Hallingskarvet, 60° de latitude Nord, on dirait le Sud...

Le 16.05.2022, par BenoitP, 4 commentaires


Hallingskarvet, 60° de latitude Nord, on dirait le Sud...
Raid en Norvège centrale du 16 au 24 avril 2022

Deux années d’attente se sont écoulées depuis notre dernier séjour en Norvège. Cela nous a semblé une éternité tant nous sommes attachés à ce royaume du Nord, aux lumières spectrales si envoûtantes.

Après deux séjours nordiques en étoile, l’organisation se veut plus aboutie et importante avec la mise sur pied d’un raid en ski de randonnée nordique. Direction Finse et le plateau central du Hardangervidda pour une itinérance de 5 jours. Bienvenue en Norditude !

Partir en raid au Nord de l’Europe nécessite un minimum de préparation. Au delà de la logistique purement matériel (achat des billets d’avion un an à l’avance, réservation des refuges, des billets de train, adhésion au DNT, l’équivalent du du Club alpin en Norvège…), il faut que le groupe soit suffisamment entraîné et soudé pour pouvoir faire face à toutes les situations. En effet, en cas de pépin dans ces vastes espaces où l’homme est relativement peu présent, on ne peut bien souvent compter que sur soi même.
Deux week-ends préalables de raids sont donc organisés durant l’hiver. L’un fin janvier avec la traversée du Haut-Bugey et le second fin mars sur le plateau d’Emparis. Ils nous permettent de tester le matériel, de faire le point sur les aspects sécuritaires et de nous entraîner en vue du jour J. Le groupe, composé de 8 participants, 3 Emmanuel.le.s (2 filles et un gars), Philippe, Marie, Sophie, Vincent, Lucile et de deux encadrants, Gilles et moi, sommes fin prêts et impatients en cette mi-avril.

17.04.2022


L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, nous enseigne la maxime. Assurément le nôtre promet d’être radieux ! Nous quittons Chambéry au milieu de la nuit pour rejoindre l’aéroport de Lyon. À 6h15, notre avion décolle, direction Oslo, la dynamique capitale scandinave. Nous sommes au comble de l’excitation !


Le quartier de l'opéra à Oslo (photo prise depuis le toit de l'opéra)

Notre vol avec correspondance à Amsterdam se déroule sans encombre et il ne nous reste alors plus qu’à emprunter le train devant nous mener jusqu’à la plus haute gare de Norvège : Finse, culminant à 1222 m d’altitude.
Il fait beau en arrivant en Norvège, très beau même. Un ciel d’azur sans aucune restriction. Les augures sont au beau fixe. La chance est avec nous et cela sera une constante durant la totalité de notre raid.
16h18, le train siffle trois fois et le long convoi se met en marche comme dans une pièce de théâtre. Les neiges des hauts plateaux n’attendent plus que nous.
Les paysages défilent lentement, le roulis de la machine berce doucement les membres du groupe fatigués par une journée débutée bien trop tôt. Les forêts succèdent aux forêts, et les lacs aux lacs. De ci, de là, quelques habitations s’égrènent en chapelet le long de la voie ferrée.
Puis, les premières plaques de neige se détachent au sol, avant de s’imposer résolument. Pourtant le cadran de l’altimètre ne s’affole que très doucement. Nous sommes mi-avril, presque au niveau de la mer, mais la neige et la glace sur les lacs n’ont pas encore rendu les armes.

Gol, Geilo, les annonces crachées par des hauts parleurs de Vy, la compagnie nationale ferroviaire norvégienne, nous indiquent que nous approchons du but. L’altitude se fait plus marquée et l’enneigement désormais constant. Après Geilo, l’une des stations de ski les plus réputées de Scandinavie, la végétation disparaît et les paysages deviennent caractéristiques de ces contrées de hautes latitudes. La longue agonie du soleil sublime ses immensités immaculées, aux sommets arasés, rabotés par les ans et les coups de boutoir des glaciers. Puis soudain, au sortir d’un tunnel, le train s’immobilise, face à quelques constructions de bois. La fourmilière se met en mouvement, on extirpe les bagages, les pulkas pour certains, les skis pour d’autres. On veille à ne rien oublier dans les voitures et à bien tout disposer sur le quai encore bien enneigé. Nous y sommes Finse, plus haute gare d’Europe du Nord. Des touristes, en tenue peu adaptée pour la circonstance, descendent pour se faire photographier devant le panneau avant de remonter promptement dans le train par peur de rester à quai ou à cause du froid. Ils leur restent alors quelques heures de voyage pour rejoindre Bergen et la côte de
l’Atlantique.


Destination Finse. Terre d'entraînement des expéditions polaires... et de Star Wars !

Nous concernant, c’est la fin du voyage et le début de notre périple à ski. Ils ne nous restent plus qu’à parcourir les quelques centaines de mètres qui nous séparent de notre hébergement
: Finsehytta.


La joyeuse bande sur le quai de la gare de Finse.

En bon organisateur, je me suis bien gardé d’annoncer au groupe la qualité des refuges norvégiens. Les premières minutes sont contemplatives face aux glaces de l’Hardangerjøkulen. Notre objectif du lendemain.
Pour l’heure, nous laissons les skis devant le bâtiment et pénétrons dans le hall surchauffé du refuge. Nous sommes accueillis par Rigmor Sæbo, la gardienne, qui a gentiment attendu l’arrivée du dernier train pour envoyer le dîner. Nous sommes la veille de Pâques et en Norvège, cela correspond avec la période principale de ski en montagne ! Le refuge est donc plein et on fête cela dignement. Amuses bouche, suivi du traditionnel agneau pascal avant de terminer par un gâteau, accompagné d’une crème anglaise. On sait recevoir dans les refuges norvégiens !
Cependant, fatigué oblige, nous ne demandons pas longuement notre reste avant de rejoindre notre chambre pour un repos bien mérité.

18.04.2022

Nous débutons la journée par un gargantuesque petit-déjeuner. Pour les membres du groupe pas encore habitués au fonctionnement des refuges norvégiens c’est la stupeur ! On est loin de la tranche de pain rassis et du chocolat à l’eau que l’on peut rencontrer dans certains de nos refuges alpins. Ici, le buffet est plantureux avec charcuterie, œufs brouillés, céréales, saumon et sans oublier les inégalables vaflers, gaufres version norvégienne. Il faut dire que le buffet sert également pour se confectionner son matpakke, l’encas de la pause déjeuner. On peut donc se préparer des petits pains avec du jambon, du saumon, ou encore du brunøst, célèbre fromage à pâte marron originaire du Gudbransdal, quand il ne s’agit pas de kaviar. Oh, pas de confusion, il s’agit de pâte à tartiner à base d’œufs de cabillaud ou de crevettes la plupart du temps que l’on trouve fréquemment dans les pays nordiques.

Ayant récupéré des forces, nous sommes prêts pour affronter Gjøken. Pas d’inquiétude, il ne s’agit pas d’un Wampa rescapé du tournage de Star Wars, l’empire contre attaque, qui s’est déroulé il y a quelques années à Finse.  C’est en effet le petit nom que les Norvégiens donnent au vaste glacier tabulaire du Hardanger qui nous fait face, par delà le lac englacé du Finsevatnet.
Nous débutons par un petit briefing et c’est parti pour une première descente, un peu gelée pour prendre pied sur le lac.
L’allure est plus ou moins esthétique en fonction des membres de l’équipe. Pour certains cela chablate sec, pour d’autres on sent de la crispation… Il faut petit à petit prendre ses marques.
Le décor à ce quelque chose d’envoûtant, de grisant. Un monde fait de camaïeu de blancs.
Nous prenons plein sud, en tirant direction le Nordre Kongsnutten, contrefort du glacier, dominant l’Appelsinhytta que nous atteignons rapidement.
Il ne s’agit pas à proprement parler d’un refuge, mais davantage d’une cabane de secours entretenue par la Croix rouge locale et qui peut servir d’abris d’urgence pour les personnes qui seraient prises dans le mauvais temps. On a du mal à l’imaginer avec le soleil radieux et sans nuages qui nous suivra durant tout notre périple, mais les hauts plateaux norvégiens dans la tempête peuvent vite virer au calvaire.
Nous poursuivons notre route afin de nous hisser sur les épaules du géant. Nous délaissons la débonnaire langue glaciaire de Middalen et bifurquons par une pente un peu plus sévère afin de rejoindre la cabane de Jøkulhytta qui domine tout le plateau sommital du glacier. En été, la traversée du Hardanger oblige à un large détour pour contourner cette immense masse de glace. Pour nous, un long faux plat descendant est au programme. On jette un dernier regard vers le sommet de l’Hallingskarvet au loin avant de débuter dans un style plus ou moins élégant la redescente vers Finse. La neige est excellente et on alterne entre virages télémark et godille pour les autres. Pour certains, on est encore dans le sauve qui peut !
Qui n’a jamais skié avec le talon libre ne peut s’imaginer la sensation de déséquilibre qu’il faut constamment gérer.
C’est véritablement comblé que nous rejoignons pour une seconde nuit le confortable refuge de Finse. Demain, les choses sérieuses débutent !


Jøkulhytta


Lucile seule au monde ou presque sur le Hardangerjøkulen


Au sommet du Hardangerjøkulen

19.04.2022

C’est le grand jour. Nous débutons véritablement notre raid dans le massif du Skarvheimen. En Europe, nos paysages sont profondément marqués par l’être humain et rares sont les territoires de nature sauvage. Nous allons pourtant avoir la chance pendant quatre jours de pouvoir déambuler sans croiser le moindre village où la moindre habitation. Une immersion dans le wilderness si chère aux pères américains de l’écologie.
Ce n’est finalement pas si étonnant qu’Arne Næss, célèbre philosophe norvégien, à l’origine des concepts philosophiques de l’écologie profonde et de l’écosophie, n’est décidé en 1937 de se construire une cabane de bois et de pierre de 8 mètres sur 5, sur les contreforts de l’Hallingskarvet, au-dessus d’Ustaoset, pour se reconnecter à la nature… et concevoir l’ensemble de son projet philosophique. Tvergastein est d’ailleurs toujours debout et peut faire l’objet d’une belle randonnée estivale.
Pour nous, il est temps de partir à la découverte de ce « père de la bonne et longue vie », comme le désignait le philosophe, et ainsi nous emplir de ces immensités.
La première étape est relativement courte avec 16 petits kilomètres à avaler. Nous allons donc prendre le temps de profiter des paysages. Nous traversons la voie ferrée menant à Bergen et c’est partie pour six kilomètres d’une montée très régulière sans difficulté.
Quel bonheur d’être seuls à glisser dans ce décor avec presque aucune trace à perte de vue. C’est tellement rare dans nos Alpes.
Au col du Omnsbreen, la descente n’attend plus que nous. Nous nous éparpillons dans la combe afin de profiter de ces belles et douces pentes propices à des courbes. Le bonheur à l’état pur. Cela peut paraître niais, mais nous éprouvons réellement un sentiment de liberté et de bien être.



Les kilomètres défilent rapidement et nous atteignons sans coup férir l’Omnsvatnet. Quel silence ! Pas âme qui vive.
La région est pourtant réputée pour être très largement parcourue au moment de Pâques par les Norvégiens qui profitent de températures plus clémentes pour sortir les Fjellski. Eh oui, en Scandinavie les skis de randonnée nordique sont désignés sous le vocable de skis de montagne !


L’Omnsvatnet

Nous poursuivons jusqu’à notre refuge du jour : Geiterygghytta. L’accueil y est également remarquable et dans un confort tout scandinave, où s’amusent dans le calme les jeunes enfants du couple de gardiens et de leurs assistants.
C’est d’ailleurs une constante ici, les enfants font très tôt de la montagne et il n’est pas rare de les croiser dès tout jeune, avec des sacs à dos afin de s’échapper de refuge en refuge.


Geiterygghytta

20.04.2022

Longue journée pour le groupe avec une étape d’environ 26 kilomètres pour 560 mètres de dénivelé positif et 700 mètres de négatif. 


Prêts pour le départ !

Elle débute par une erreur d’aiguillage. Les bénévoles du DNT (l’équivalent du club alpin en Norvège) ont beau aux alentours de Pâques, baliser les principaux itinéraires à ski à l’aide de kvist, petites branches d’arbres plantées dans la neige tous les vingt ou trente mètres, encore faut-il suivre les bons !
Emportés par la joie de reprendre la route avec une neige de rêve côté glisse, je loupe à proximité du refuge la bifurcation qui doit nous conduire à une montée soutenue en direction des contreforts de la montagne Sundehellerskarvet (1612 m). Nous filons à bride abattue en direction du Vestredalsvatnet. Après un kilomètre de glisse, je fais arrêter le groupe. Le chemin emprunté ne correspond pas à mon souvenir du topo que j’ai préparé… Je sors la carte, prends rapidement mes repères qui confirment mon impression. Nous partons Nord-Ouest, au lieu de Nord-Est/Nord.
Pas plus inquiet que cela, je décide de réaliser une erreur volontaire à l’aide de la ligne à haute tension et nous retrouvons rapidement l’itinéraire prévu.
La tension est cependant palpable dans le groupe ce matin. En effet, les plaisanteries et autre fou-rire ont cédé la place à un profond silence. Chacun est dans sa bulle. Concentré.
Le 3ème jour dans un raid est souvent le plus complexe à gérer pour les participants. La fatigue est parfois présente et l’organisme n’a pas encore pris la mesure des efforts qu’il doit répéter inlassablement jour après jour. Quand cela est couplé à une étape majuscule, on comprend aisément l’attitude des uns et des autres.
Malgré tout, nous profitons. Les paysages sont différents des jours précédents. Plus alpins.
Au col de Rossdalen, nous enchaînons quelques pas de descente avec les peaux. Puis une nouvelle montée jusqu’au pied de la montagne Bolhovd s’offre à nous. Nous croisons nos premiers parcs à rennes, inoccupés en hiver. Malgré tout, l'imaginaire est là. On se prend pour Frison-Roche dans le Rapt, roman consacré à la vie des éleveurs de rennes où au milieu de l’une des enquêtes de la police des rennes de l’excellent Olivier Truc.





S'ensuit une alternance de montées et de descentes jusqu’à la cabane de Kongshelleren (1450 m), peu avant la moitié de l’itinéraire où nous déjeunons.
Nous sommes rejoints quelques instants plus tard par une Néerlandais résidant à Zurich, aussi suspicieux à notre encontre qu’un agent de la Stasi. Visiblement un groupe de français au milieu des immensités des Alpes scandinaves ne peut amener que désordre et risque de dégradation… Nous sommes à des années lumières de la mentalité norvégienne… Je profite malgré tout de sa présence dans la cabane pour faire découvrir au groupe la particularité des refuges non-gardés norvégiens. Pour y accéder, il suffit de disposer de la clé commune à l’ensemble des refuges du DTN. Jusque là rien de très spécifique, même si la cabane est particulièrement bien équipée. Cependant, à l’entrée, avant de pénétrer dans la pièce principale, se trouve une petite pièce bardée d’une multitude d’étagères croulant sous les victuailles en libre-service. Le passant n’a plus qu’à régler dans le tronc ou en ligne ses boulettes, goulasch ou autres barres chocolatées. En France, le paiement des nuitées hivernales dans les refuges est déjà très très aléatoire, gage que les réserves seraient vides, tout comme la tirelire du refuge !

L’étape est cependant encore longue et il nous faut reprendre notre chemin. Nous skions d’abord sur deux lacs qui nous permettent rapidement d’enchaîner les kilomètres sans grands efforts, puis vient le temps des descentes qui s’enchaînent comme les perles d’un chapelet tibétains. Certains membres du groupe commencent à ressentir les efforts consentis, mais ils serrent les dents. 
Puis, le profil de la fin de l’itinéraire du jour devient globalement plat, avant une dernière petite descente jusqu’au refuge de Iungsdalhytta (1111 m) dominant le vaste lac de Iundsdal encore entièrement gelé.


Iungsdalhytta (1111 m)

La soirée est souvent occupée par une bonne bière, mais aussi un moment pour prendre soin de soi. Après une bonne douche, on fait un brin de lessive qui sèchera dans les immenses séchoirs dont sont équipés les refuges, on inspecte ses pieds méticuleusement. Emmanuelle et Vincent sont particulièrement touchés. Le doc’ alias Manu, prendra un soin tout particulier à éviter que la situation n’empire. La suite du périple aurait en effet pu être remise en cause si les choses avaient empiré.

21.04.2022

Jour de fermeture pour Iungsdalhytta. La sympathique gardienne, au rire communicatif, souhaite immortaliser l’instant et nous demande de faire la une du Facebook de la cabane. Un petit cliché pour la postérité et la caravane reprend sa route.


C'est jour de fermeture à Iungsdalhytta, cela vaut bien un petit post Facebook avec des p'tits Frenchys !

Cette troisième journée marque le point de bascule vers le chemin retour de notre raid. Nous laissons la trace menant dans le Jotunheimen, la terre des géants scandinaves, mais aussi de cette traversée majeure comprenant pas moins de 4 massifs sur 350 kilomètres (Breheimen, Jotunheimen, Skarvheimen et Hardangervidda) que les Norvégiens désignent sous le vocable de MASSIV et qui dure 18 jours.
Pour nous, l’étape est beaucoup plus courte avec environ 16 kilomètres. Les choses étant bien faites, le groupe pourra ainsi récupérer de ses efforts répétés lors des précédentes journées. C’est aussi l’occasion de pouvoir prendre le temps et profiter.

Cap vers le sud dans un premier temps pour réaliser la traversée du Iungsdalsvatnet, puis du Djupsvatnet. Alors que nous approchons de la rive, les chants de lagopèdes commencent à retentir. Puis vient de temps des envols à gauche, puis à droite et finalement en tout sens. Quel enchantement ! Une vingtaine de ces rescapés de la dernière ère glaciaire nous survolent, tout heureux de profiter des chauds rayons printaniers. Ils se font la cour, chassent les intrus… Un beau moment de vie dans ces confins nordiques.

Débute alors une ascension en montagnes russes pour atteindre un petit plateau aux alentours de 1 300 mètres d’altitude. Nous passons à proximité de nombreuses hytter, ces petites résidences secondaires rustiques au milieu de nulle part, dont les nordiques sont absolument fous amoureux. 
Nous prenons ainsi toute la mesure de l’importance pour les Norvégiens de cet allemannsrett, ce droit d’accès à la nature si profondément installé dans les moeurs et la législation.

Sur le plateau, plus aucune trace de présence humaine. Des champs de neige à perte de vue, des couloirs immaculés dévalant du Blåbergi. Inconcevable dans nos Alpes ! So pure…





Une dernière montée pour passer un col à 1 380 mètres, et c’est la descente sur le refuge de Storestølen (1000 m), plutôt considéré comme un “hôtel de montagne”, au bord du grand lac de Strandavatnet. La vue sur l’Hallingskarvet et le lac est de toute beauté. La neige devient cependant de plus en plus molle. 4 jours d’un intense soleil et vous optez pour l’option « neige de printemps ». Je commence même à me demander si nous en aurons encore suffisamment pour rejoindre les bords du lac. Qu’importe, pour le moment nous profitons pleinement du spectacle.
La descente débute et cette neige facile à skier est propice aux progrès des membres du groupe. Je constate avec satisfaction l’évolution de tous les participants au cours de ce beau raid qui malheureusement va s’achever demain.

Comme je l’imaginais, la neige prend subitement fin alors qu’il reste encore 200/300 mètres de dénivelé. Qu’à cela ne tienne, nous fixons nos skis sur nos sacs et nous frayons un chemin au milieu des myrtilliers et autres bouleaux qui ont refait leur apparition alors que nous sommes repassés sous la barre symbolique des 1000 mètres.

Mon regard se porte également sur la glace recouvrant le lac. Le manteau neigeux a complètement disparu et des traînées grisâtres zèbrent sa surface. Cela ne m’inspire rien de bon. La glace grise est en effet celle qui a le coefficient de cohésion le plus faible. Elle est le fruit de gels et dégels successifs…


Strandavatnet

Le soir après un repas digne d’un très bon restaurant français, la gardienne m’invite pour parler sécurité. Elle me confirme mes pressentiments. Le lac n’est plus en état. Avec son mari, elle a été faire une balade la veille et a constaté des trous et de l’eau libre. Elle me conseille donc de renoncer à le traverser et nous propose de nous emmener en voiture jusqu’à un autre lac d’où nous pourrons récupérer après une variante, notre itinéraire en direction de Finse.
Le temps de la réflexion n’est pas long. Avec un groupe, on ne peut pas badiner avec la sécurité. Décision est donc prise d’opter pour un plan C, mes options initiales A et B ayant fondues comme neige, pardon, glace au soleil. J’expose la situation au groupe et achève ma soirée à préparer carte à l’appui, cette alternative.


22.04.2022


La nuit n’a pas été réparatrice pour le lac. Son aspect est encore plus inquiétant que la veille. La glace, même à proximité de l’hôtel semble s’être fragilisée.



L’option prise est donc la bonne.
Les employés de Storestølen nous mènent par delà le Geitryggtunnelen, situé sous le refuge de Geiterygghytta, jusqu’au Vestredalsvatnet. La glace y est beaucoup plus favorable du fait de l’altitude (1150 m) et nous pouvons reprendre notre périple. Direction Finse !



Nous retrouvons nos repères rapidement ayant maladroitement en partie exploré le secteur lors de mon erreur d’itinéraire il y a deux jours. Au refuge, après une descente joyeuse jusqu’à Kittilsbuflaten, nous arpentons un vallon très sauvage en direction du Godfjell.
Sachant que deux membres du groupe ont les pieds « salement amochés », j’ai repéré sur la carte un court passage aux pentes un peu plus rudes, mais qui devrait nous permettre d’atteindre plus rapidement le Flakavatnet et ainsi réduire sensiblement la longueur de l’étape.
Après avoir donné des instructions au reste du groupe, nous partons Gilles et moi explorer la faisabilité de la chose. Le risque d’avalanche étant presque nul, nous progressons en sécurité dans ce goulet dominé par d’impressionnantes parois. Il nous faut louvoyer pour monter sans recourir aux peaux et en évitant soigneusement les parties aux neiges verglacées.
Quand soudain, le lac se dévoile. Pure, sans trace, dominé par ce petit promontoire rocheux où nous nous tenons. La voie est libre !



Nous retournons donc annoncer la bonne nouvelle et donnons quelques recommandations pour qu’ils puissent nous rejoindre. Le groupe a bien progressé durant ce séjour et je sais qu’ils parviendront à venir jusqu’à nous. Sophie a ma demande s’équipe tout de même de ses peaux, plus pour la rassurer que par réelle difficulté et les voilà en train de s’élever doucement, mais sûrement en zigzag.
La traversée du lac prend des airs de Baïkal. Nous l’arpentons dans la longueur et nous prenons la pleine mesure de ce lac immense sur lequel nous skions sans difficulté hormis le fait de supporter une chaleur accablante. C’est bien le comble en étant autant au Nord du monde !
Une fois sur la berge, nous savons que le chemin restant jusqu’à Finse n’est plus très long et avec lui la fin de notre histoire.
Nous repassons sous la ligne haute-tension et basculons vers la voie ferrée. Finse est en vue. Quelques conseils au groupe afin de ne pas prendre de risque dans cette neige collante et nous descendons tambour battant pour rejoindre le refuge. Philippe et Vincent se tirent la bourre pour savoir qui va être le premier à arriver.
Avec le reste du groupe nous savourons les derniers instants et prenons le temps de prendre nos dernières photos, de s’arrêter regarder les derniers préparatifs de la Skarverennet qui doit se dérouler en fin de semaine. Il s’agit de l’une des grandes courses longue distance dont les Norvégiens raffolent. Cette course qui se déroule tous les ans mi-avril entre Finse et Ustaoset, soit 38 kilomètres, marque traditionnellement la fin de la saison pour les skieurs des équipes nationales du royaume. Son palmarès regorge d’ailleurs des plus grands noms. 2022 ne déroge pas à la tradition avec la victoire de l’inévitable Therese Johaug. C’est également une grande fête populaire qui voit se côtoyer familles, équipes locales, professionnels et amateurs dans le décor de rêve de l’Hallingskarvet après avoir rejoint la ligne de départ en train.


Finsehytta




Le lendemain est consacré à notre retour en train jusqu’à Oslo pour quelques dernières visites (le nouveau musée Munch, le parc Vigeland et ses célèbres statues, une petite promenade dans le centre historique de la capitale avant de repartir en France.
Notre retour sera par ailleurs reporté d’une journée, la faute à une grève inopinée des manutentionnaires de KLM à l’aéroport d’Amsterdam. La tête encore dans les neiges du Nord, nous repartons pour Chambéry, espérant rapidement retrouver ces paysages charmeurs… en février à Tromso, la date est déjà cochée !


Le Stortinget, parlement de la Norvège.


Le célèbre hôtel de ville d'Oslo où sont remis les prix nobels tous les ans.


Le fameux bébé en colère du parc Vigeland


 

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