Parmi les géants : la vallée du Khumbu au Népal

Le 12.08.2016, par AntoineA, 5 commentaires


Il est du 5h30 du matin. Le jour s'est levé il y a peu et nos voisins de lodge, un groupe de trekkeurs Indiens très bruyants, nous tirent de notre sommeil. Nous sommes dans le village de Gorakshep, à 5200m d'altitude, le plus haut village de cette vallée du Khumbu qui s'étend au pied de l'Everest. Les corps fonctionnent au ralenti ici. Les cheveux et la barbe ne poussent presque plus, et chaque petite blessure prend un temps infini à cicatriser. Malgré cela, les effets de l'acclimatation se font sentir et nous avons plutôt bien dormi.

Je sors du lodge pour admirer le lever de soleil sur la plus haute montagne du monde. Les Anglais l'ont nommée Everest, en l'honneur du grand géographe Britannique. Les Népalais le nomment Sagarmatha, la "Déesse mère de la Terre". Les Sherpas, qui forment l'ethnie vivant dans cette région du Khumbu, lui préférent son appelation Tibétaine de Chomolungma, de par leur culture.

Je suis sorti du lodge juste à temps, le soleil éclaire déja le nuage lenticulaire qui recouvre le sommet.Lever de soleil sur l'Everest, tout au fond

L'Everest et son arête Sud

Afin de prendre de meilleurs clichés, je remonte la petite colline qui borde le village, et je remarque que je ne suis plus aussi essouflé qu'auparavant. Nous sommes vraiment acclimatés désormais ! Je me remémore alors le long chemin parcouru pour en arriver là.

Kathmandu, 1er Mai.

C'est la fin d'après-midi, et nous venons d'atterrir dans la capitale Népalaise. Je suis venu en 2013 faire un trek dans la région du Manaslu, et je sais que le pays a depuis été durement touché par ce terrible séisme de 2015, il y a environ un an. Je m'attends donc à de gros pincements au coeur en me promenant en ville. Finalement, il semble que le quartier "touristique" de Thamel, près duquel nous logeons avec la famille de mon ami Basu, ait été relativement épargné par le tremblement de terre. En revanche, les vieux temples et palais royaux de la Durbar Square ont pris un sacré coup dans la tête. Le temple de Swayambu également.

Nous passons une journée en ville à préparer notre trek avec l'aide de Basu, un copain Népalais que je connais depuis ma première visite. Il gère une agence de trek à Thamel, et a donc tous les bons tuyaux pour un voyage bien réussi. Nous choisissons néanmoins de partir sans guide et sans porteur, pour rester le plus autonomes possible.

3 Mai: c'est parti !

Nous prenons tôt ce matin un petit vol intérieur vers le village de Lukla, qui marque le début du trek et l'entrée dans la région de l'Everest. Moi qui a déja peur de l'avion, un frisson glacial me parcourt le dos lorsque je vois arriver atterir l'antiquité dans laquelle nous allons embarquer. C'est un petit coucou de 14 places qui doit dater des années 70.
Un coucou par rassurant

Une hôtesse nous accueille en nous offrant du coton en guise de boules quies, puis nous embarquons pour un vol de 20 minutes. A peine le temps de dire ouf, et nous nous posons déja (brutalement !) sur la petite piste de l'aéroport Hillary-Norgay. Je salue la grande dextérité des deux pilotes qui doivent se poser après un énorme virage et sur une piste fonçant tout droit vers la montagne.

Nous quittons l'aérodrome après un bon dhal-bat (le plat national, riz et lentilles), et rencontrons d'emblée un porteur trimballant sur son dos un énorme frigo.
Un frigo sur le dos

Même si je connais déjà ces porteurs de l'extrême, je reste à chaque fois bouche-bée devant l'énormité des charges qu'ils trimballent. Et je ne suis pas au bout de mes surprises !

Proche du village de Phakding, 1ère étape

 En deux jours, nous rejoignons le village de Namche Bazaar, "capitale" des Sherpas et le plus important village du Khumbu, à 3400m. Les grandes terrasses se dressent sur les flancs d'un vallon circulaire surplombant une grande rivière loin en contrebas.

Le grand pont sous la montée à Namche
 

Nous passons la journée du lendemain à randonner sans sac au-dessus de Namche, en revenant le soir à notre point de départ. Il s'agit de nous acclimater en vue de la suite du trek.

Vue de Namche Bazaar

 

6 Mai, en route pour la vallée de Gokyo

 Nous prenons ce matin la direction de Phortse Tenga, qui marque l'entrée dans la vallée de Gokyo. Nous quittons le sentier principal menant au camp de base de l'Everest, et on se retrouve quasiment seuls au monde. Les nuages continuent à masquer les sommets alentours pendant l'essentiel de la journée, ce qui ne manque pas de frustrer notre soif de paysages !

Passage par Mong, on aperçoit l'Ama Dablam

Le lendemain, nous continuons le trek jusqu'au village de Machermo, à 4500m d'altitude. Au vu du dénivelé important parcouru pendant la journée et nos estomacs mal-en-point (nous avons probablement mangé un truc pas frais à Namche), nous décidons de rester basés ici pendant deux jours. Le soir, le ciel se dégage et les sommets alentours s'offrent à notre vue pour la première fois : le Thamserku (6600m) et le Kangtega (6700m)

Thamserku (6600m) et le Kangtega (6700m)

Au petit matin, nous apprenons qu'un des trekkeurs Hollandais avec qui nous avons sympathisé la veille a eu un début d'oedème cérébral dans la nuit. C'est un symptome d'évolution grave du mal aigu des montagnes (MAM). Cette vallée de Gokyo est connue pour susciter aisément des symptomes du MAM, car on y monte très vite en altitude. Heureusement pour ce trekkeur, une permanence de l'ONG International Porter Protection Group est postée dans ce village. C'est une organisation caritative qui soigne gratuitement les porteurs Népalais et se finance en soigant les touristes. Il y a aujourd'hui à la permanence deux jeunes médecins Anglais, spécialisés en médecine de haute altitude. Après avoir passé la nuit sous oxygène, l'oedème du malade s'est résorbé et il est raccompagné à pied au bas de la vallée. Cette histoire nous incite à faire d'autant plus attention à notre acclimatation ; nous consultons nous aussi les médecins lorsque quelques symptomes légers du MAM apparaissent. Je suis alors heureux de voir qu'ils nous donnent le feu vert pour continuer à monter !

Le lendemain, nous nous mettons en route vers le village de Gokyo, au fond de la vallée.

Les yaks broutent sous le Machermo Peak

En route vers Gokyo

 De nombreux yaks rencontrés sur le chemin

 

Gokyo, 4900m

 Nous arrivons sous la neige dans le village, le dernier de cette vallée. Il se dresse entre un magnifique lac glaciaire et un gigantesque glacier qui s'étend jusque sous le versant Sud du Cho-Oyu, un sommet de 8000m proche de la frontière Tibétaine.

Le village de Gokyo. Au fond, le Cholatse (6440m)

Tôt le lendemain, nous faisons l'ascension du Gokyo-Ri, un sommet facile à 5400m au-dessus du village. A cette altitude, même sans les sacs laissés au lodge, nous avançons à un rythme très lent.

La vue à 360° du sommet est exceptionnelle. On peut voir d'ici l'Everest et son arête Nord, et le Cho-Oyu, ainsi qu'une multitude de sommets à 6000 et 7000m.

vers l'Est, depuis le sommet du Gokyo-Ri

Le lendemain de l'ascension, nous choisissons de redescendre au bas de la vallée en une journée de marche, afin de retourner sur le trek principal menant au camp de base de l'Everest. C'est chose faite, et en deux jours nous atteignons le village de Dingboche, à 4500m.

Passage par le village de Phortse

 La stupa à l'entrée du village de Phortse

 

14 Mai, Dingboche, 4500m

 Aujourd'hui, repos, en attendant de monter plus haut dans la vallée. Nous sommes au pied du sommet mythique de l'Ama Dablam (6800m), surplombant toute cette partie de la vallée. Depuis un point de vue au-dessus du village, on peut également apercevoir le Lhotse (8500m) et le Makalu (8400m). Il fait maintenant grand beau tous les matins, nous nous en mettons plein les yeux !

 L'Ama Dablam

Tout à gauche au loin, le Lhotse

Pendant cette journée, nous faisons au lodge la rencontre de deux Suissesses. L'une d'elle est journaliste au Temps, et est ici pour écrire une chronique sur le trek et les expéditions commerciales à l'Everest (ses chroniques sont visibles sur le site du journal). Nous faisons le même chemin qu'elle le lendemain, en direction du village de Lobuche :

Sur le plateau vers Lobuche

Le sentier de trek passe par le mémorial de l'Everest, où sont dressés des monuments en souvenirs des alpinistes et des Sherpas décédés sur les flancs de la montagne, ou au camp de base.

A partir du mémorial, le chemin longe le gigantesque glacier du Khumbu qui s'écoule depuis la combe sud-ouest de l'Everest. Les villages de Lobuche (4900m) et de Gorak Shep (5180m) se situent entre ce glacier et la chaîne de montagnes qui le borde. Après une nuit dans le premier village, nous prenons la direction du Kala Pattar, la fameuse "colline noire" qui surplombe les lodges de GorakShep. Au bout d'une heure de marche, nous apercevons le Pumori (7200m), la montagne "Toblerone" selon les Suisses.

Panorama : Le Pumori et le Nuptse

 Arrivée à GorakShep, vue sur le Pumori et le Kala Pattar

 En arrivant à GorakShep, nous laissons les sacs au lodge et nous partons directement pour le sommet du Kala Pattar.

Aurélie en montant, vue sur la dent de requin du Nuptse, et l'Everest

L'Everest et son arête Sud

Après 1h30 d'effort sans sacs à dos, nous atteignons finalement le plus haut point de notre trek, à 5545m. Désormais, il n'y aura plus que de la descente. Je me sens à la fois triste et soulagé. Triste car je sais que le chemin que nous allons parcourir sera maintenant connu, soulagé car qu'il était dur de monter à cette altitude ! La vue depuis ce petit sommet est saisissante, nous sommes dominés par le majestueux Pumori, et devant nous se dresse la Mère de toutes les montagnes. Je prends un grand nombre de photos de l'Everest, et je remarquerai plus tard que l'on peut apercevoir au zoom quelques alpinistes sur le sommet Sud.

La journée du lendemain, nous marchons jusqu'à l'entrée du camp de base sur les bords des séracs du Khumbu. Nous y croisons nombre de convois de yaks et de porteurs descendant le matériel des expéditions se terminant. Le balet des hélicoptères rythme également la journée, entre secours et transport des riches clients-alpinistes.

Nous redescendrons en quelques jours la vallée du Khumbu, pour reprendre un petit vol interne à partir de Lukla. C'est une aventure splendide qui s'achève, riche en rencontres, paysages, émotions, efforts et maux de tête !  Qu'il est difficile de résumer un tel trek de 18 jours en quelques photos et un article. J'espère en tout cas avoir donné à ses lecteurs l'envie de parcourir ce magnifique pays, qui a besoin de vous plus que jamais aujourd'hui !


 

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