Nous prenons la route pour Les Hyères (Photo 1) ou nous attendent Paulo et Isabelle avec une bonne soupe maison devant un poêle ronronnant généreusement, qui nous fera vite oublier les insupportables bouchons de la traversée Grenobloise.

Bien rassasiés nous engageons une discussion qui permettra aux 8 participants de ce cycle de mieux se connaitre, que ce soit sur nos expériences de vie ou de montagne, ce qui l’air de rien sera la première étape de la démarche « CSV « du « faire ensemble » qui va nous accompagner tout au long de ce cycle de progression en raquettes-alpinisme.  On remettra à demain la préparation de la sortie du samedi, la nuit étant déjà passablement écourtée.

Nous prendrons le temps d’apprécier le copieux petit déjeuner, avant de nous pencher sur quelques révisions –et visions- de nos connaissances en nivologie, le menu de cette première journée.

En entrée un petit sondage de connaissances « nivo » que nous remplirons individuellement, parfois dubitatifs sur certaines questions. La mise en bouche sera complétée par quelques explications que Paulo nous distillera parcimonieusement, pour nous ouvrir l’appétit, le plat principal du jour étant à découvrir sur le terrain.

Nous rejoindrons le Col de la Pare, (Photo 2) ce qui nous permettra de combiner deux objectifs, la reconnaissance de l’itinéraire du lendemain que nous parcourrons de nuit, et l’observation tous azimuts des pentes enneigées. Quelles sont les SAT présentes (Situations Typiques d’Avalanches) ?, quelles coulées peut-on observer ?, pourquoi ici et en ce moment ?, quels cristaux de  neiges foulent nos raquettes ?, quel cheminement choisir et comment se protéger ?

A travers ces questions, chacun de nous s’exprimera et « ensemble » nous analyserons, un peu, beaucoup, passionnément, tout en apprenant comment se préserver de la folie aux conséquences souvent destructrices.

Les avalanches de plaques, nous les connaissions tous, mais pour autant en voir une « de près » en la traversant (Photos 3 et 4) sera une expérience riche et constructive. Franchement, on a pas trop envie de se trouver bousculés là-dedans un jour …

Après avoir dégusté les blancs « mille-feuilles » sur le terrain nous rejoindrons le Gîte pour en dessiner des images papier, en concoctant de multiples dosages de CF (couche-fragile), Gobelets (bien vides), et autres particules fines, roulées ou gelées, et tenter de définir ensemble quelle serait la tenue d’un mille-feuilles de telle ou telle composition si on penchait l’assiette à plus de 30° en la bousculant un peu ….

Pendant que nos hôtes s’affairent en cuisine nous soumettrons à la démarche CSV notre objectif du lendemain : atteindre le sommet de la Pare (2971m) depuis les Hyères (1780m) par l’arête de Puy Golèfre et traverser via la crête de Cote-Plaine pour rejoindre « dré dans le pentu » Villar-d’Arène (1610m) ou nous avons déposé une voiture.

Itinéraire, points de décision, mode de vigilance, risques objectifs, timing, constitution des binômes qui pourront devenir des cordées de 2 si et seulement si nécessaire, car l’apprentissage de l’autonomie est un objectif central et une opportunité pour les moins expérimentés de progresser en tête sous la bienveillance de leur compagnon ou compagne.

La nourriture cérébrale sera complétée par des diots goûteux accompagnés de sucres lents et de quelques boissons aromatisées au houblon et d’un soupçon de décoctions de plantes médicinales, et les 22h que nous n’aurons pas vu arriver sonneront le repli dans nos duvets avec une espérance de sommeil jusqu’à 5h00…

Page 3 : Dimanche 14 …

5h00 c'est le branle-bas, 6h00 nous chaussons nos raquettes pour nous enfoncer dans la nuit noire (Photo 5) transpercée par nos frontales. L’itinéraire montant au col de la Pare est facile pour nous, il a été parcouru la veille.  (Photo 6)

Moments silencieux de prise de conscience en traversant ces pentes raides enneigées sans pouvoir apprécier « les manteaux neigeux » qui nous surplombent.

Au col de la Pare il est 7h30, le jour se lève, le Goléon rougit (Photo 7), nous sommes au pied de l’arête de Puy Golèfre. Boisson chaude, et c’est parti pour une petite heure, raquettes aux pieds, pour remonter jusqu’à la dernière bosse, (Photo 8) point ou les raquettes rejoindront le sac qui s’allègera, lui, des Crampons Baudrier et Piolet, désormais bien utiles et sécurisants.

L’itinéraire est assez évident, c’est une belle arête qui demande de l’attention et de la concentration. Plus haut des choix d’itinéraires que nous devons définir, puis des pentes raides en traversée, l’ambiance est « haute montagne hivernale ».  (Photos 9 et 10)

Nous passons « en pleine conscience » le point de décision ou les 2 options « sortir par le haut » où « redescendre pour le plan B » se posent. Nous sommes en forme, le mental est avec nous tous, nous progressons dans le timing prévu, la météo est correcte, nous nous engageons pour le sommet.  (Photos 12, 13, 14, 15)

Vers 2600m le ciel se couvre et se charge, le vent forcit, la neige est cinglante. Il est 12h30 quand nous arrivons au sommet, (Photo 16) pour nous mettre à l’ abri quelques minutes dans un repli d’arête au pied des « trois évêchés » et avaler quelques fruits sec et un thé chaud. 

Conditions un brin tempétueuses, nous ne trainons pas et nous nous encordons avant de nous engager dans la descente de la crête de Côte-Plaine, un brin exposée. (Photo 17)

Le froid est vif la visibilité médiocre (Photo 18), et en tout état de cause la « balise » que nous avons enregistré la veille sur notre appli de carto embarquée est notre objectif, notre seul point de repère sûr, pour bifurquer en S-SO (Photo 19) dans les pentes de plus en plus raides pour rejoindre l’unique goulet qui nous permettra de « sortir » 500m plus bas pour rejoindre facilement le lac du Pontet puis Villar-d’Arêne.  

Il est 15h30 lorsque nous ouvrons les voitures, 9h30 après avoir fait nos premiers pas.

Nous roulons vers les Hyères, et une fois au gîte le débriefing nous permettra de confronter notre « CSV » avec notre vécu ; pas si mal, plutôt très bien même !

Voir même franchement la « CSV » aura été une condition de réussite pour nous, car cette démarche nous a permis de doser nos efforts, de surveiller notre timing de progression, d’acquérir chacun(e) l’autonomie que nous visions, de respecter les points de passage clé, d’être en confiance seul(e)s, en binômes et en cordées, en tant que groupe solidaire, et bien sûr de mettre en application quelques connaissances de nivologie apprises la veille.

Au gîte la galette des rois bien dodue achetée la veille à la Grave est bienvenue. Il est 17h et c'est notre repas de midi, on l'a un peu "zappé" celui-là... 18h arrive au revoir Paulo et Isabelle, merci pour tout, Chambéry est à 3h de route, il faut se résoudre ....

Pages à écrire : 

Des sorties comme celles-ci, on en redemande …. Ça tombe bien, ce cycle en prévoit trois ….

Et bien d’autres cas de mise en musique de la CSV à découvrir sur le site de Paulo Grobel