Ce mercredi 15 mars, une petite bande de cafistes s’est emparée de la neige vierge des pentes du Beaufortain par risque fort. L’arme de ce braquage serait la CSV. Quel est ce mystérieux procédé ? Suivez notre enquête.
 

Selon nos premières informations, le cerveau de la bande serait un certain Paulo, toujours en cavale de par le monde, qui aurait mis au point la CSV, cette technique redoutable ayant déjà fait ses preuves en d’autres hauts lieux. Il n’en est pas à son coup d’essai, mais c’était la première fois qu’il prenait lui-même la tête d’une opération avec de nouveaux complices recrutés au sein de l'honorable CAF de Chambéry.

Toujours prêt à dégainer son smartphone et ses stabilos (sauf quand il les oublie car il serait atteint du syndrome du poisson rouge), l’individu serait un peu susceptible : en particulier il ne supporterait pas l’expression « risque quatre » et exigerait qu’elle soit remplacée par risque « fort », ou « four » prononcé à l’anglaise. Ce petit jeu de mots aurait mis tout le monde d’accord et serait la trouvaille mnémotechnique du jour de ces malfrats, qui n'en semblent pas peu fiers…

Ses acolytes auraient été appâtés par le beau soleil et le gain promis par la CSV lors d’une soirée de janvier au Cairn (le QG de la bande situé dans les faubourgs de Chambéry). En tout cas, les trois individus qui l’ont rejoint seraient :

·       Christophe alias « Zyva », toujours prêt à foncer (quoique…),

·       Sylvie alias « La Machine » car elle abat le D+ sans sourciller,

·       Nadine alias « Last minute » : toujours à la bourre, elle se serait incrustée dans l’équipe la veille par la menace.  

La CSV, c’est quoi ? Notre reporter a suivi le parcours du gang et interrogé plusieurs témoins …
 

·       CSV comme : Café, Smartphone, Visualisation, selon la boulangère de la Panière

C’est à la Panière, son repaire des bas-fonds d’Albertville, que la bande aurait fait halte pour mettre au point son stratagème. La boulangère interrogée est formelle, c’est elle qui a fourni la feuille de papier qui a servi à faire un « gribouillon » :  co-construit tous ensemble autour d’un café, le gribouillon permettrait de synthétiser tous les paramètres, scénariser, visualiser et mémoriser les différentes options. La bande aurait contacté par smartphone un informateur dénommé LE BERA, ainsi qu’une vieille complice du nom d’IphiGéNie qui, miraculeusement rescapée d’un terrible règlement de compte entre le clan grec et le clan troyen (révélé, on s'en souvient, par notre confrère Homère), serait aujourd’hui reconvertie en grande prêtresse de la carto capable de prédire la destinée d’une opération.

Gribouillon, marc de café, cartomancienne : ces "oracles" laissent supposer, à ce stade, qu’on a affaire à une bande d’amateurs complètement illuminés.


Plusieurs scénarios auraient été envisagés : rando en terrain plat ? Course d’arête ? Sommet ? Pointe du Dard en contournant par les croupes ? au plus près ? Au plus large ? Après moult palabres, la bande aurait décidé de prendre les remontées au Planay d’Arèches.

 
Arrivés sur les lieux où le pisteur (notre deuxième témoin) a été menacé par la bande pour lui soutirer des informations, les conditions semblaient plus favorables que ne le laissait présager LE BERA : les déclenchements artificiels n’avaient pas mobilisé de gros volumes, et la couche de neige fraiche était moins importante et déposée sur une couche dure (regel après la pluie). Après de longs échanges où l’acronyme DCMR a été prononcé à maintes reprises, le gang aurait pénétré en mode alerté dans le domaine non sécurisé, pour aller voir si le plan A en direction de la pointe du Dard était envisageable, en prenant des distances pour ne pas se faire coffrer. A ce stade, Christophe n’aurait pas été tout à fait convaincu, et aurait préventivement chargé son air bag au cas où les choses tourneraient mal.





Les prédictions d’IphiGéNie se seraient réalisées (pas de pentes > 30°), et le gang pouvait pénétrer sur les lieux du crime : personne à l’horizon, la voie étant libre, Christophe serait revenu en mode Zyva, et Sylvie La Machine aurait ouvert la marche en mode détendu, suivie de toute la clique. La vue panoramique sur les massifs enneigés laisse penser que la valeur de cette première prise du hold up était déjà conséquente. En revanche, probablement, inquiétés par la pente terminale, ils auraient renoncé à la Pointe du Dard et auraient obliqué vers un sommet secondaire.











·       CSV comme : Courbes, Ski, Virages !!! selon le chocard du coin

A la montée, la bande aurait fait du repérage pour couvrir son repli, et elle aurait finalement choisi de descendre par un petit canyon. Le chocard céleste qui y cherchait sa pitance, nous a déclaré avoir été alerté par des cris de joie du style « YOUHOUHOU » résonant dans tout le massif, qu’il aurait confondus avec le chant d’amour printanier de la chocarde (« sur un malentendu, ça peut marcher », nous a-t-il confié). L’enquête médico-légale déterminera si le groupe était adepte du CHEM-SKI, mais les larges traces de poudre parlent d’elles-mêmes, et semblent d’ores et déjà attester la valeur du larcin. L’impitoyable gang n’aurait pas laissé la moindre miette de son pique-nique à becqueter à notre chocard, très dépité,avant de repeauter pour rejoindre les contrées civilisées.

 






·       CSV comme : Capitalisation, à Vot’Santé ! selon la serveuse (un peu dyslexique ?) du refuge des Arolles



La fine équipe aurait fait le compte de son butin lors d’un débriefing au refuge des Arolles, en finalisant son fameux gribouillon qui, contre toute attente, semble constituer la pièce maitresse de l’opération. Selon une écoute indiscrète de la serveuse, une sortie par risque « four » a permis au gang des « four » de comprendre tout l’intérêt de la CSV. Et de boire une mousse pour fêter cette prise inespérée, l’œil pétillant et le sourire aux lèvres, avant de prendre la fuite. Reconnaissable à son chapeau inspiré du borsalino du Parrain, Paulo serait actuellement en cavale quelque part en Autriche ou en Suisse (où il aurait un compte bancaire où déposer le fruit de ses exactions), et ses comparses auraient été aperçus divagant librement entre Le Bourget du Lac et Grenoble.

Que fait la police ? Car le temps passe, et ces larrons courent toujours, certainement prêts à récidiver à la prochaine occasion…

FACT CHECKING :

• La CSV signifie Carto Systémique des Vigilances ? VRAI ! CHECK ici

• Le gribouillon pourra être exposé aux Musée des Beaux-Arts de Paris ? VRAI ! (enfin… peut-être...)

CHECK ici