Nous sommes partis à la recherche de 6 bornes sardes entre le Dauphiné et la Savoie.
Un peu d'histoire :
En 1032 : suite à l'effondrement du royaume de Bourgogne, naît une ligne d'affrontement entre la "Savoie propre" (proprement dite) et le Dauphiné.
En 1355 : Suite au traité de Paris du 5 janvier 1355, le Dauphiné est vendu à la France,
des terres sont échangées, des châteaux cédés et la paix s’instaure. Cependant, pour la Combe de Savoie et le Grésivaudan ce traité ne change rien, la limite demeure floue, ainsi La Chapelle-Blanche et Laissaud sont français...
En 1576 : rien n’est réglé et pas moins de 61 conciliabules se tiendront afin de fixer cette ligne-frontière ; on fera appel aux seigneurs locaux, témoins, vieillards pour définir quel arbre mort, quelle marque, matérialise la limite sacrée entre les deux états. Enfin, le 27 avril 1672 le traité de
Saint-Germain-en-Laye fixe les limites delphino-savoyardes.
Louis XIV, roi de France et Charles-Emmanuel II, duc de Savoie, signent le
fameux document, et des bornes sont plantées.
En 1760 : le traité de Turin du 24 mars : le roi de Sardaigne Charles-Emmanuel III
et le roi de France Louis XV entérinent le tracé de la frontière et de leurs états. Des cartes précises sont dressées et un bornage est mis en place définitivement le 4 avril 1761. Les habitants de Laissaud, La Chapelle-Blanche, le hameau de Saint-André, la plaine des Mortes, changent enfin de pays et deviennent savoyards ; 628 habitants sont obligés de prêter serment de fidélité à leur nouveau souverain.
En 1792 : le 22 septembre, l’assemblée des Allobroges vote le rattachement de
la Savoie à la France révolutionnaire. Le département du Mont-Blanc (partie occidentale de l’ancien duché ) devient le 84e département de la République et le restera pendant 23 années. De nombreuses bornes frontières rendues obsolètes disparaissent.
En 1814 : chute de Napoléon, le 30 mai 1814, le premier traité de Paris coupe de façon arbitraire la Savoie en deux parties l’une reste française, l’autre est rattachée au royaume de Sardaigne.
En 1815 : le 20 novembre le deuxième traité de Paris signe le retour de la Savoie à la monarchie sarde et restitue à la Savoie ses limites de 1760.
Sur la base du deuxième traité de Paris, des bornes nouvelles seront plantées en 1822. L’endiguement de l’Isère (1829-1854) nécessite une ultime rectification du bornage, et la taille de nouvelles bornes.
En 1860 : le 24 mars , la Savoie est définitivement réunie à la France avec le traité de Turin. Un décret impérial divise la Savoie en deux départements : la Savoie (73) et la Haute-Savoie (74).
Source : "Les bornes sardes en coeur de Savoie" histoire d'une frontière.
Document de l'association de l'histoire en coeur de savoie (AHCS) et de l'association mémoire et patrimoine de Les Marches.
Pour trouver les bornes nous suivrons de près "l'ancienne frontière" de 1822 entre le royaume de Piémont-Sardaigne et la France.
Les bornes étaient posées sur un socle afin d'être visibles à la fois de la précedente et de la suivante. Ce qui n'est plus du tout le cas aujourd'hui : la forêt ayant repris ses droits.
Il existe actuellement 25 bornes sur cette frontière : 18 bornes de 1822 et 7 bornes "nouvelles"
Nous avons retrouvé les bornes 39 40 41 42 43 44.


Sur la face supérieure de chaque borne est gravée une ligne montrant la direction de la frontière.


Nous suivrons "l'ancienne frontière" en empruntant un sentier raide et glissant.

la borne 44 plantée sur une petite butte domine les vignes et le hameau de la Grue.

Un petit tour au lac noir

Le Granier se dévoile enfin.
Merci aux photographes : Jean-François G. et Marie-Noelle B.