh combien utiles : "je mets la selle en bas, je me détends des bras, je passe sur le second plateau, je mets mes fesses à niveau, j'appuie sur la pédale intérieure, la trace de gauche est toujours la meilleure...et je relâche les freins...". Olivier ajoutera une petite touche personnelle en mettant la main au sol avec la première chute de la traversée dans une épingle chafouine.

 

Un bel endroit pour rouler, le plateau de Gavot (RVDM 2013 Caf Léman, spéciale dédicace)

 

La Dent d'Oche sur la gauche et sur la droite, quelques caries à vélo

 

Nous poursuivons par les pistes de ski de Bernex et la crête de Pelluaz, jusqu'au lac de la Case. Nous profitons de cette première vraie pause pour reprendre un tantinet de forces et se gausser d'avoir réussi avec autant de panache les 1/12ième de cette traversée ("jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien"). Pendant ce temps, quelques mètres plus bas, le team Race Abondance s'affaire dans les paddocks à grand coup de léchage de disque, de machonnage de poignées, de reniflage de cadre (les vaches ont une préférence pour le 29 pouces) et bavage sur selle. Les vélos sont propres comme jamais, nous pouvons reprendre les sentiers.

 

 

 

 "Le vélo, j'en connais un rayon"

 

Dream on

 

"Regardes Marguerite, ça c'est un tracteur à 2 roues"

 

Il a bien changé Lenny Kravitz

 

"Qui c'est le plus rapide, évidemment c'est le vert !"

 

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 Les roadies en route vers Montreux, avec le matos

 

Cet après-midi sera l'occasion de mouiller la mousse des casques avec 2 sections de portage intenses sous le Col de Bise et sous le pas de la Bosse (à mon sens la plus "qui pique" du séjour") avec une petite pause pour saluer les chambériens marcheurs qui suivent le même itinéraire (promis René on fera un effort pour passer sur le vélo la prochaine fois) et pour déguster les glaces artisanales du Chalet de Bise (une claque!). Puis s'en suit une belle descente sur la Chapelle d'Abondance, avec un profil très "alpage" entre les rails de terre et les peaux de banane surprises de nos amis les vaches. Côté matos, la première journée a fait son œuvre et il faudra déjà changer huile et plaquettes pour certains.

Le repas est pris "à l'hollandaise espagnole" sur les coups de 19h, et la soupe de carotte (une autre claque!) et la tartiflette (#5patatesetfromagesparjour) sont avalées manu militari. Puis, avant le coucher, vient le rituel des crèmes, condition sinae qua none de la survie de nos épidermes. Le VdM c'est aussi savoir ménage le monteur.

Bilan du jour 1 :

  • 2350 m de D+
  • 1400 m de D-
  • 47 bouses de vaches striées par nos pneus (les mêmes pneus que l'on met au niveau du visage lorsque l'on porte!)
  • 13 543 pensées d'abandon
  • 1 vue époustouflante sur le Mont-Blanc
  • 9 vitesses sur la caissette de mon vélo pour 270 muscles des jambes (au moins) sollicités
  • Une centaines de randonneurs croisés et autant d'encouragements, merci !

 

 

Jour 2 : La Chapelle d'Abondance - Sixt

 Sur les conseils de notre hôte, nous démarrons la journée sur les bords de Dranse pour gagner Châtel. Le soleil nous chauffe délicatement, la piste se déroule le long de petites gouilles certainement poissonneuses, les près fraichement « foinnés » dégagent une douce odeur d'herbe, la rosée s'évapore en délicates fumerolles... nous sommes loin des turpitudes qui vont nous attendre en ce mardi vers Sixt.

Nous avalons rapidement (avec Jean Claude nous marquons clairement le pas) la montée au Pas de Morgins pour basculer en Suisse. Et là, le miracle helvétique opère : tous les sentiers sont balisés, les passages de clôture sont équipés d'un petit portillon avec fermeture automatique, chaque plateau dévoile sa buvette flanquée de son petit drapeau, les automobilistes sont prêt à patienter quinze minutes avant tout dépassement et les Hérens semblent nous saluer à notre passage (je me demande si les crèmes n'ont pas d'effet secondaires).

Renversant non ?

 

Le pas de Morgins et les Dents du Midi, vers 9h

 

Et comme pour les autres jours, chacun va gérer son effort dans les profils montants, en poussant ou en faisant couiner le bec de selle. Il s'agit de garder du jus, surtout que le soleil cogne autant que Joe Joyce il y a 2 jours en finale des super-lourds. Et nous, armés de nos crèmes solaires, casques et poches à eau, adoptons la technique Tony Yoka et encaissons sans trop broncher.

Le panorama du jour est exquis avec les Dents du Midi et les Dents Blanches en grand format.  Plus loin se profile le Val d'Illiez et la Vallée du Rhône, au-delà de notre monde Vdmiste connu. Pendant le déjeuner, nous nous attardons sur les formations rocheuses sous les contreforts de la Haute Cime, des stries très régulières semblables à des sillons agricoles, mais nous doutons qu'une exploitation se soit installée là-haut (amis lecteurs et connaisseurs de la géologie, vous avez une réponse ?).

De Chambéry à Champéry, il n'y a q'un p pour Olivier

 

La progression se déroule tranquillement sous le col de Bassachaux, avec à nos pieds le grand terrain de jeu DH des Crozets et de Champéry, où nos comparses roulant avec plus de 200 mm de débattement s'en donne à cœur joie (comme dit Pascal, si vous devez ne regarder qu'une vidéo de descente, ne manquez pas celle de Danny Hart ici même, en coupe du monde). De notre côté, nous sommes "montés fins" avec nos montures (150 mm de fourche max , et de 13 à 15 kilos tout de même) de montagne. Mais des montures bien utiles pour avaler le terrible col de Coux et rejoindre la France. Au loin, le col de Golèse, notre prochaine destination.

 

Le col, 2 cous

 

 

Lionel sur la grève du GR5, face au rouleau de Bostan

 

A ce stade de la traversée, les pépins mécaniques sont infimes. C'est pourquoi les esprits supérieurs du VdM vont se montrer facétieux et lancer une petite malédiction sur Pascal en le faisant, à partir de ce moment, crever toutes les heures. Et c'est parti pour un festival d'air échappé, avec un beau "psssscchiiit" au-dessus des chalets de Fréterolles, suivi d'un élégant "pccchouuut pffffff" à la Golèse. Et notre ami Pascal laisse lui, échapper un léger agacement pendant que nous nous relayons à la pompe pour tenter de redonner 2 bars de pression à ce petit Toro tubeless tout raplapla. Il est temps d'arriver à Sixt !

Après un finish sur route, nous faisons halte dans un gîte d'étape du GR5 à Salvagny qui va nous surprendre par une excellente salade de carotte. Et il faudra toute la ruse et les sourires de Lionel pour que soyons resservis. Pendant ce temps, notre équipement textile se libère de ses "fragrances" en machine. Oui, c'est une aventure moderne.

 

La Société Montagnarde d'Inspection Cycliste - le SMILE

 

Bilan du jour 2 :

  • 1800 m de D+
  • 1500 m de D-
  • 20 passages de clôture
  • 4 crevaisons
  • 100% de taux d'humidité sur la mousse des casques ("blood, toil, tears and sweat" disait l'autre)
  • 3 Alpes Magazine de 1996 feuilletés (il me faut absolument ce 8 d'assurage dernier cri...)
  • 2 magasins de vélo dévalisés après avoir cassé successivement la pompe à main et la pompe haute pression
  • 12 bras nécessaires pour développer 300 kilos de force afin d’ouvrir la porte de la grange à vélos.

 

 "Tu vois, il faut essuyer la goutte d'huile"

 

Jour 3 : Sixt - Servoz

C'est une matinée costaud qui nous attend. Sur carte, le tracé du chemin joue à la perpendiculaire avec les lignes de côte. Et nous ne sommes pas déçus, après avoir quitté la route, la piste attaque raide et fort dans les sous-bois, baigné par le bruit sourd des nombreuses cascades du cirque des Fonds. Comme d'habitude, chacun gère son effort dans la pente mais va quand même tenter certains passages sur la selle, en gardant le dos droit, mettant du poids sur la roue avant pour ne pas cabrer et en trialisant pour passer de petits rochers. Ces petits interludes vous font péter le cœur mais que ne ferait-on pas pour impressionner les copains et les randonneurs(euses).

 

Les Chalets des Fonds sur fond de Cirque des Fonds

 

 

"Allez y poussez..."

 

 "...et maintenant soufflez"

 

 On n'accouche pas d'un si beau paysage sans en baver un peu

 

La montée vers le petit col d'Anterne est superbe. Le Buet et ses petits névés nous surveillent, la barrière des Fizz nous toise et les crêtes du Roc d'Enfer sont déjà loin, les épingles s'enchainent, les passages de dalles ludiques se comptent par dizaines, les petites marches sautillantes s'alignent...c'est un très beau parcours de descente...sauf que nous sommes en train de le monter... !  Qu'importe, les lieux sont vraiment enchanteurs et nous gagnons un petit plateau roulant. Je ne saurai mettre les mots sur ces instants, où, baigné par le soleil, vous serpentez et jouez sur un petit sentier, surpris par votre vitesse et votre aisance, le regard au loin vers d'immenses falaises, avec un comparse dans le même état d'émerveillement que vous. Je crois que c'est pour ces moments là que nous faisons du vélo en montagne.

 

Les bouquetins des Fizz, atteints d'une épidémie de vélocyclose

 

 

Le grupetto

 

La pause au lac d'Anterne permet aux courageux une petite séance de cryo réparatrice. Et pendant que nous exhibons notre bronzage cycliste, les randonneurs s'approchent pour nous questionner et bizarrement, c'est cette même question qui revient : "c'est un électrique?". Il faut dire que le vélo de Pascal arbore un amortisseur de gros calibre, protégé par une épaisseur de cadre imposante, laissant croire qu'un petit moteur y a trouvé refuge. Et au-delà de cette question, une foule de demandes vient nourrir d'agréables conversations "combien ça pèse ?", "vous venez d'où?", "vous descendez vraiment par-là?". Puis viennent les remarques des enfants qui, eux, ne se démontent pas ("moi aussi j'ai un vtt") et nous questionnent sur le fond : "mais pourquoi vous faites ça ?". Vous avez 4h !

Le lac d'Anterne, accessible facilement par voie verte

 

JC Phelps

 

 

Après un copieux repas nous montons vers le Col d'Anterne et découvrons la vue incroyable sur le massif du Mont-Blanc qui aligne son showroom de sommets glaciaires : un modèle Verte élancé dans sa robe Whymper ou un Tacul taquin qui sait marier la délicatesse du sérac avec une couronne de pierre. Et plus au fond, une grande plaque blanche, apposée à la face Nord des Grandes Jo', comme suspendue en plein ciel, le Linceul, terrain du ski extrême (oui messieurs-dames, ça se skie) et symbole d'une certaine idée de l'engagement.

 

Prende une photo à la Pointe d'Anterne, la croix et la manière

 

On était à 1 doigt du Mont-Blanc

 

JC et Lionel en pleine Pormenade 

 

 

La descente qui va suivre est "whachement" technique, avec des épingles pierreuses et une kyrielle d'obstacles coquins. Cet exercice de descente s'apparente pour moi à de l'escalade : il faut constamment "lire" le tracé, anticiper, et se demander en permanence comment faire passer nos appuis, la roue avant avec suffisamment de vitesse pour ne pas bloquer et la roue arrière à déporter pour éviter la casse. Dans le même temps, les bras ont tendance à se crisper sur le cintre, les cuisses se gainent (on découvre dans ces moments l'existence de son vaste interne, mais les kinés me contrediront peut-être) et les mollets font de même. Certains choisissent de rouler avec l'avant pied clipé sur la pédale, garant d'un bon appui mais il faut maitriser l'art du "déclipage" en un quart seconde, pendant que d'autre posent leurs semelles rigide sur l'adducteur du gros orteil (il y a des podologues dans la salle ?), position sensiblement plus flottante. Et, pour maintenir cet état de concentration et de tension musculaire, nos 2 boites à air fonctionnent à plein régime. On évalue clairement l'expérience VdMistes sur ces passages-là dans la capacité à enchainer, à lire, à rester lucide et dynamique. Sylvain va solliciter ses derniers acquis en pilotage en prêtant attention à sa position de genoux, Olivier alterne "lâcher prise" dans les passages techniques et "freinage léché" pour reprendre la main, Pascal est extrêmement délayé et "colle" aux reliefs, Lionel "appuie" et "lance" la roue avant avec une bluffante précision. Jean Claude va lui évoluer à basse vitesse, voire très basse vitesse, mais passe quasiment tous les obstacles. Je crois qu'un petit intermède sur Jean Claude est indispensable. Alors que nous sommes tous équipés de vélos "endurisants" aux grands débattements, JC a lui privilégié la nervosité et la légèreté d'un cross-country sans amorto arrière (ouch le dos!). C'est un peu comme monter des œufs en neige avec une fourchette ou se déplacer avec le métro de New-York sans plan, c'est faisable mais c'est diablement technique, bravo !

 

Nous sommes semi-suspendus à chacun de ses tours de roue, notre muse !

 

 Pour rentrer au refuge, faut casquer

 

 

 

Nous reprenons un chouia notre souffle (le vaste intérieur se détend un peu) sur la piste au refuge de Moëde avant d'attaquer un véritable mur au niveau des Ayères, face au Val d'Arly. Là, comme partout, c'est le premier de cyclée qui analyse le terrain et fait passer à pied quand le terrain devient trop exposé, qui va parer un passage technique ou....s'arrêter pour changer de chambre à air (la malédiction de Pascal et l'on se relaye à la pompe de nouveau). Le VdM, c'est à la fois une technique individuelle et une progression collective (#leVdMdesvaleurspourlavie).

Nous débarquons au refuge des Ayères, rincés, mais marqués par la beauté de l'étape du jour. Nous prenons nos quartiers dans ce coquet hébergement et allons tutoyer des sommets, gustatifs cette fois, avec un farcement (pomme de terre + lard + pruneaux) inoubliable. Merci à Lionel, qui, avec son sourire nous obtiendra quelques tranches supplémentaires, ravissant les gourmands que nous sommes.

RIP le farcement

 

Le dessert : cornet de glace 3 Monts sur son lit de crépuscule

Bilan du jour 3 :

  • 1600 m de D+
  • 900 m de D-
  • 3 crevaisons pour Pascal
  • 1 melon monté au lac d'Anterne

 

 

Jour 4 : Servoz - St Gervais

 Pour ce jour, c'est relâche programmée. Ce mot évoque chez nous de la détente sur des pistes cyclables bordés de tulipes, de descentes bucoliques et de haltes au salon de thé. Ce ne sera pas ça du tout.

Nous démarrons, pour la première fois du séjour, par une grosse descente, dès le matin. Et après quelques errements GPS, les choses sérieuses commencent. Jusqu'au Mont, un super single bourré de petits sauts, d'épingles roulantes, de franchissements chaotiques nous régale. Avec le repos de la nuit, nous sommes pleins d'entrain et plutôt vifs dans les passages techniques, loin de nos errements dans la descente éreintante de la veille.

Nous gagnons le bas de Servoz pour prendre la route jusqu'aux Houches. Et par moments c'est bon de tâter du bitume sur les petits routes à la fraiche. On papotte sur nos douleurs de vieux, on toise le refuge du Goûter 4000 mètres plus haut et on ne se lasse pas d'entendre cliqueter la roue libre...on l'aura peut-être notre journée de relâche....

La montée au col de la Forclaz va nous rappeler qu'aucune assistance électrique ne vient appuyer le pédalage. Alors pour tenter d'honorer quand même notre journée relâche, nous faisons une pause au cœur des bois, histoire de manger des brugnons, de blaguer sur notre addiction aux crèmes pour bébé ou de scotcher des chaussures malmenées par la rocaille. Mais rapidement l'envie de rouler est plus forte puisqu' Olivier et Sylvain vont trialiser un petit rocher, le jumper, le drifter, le bunny-uper, ils sont intenables. Nous nous remettons donc en selle...pour 10 minutes. Guess what ? , Pascal va crever...

 

 Rebouches moi si tu peux !

 

Sous le Prarion, la piste s'élargit et la vue plonge sur Sallanches et Megève. Le site est magnifique, et d'ailleurs les écoles de parapente locales ne s'y osnt pas trompés en faisant décoller les vols baptêmes. Nous avons droit à quelques encouragements bienvenus.

La descente sur le col de Vosa est superbe, juste sous le Mont-Blanc. Nous retrouvons le papa de Sylvain en randonnée pour un rafraichissement, et nous flânons, à l’instar des estivants, le long du chemin de fer.

Vas-y à Voza

 

Et l'on entend siffler le train

 

 Black sabot

 

 

 Le secret des cuisses en béton

 

La journée se termine au refuge du Fiou, juste sous les glaciers de Bionnassay, à siester au dortoir, à jouer avec le chien, à pomponner les vélos, à se baigner dans le bassin, à tenter de converser allemand avec les autres clients, à siroter de la bière, à rêvasser face au Mont Joly et à se projeter sur le lointain col du Bonhomme, notre destination du lendemain. Et comme chaque soir, la tirade de Lionel nous amènera un rab' au diner...

Bilan du jour 4 :

  • 1300 m de D+
  • 750 m de D-
  • 6h de siestes cumulés
  • 18 bâtons envoyés au chien

 

Jour 5 : Servoz - Refuge du Bonhomme

Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Pascal. Notre hôte le gratifie d'une petite bougie sur sa tartine, la journée commence bien. 

Cette étape est un peu redoutée par ce que son profil quasi exclusivement montant est très long, mais comment avoir peur après avoir affronté le portage d'Anterne et les pistes infernales du Chablais ? Comment craindre la fringale alors que nous avons fait le plein de barres chocolatées et de pâté croûte ? Peut-on imaginer être un tant soit peu gêné par le soleil après notre baptême de l'UV dans la fournaise de la Golèse ? Pourquoi serions-nous touchés par une panne mécanique alors que nous venons d'offrir à Pascal un pneu tout neuf ? Nous avions tort...

Après notre arrivée aux Contamines, nous nous lançons dans un Décathlon ascendant, nouvelle discipline olympique, soit les 10 façons de monter à (et à côté...et dessous) vélo :

  •  Epreuve 1 : blind-test pour occuper l'esprit sous la cabine de Montjoie (Sylvain est décidemment incollable en rap français)
  • Epreuve 2 : redescente pour porter du matériel à un camarade en panne, puis remontée parce que l'on a loupé ce même camarade, qui a entrainé la descente d’un autre étourdi qui se trompe de piste. Si Buster keaton avait fait de la montagne...
  • Epreuve 3 : montée à une main, l'autre tentant d'esquiver les perles de sel gouttant dans les yeux. Nette victoire du sel.
  • Epreuve 4 : tentative de portage sur le plat au milieu de blocs inroulables, sous le regard hilare des randonneurs en pleine myrtille party
  • Epreuve 5 : slalom entre les vaches
  • Epreuve 6 : rouler dans du 3a (Jean Claude style)
  • Epreuve 7 : slalom entre le balisage de l'UTMB
  • Epreuve 8 : changer sa mousse de portage 18 fois de place
  • Epreuve 9 : démêler son cintre resté coincé dans les lanières du sac à dos. (Pierre Richard fait du VdM...)
  • Epreuve 10 : rester digne quand on se fait doubler par les italiens

 

Pris dans les mailles de la myrtille, face au Col du Tricot

 

 Kiroulpa, Portoultan et Pneutouneuf, 3 Pokemon rares à attraper sous le col de Cicle

 

 

Olivier, tout sourire juste après l'épreuve 10

 

Pascal, celui par qui l'épreuve 2 arrive

 

"regarrrde, j'ai même pô usé l'pneu"

 

"Porter, moi, vous n'y pensez pas ?"

 

 

Le Col des 6 Bonhommes 

 

"Et on fait tourner les roulettes..."

 

Une fois au Col, un petit squad décide de monter à la tête Nord des Fours, tout simplement "parce que c'est joli!".

 

La tête au Nord du Four - Thermostat 2756 m

 

 

 "You know what...I'm happy"

 

 Sylvain a la dalle

 

Nous débarquons au refuge, bien accueillis par l’ambiance éclectique du tour du Mont-Blanc. Le staff du refuge s’affaire et trouve même le temps de dépanner d’un rouleau de duck-tape, mes chaussures ont littéralement « explosés » pendant le portage, un grand merci !

Nous prenons les infos sur le passage des traileurs de l'UTMB ; ils devraient être là, pour les premiers, vers 23h. Mais sommes finalement trop exténués pour veiller après le repas et tenir jusqu’à l’heure du spectacle. Le lendemain nous attend une étape très pointue dans laquelle nous n’aurons pas le droit à l’erreur et devons être en forme au maximum si nous voulons en profiter un tant soit peu et surtout éviter la casse (des participants comme des montures). Alors vous me direz qu’il est difficile de dormir sereinement en itinérance en couchage collectif. Et je vous répondrai que oui, surtout avec mes 5 autres cyclistes facétieux, capable de ronfler à l’unisson (ou avec une légère asymétrie, très modern jazz, qui peut vous rendre fou, malgré la cire pressée dans le creux de votre oreille) ou de se lever toute la nuit pour rejoindre les commodités (certains ne maintiennent leur « poids de forme » qu’au prix d’une large et abondante hydratation, allez les comprendre !). Mais nous avons finalement assez bien cohabité sur 5 nuits, et nous sommes ravis (plutôt même « comme des dingues ») d’avoir un dortoir rien que pour nous. Les feux sont éteins avant 22h, et notre équipage s’apprête à sombrer dans un sommeil bien mérité. Quand on pense que, pour nos amis traileurs, la journée ne fait que commencer…

 

Vers 23h30 ou minuit, nous sommes tirés hors de notre sommeil par un rite chamanique, ou bien c’est un exercice de l’armée…vous savez bien comme le cerveau joue d’associations étranges quand Morphée nous étreint. Dans tous les cas, impossible de se rendormir, et pour cause, le check-point dossard est situé sous nos fenêtres. Que dis-je, quasiment dans notre dortoir tant il facile de lire sur le barnum tout proche. Alors on se dit que ça va passer puis, quand le cerveau est à nouveau bien chaud, les chiffres de la course reviennent en tête : 2 300 coureurs vont passer « dans notre lit » jusqu’à 6h. J’avoue ne pas être effrayé à partager ma couche avec un sportif (les cyclistes dépensent des fortunes pour des freins à disque…moins dans l’hébergement) qu’avec une sportive (qui se ressemblent…), mais de là à prêter un bout de mon oreiller a l’équivalent de la population de Chablis, il y a de quoi faire tourner la tête, voire d’être saoulé. Chacun de nous a réagi différemment : pour certains ce sera somnifères corsés, pour d’autres nuisibles de ronfler encore plus fort, pour les esthètes de l’hydratation d’aller faire à nouveau pipi et pour moi, d’aller voir l’épreuve.

 

Quel job ingrat pour les bénévoles : passer les coureurs à la scanette comme dans un inventaire, répéter à chaque fois les mêmes informations (« no water », « go to les Chappieux », « ralentissez », « piano, chi va piano va sano »…) mais en y mettant à chaque fois de la chaleur pour booster les coureurs, dont certains sont déjà bien marqués. Alors comment aller le reprocher à ces passionnés, surtout que, en tendant l’oreille, j’apprends qu’un des bénévoles vient de fêter ses 53 ans…ce ne serait pas sport et le spectacle des frontales dansant dans la nuit du Beaufortain me fascine, j’avoue…

 

Mais comment ne pas être légèrement échaudé quand vous êtes condamnés à ne pas dormir la veille d’une grande échéance. Je sais que c’est le lot des sportifs de haut niveau. Mathieu Bastareaud ne ferme jamais l’œil la veille d’un match du tournoi et pourtant il va vous claquer 3 chisteras, Teddy Riner somnole la veille de son tournoi olympique mais va pourtant rugir comme s’il s’était rechargé pendant 100 ans. Et je pense qu’il en est de même pour ces traileurs, avec parfois du décalage horaire en sus (c’est loin le Japon, même en regardant la trilogie du Parrain dans l’avion). Mais nous ne sommes pas de ces sportifs, nos petits cœur et esprits ont besoin de se poser pour enquiller les sentiers, et cette nuit ça ne sera pas possible. Alors je vais tenter de dormir avec l’oreiller comme cagoule, le son passe toujours, me retourner 100 fois comme un lutteur mais le son me ramène toujours à mon combat perdu d’avance contre le sommeil. Je vais même tenter de changer de dortoir mais les nerfs vont prendre le dessus : comment peut-on placer un contrôle de dossard avec son volume sonore à immédiate proximité d’un refuge ?

Bilan du jour 5 :

  • 1900 m de D+ pour la police, 2400 m pour les manifestants
  • 450 m de D- pour la police, 900 pour les manifestants
  • 1 bouteille de Clairette montée au refuge
  • Trop peu d'heures de sommeil pour rouler
  • 1 courrier envoyé à l'UTMB dont les lignes ci-dessus sont extraites

 

 

 Jour 6 : refuge du col de Bonhomme - Bourg Saint Maurice 

Le lendemain, je ne vous cache pas que nous avions un peu les crocs contre la planète entière. Mais notre éducation (#VdMdesgensbien) ne nous a pas autorisé à invectiver qui que ce soit au petit-déjeuner.

Il s’avère que les autres personnes du refuge ont, « plutôt bien dormi étant placé ailleurs » à 50% et que les autres 50% ont dormi « bien mais pas top » à cause de Chris qui ronflette (ah ces anglais…). Mais comme tout bon sondage, l’échantillon n’est jamais représentatif.

Comme les corps sont fatigués, les esprits embrumés ou distraits et que mine de rien, une certaine euphorie d'arriver risque de nous faire relâcher l'attention, Pascal met l'accent sur la sécurité. Et nous en avons besoin puisque nous démarrons par la crête des Gittes, et un minimum de concentration est nécessaire si l'on ne veut pas aller câliner le jeune bouquetin qui nous regarde 200 mètres plus bas (même s'il est très choupinou). Mais que cette crête est magique, entre sa vue altière de la Tournette à la Grande Sassière, sa sente tracé au cordeau sur les ardoises et ses micro relief joueurs...même si nous avons changé de département, le spectacle paysager voyage avec son visa d'exploitation et le long-métrage du jour va aller au-delà de nos attentes déclenchées par la bande-annonce.

 

Crête des Gittes

 

Arrivés au Plan de la Lai, nous gagnons rapidement le Cormet de Roselend et une large piste nous menant au crux de la traversée : le passeur de Pralognan. Et cette fois, on ne le prendra pas à la légère. Et pour cause, il s'agit d'un portage intégral sur 500 de D+, où il faut parfois poser les mains. Mais il faut avouer que le cadre est magnifique et même si la bicyclette semble avoir pris du poids pendant le séjour (ah le farcement...), on est abasourdi par le cadre sauvage et les lumières sur l'Aiguille du Grand Fond.

 

Cormet de Roselend, jour 6 , nous ne sommes que l'ombre de nous-même

 

Le portage pierrier-menthe dans le passeur de Pralognan, ça fait pétiller les cuisses !

 

Du beau paysage, du vélo, des copains : Lionel rich is

 

La recette pour être ronchon : prenez une nuit, coupez la en toute petites tranches, et faites la revenir dans 500 mètres de portage.

 

S'en suit une belle descente très technique à travers les alpages d'altitude. Les remous de la nuit passée sont derrière et on s'en met plein les pneus, en veillant prudemment à descendre du vélo sur quelques passages exposés. S'en suit un nouveau portage jusqu'au lac d'Esola ou nous dégustons notre dernier pique-nique, qui a un petit goût amer de fin de vacances...
Pendant ce temps, Jean Claude applique son régime cryo à la lettre dans le lac, assorti d'une petite pédicure assurée par les poissons. La nature est bien faite !

Puis vient le moment de la dernière descente, un drop phénoménal de 1500 mètres que nous allons dérouler en moins d'une heure tant le profil est descendant. C'est une belle piste, shapé pour le DH, avec des épingles qui renvoient dans les cordes, des courts passages de repos avant d'enchaîner de grandes verticales...pour arriver à Bourg Saint Maurice.

 

Olivier et Jean Claude au pneu à pneu

 

 

Lionel bites the dust

 

Pascal en mode "border collie"  derrière un VdMiste loin du troupeau

 

Nous sommes un peu déconcertés d'avoir "déjà" fini notre périple de 6 jours, sans gros bobos, sans casse majeure et le tout dans la bonne humeur. Nous nous tombons dans les bras, ravis d'avoir affronté ces portages ensemble et d'avoir bouclé sur une aussi si belle note.

Nous embarquons dans le train en direction de Chambéry, les yeux injectés de poussière mais la tête pleine d'images intenses, colorées et parfumés (mmm..les arômes des gants).

Bilan du jour 6 :

  • 1200 m de D+
  • 2800 m de D-
  • 14 kilos de poussière absorbé par les yeux

 

 

Un grand merci à tous pour la bonne humeur, la rigueur de préparation, le partage du rab' de tambouille, les encouragements et les sourires dans les "passages purges", le pompage des pneus ramollos, les jeux de mots moyens, les défilés de cuissards dans les dortoirs, les ronflements, le scotch magique, les crèmes miracles, les GPS éteints, les pauses photos, le replaçage de mousse et les apéros.

Une petite pensée pour Olivier B, qui n'aura pu venir porter avec nous faute d'une épaule douloureuse et pour Guigui, blessé en tout début de saison.

La saison de VdM au Club Alpin de Chambéry se poursuit avec les derniers afterworks et des sorties week-end. Viva VdM !


 

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