Les encadrants alpi font aussi de l'alpi
Le 11.10.2021, par MichelR, 2 commentaires
Encadrer un groupe en alpinisme est une des activités du club qui demande le plus de compétences, car les sorties se déroulent dans des environnements particulièrement engagés où la moindre défaillance, qu'elle soit technique, physique ou stratégique, peut avoir des conséquences très lourdes. Pour cela, les encadrants doivent avoir beaucoup de marge par rapport au niveau de difficulté de la course choisie, afin d'être le plus possible attentifs aux autres membres des cordées, pouvoir également anticiper en permanence sur de nombreux paramètres (terrain, météo, horaire, état du groupe physique et psychique, etc ...). Et pour avoir de la marge ... il faut s'entraîner !
C'est ainsi que les encadrants du CAF de Chambéry joignent l'utile à l'agréable, en organisant des sorties entre eux, à un niveau dans lequel ils sont autonomes, mais qu'il serait déraisonnable d' ouvrir à des participants non autonomes.
Le but de cet article est de mieux faire connaître la tâche des encadrants alpi, et de faire savoir que des courses de niveau AD à TD peuvent être proposées pour des adhérents autonomes.
Le week-end dernier, Jean-Baptiste et Michel se retrouvent avant le lever du jour à Montmélian pour un week-end "d'enfer" au paradis.
Objectifs : grande voie semi-équipée au-dessus du col de la Croix de Fer le samedi, bivouac en forêt au-dessus d'Allemont et très grosse bambée le dimanche avec l'ascension du Grand Pic de Belledonne par l'arête du Doigt, suivie de la traversée classique des arêtes jusqu'à la croix de Belledonne.
La météo est exceptionnelle, c'est la saison des mers de nuages et elles sont au rendez-vous ce week-end !
Samedi, la grimpe est très agréable, il y a des spits dans les passages durs et le reste se protège bien. Seule la neige vient contrarier certaines longueurs. Les chaussons d'escalade ne sont vraiment pas adaptés pour traverser les névés !
Le soir, le bivouac est cinq étoiles, avec pasta sauce tomate basilic maison, clafouti de rhubarbe maison aussi, duvet et doudoune -20°c, voûte étoilée, la preuve que l'austérité peut être luxueuse.
Dimanche départ à la frontale, il n'y a "que" 2000m de D+ à parcourir, dont 400m d'escalade en grosses. Le soleil apparaît au meilleur moment, renvoyant les reflets dorés des montagnes sur le lac de Belledonne. Puis la grimpe commence. Ce n'est pas extrême (4c) mais aucune protection n'est en place, et dans certaines longueurs, le rocher est plus que douteux. Concentration requise !
Arrivés au sommet, la suite paraît moins évidente qu'imaginée. D'abord il est déjà 13h30. Ensuite, la traversée du Pic Central est bien enneigée, notamment dans les parties grimpantes. Nous prenons la décision de descendre par la voie normale, orientée N et très enneigée. Certes facile en plein été (ça côte "seulement" PD), c'est une toute autre histoire quand il s'agit de la descendre enneigée voire verglacée, tout en posant des protections efficaces car c'est bien exop et il n'y a aucun équipement en place.
L'arrivée au col de la Balmette sonne la fin des difficultés, on dévale les vallons sauvages avec de la neige parfois à mi-mollets jusqu'à rejoindre un bon GR et atteindre la voiture in extremis sans avoir besoin d'allumer la frontale. Presque 14h qu'on est parti ! Et un tout petit sandwich au jambon à midi.
Quelle journée où l'on aura fait d'une pierre plusieurs coups : renforcer la cordée, gagner en expérience, se remplir de souvenirs impérissables, et préparer de futures sorties à proposer dans le cadre du club.
