Raquettes en nocturne : les sorties CAF c’est quelques fois compliqué
Le 15.03.2018, par ReneD, 2 commentaires
L’automne dernier alors que, en rentrant du pic de la Sauge, nous prenions un pot à l’auberge du lac de La Thuile, Donat suggère qu’on pourrait faire une sortie raquettes en nocturne au départ de La Thuile et dîner à l’auberge.
"Iavépuka" (en clair : il n’y avait plus qu’à... organiser). Je propose donc cette sortie le vendredi 9 mars.
Cette sortie a été compliquée à plus d'un titre : l'essentiel est le contenu de cet article mais en faire un reportage l'a été aussi. Elle se déroule en nocturne... et comme mon téléphone ne sait que… téléphoner (je n’ai pas de smartphone et Geneviève non plus) je n'en avais pas de photos. La photo de titre a été prise il y a 2 ou 3 ans par Gilbert Michel lors d'une sortie nocturne en raquettes en Chartreuse. On y voit Donat, l'instigateur de la sortie du 9 mars : les conditions en étaient très différentes. En Chartreuse, à cette époque, il y avait de la neige alors que, vendredi dernier, à La Thuile il n'y en avait quasiment plus.
Dans les 2 cas, la sortie était une sortie "ordinaire" (ouverte à tous les membres du CAF). En chartreuse, nous étions une dizaine et Donat était le seul handi à y participer. Dans les faits, vendredi dernier (cf. ci dessous) seuls des handis sont venus marcher avec nous (tous les valides inscrits s'étaient désistés) mais c'est un hasard...
Comme il faut prévenir l’auberge qu'on viendra dîner, les inscriptions commencent tôt. Une dizaine de jours avant la sortie, nous sommes 11 et cela est devenu une sortie pas tout à fait ordinaire :
- une famille avec leur fille de 12 ans,
- 5 handis : Donat bien sûr (IMC et hémiplégique, il a des problèmes d’équilibre mais, depuis qu’il grimpe avec Handicaf, il a fait de gros progrès et, en escalade, peut passer du 4 en tête), Christine (elle est aveugle de naissance ; quand je ferme les yeux, je dis que je vois… du noir mais, comme elle n'a jamais vu, Christine ne connait pas les couleurs et dit qu’elle ne voit… rien) ; Patrick, Yvon et Michel sont sourds, ils ont l’habitude de marcher ; ils n’entendent rien mais, par écrit, , on peut communiquer avec eux),
- d’autres valides (que je ne connais pas) et Geneviève et moi qui encadront.
Puis au fur et à mesure que le jour J approche, il y a des désinscriptions :
- d’abord la famille. Du coup, je valide les 2 en liste d’attente,
- puis Patrick qui prévient Claire (mais pas moi) ; heureusement Claire me prévient,
- puis 2 autres valides,
- Donat me dit qu’il ne pourra pas marcher mais viendra nous rejoindre pour dîner.
C’est donc à 6 que nous devons partir de Chambéry. Le rendez-vous est fixé au parking de covoiturage du carrefour de la Trousse à 16h30. Quand j’arrive au parking, je retrouve Christine et on discute sans regarder l'heure, mais, à 16h35 nous ne sommes toujours que 2.
- J’appelle Geneviève mais son téléphone est en panne. Son mari (c’est utile le numéro de secours) me dit qu’elle a mis le pilotage automatique et qu'elle est au parking des Drallis mais comme son téléphone est en panne, je ne peux pas la joindre.
- J’appelle Anaïs… qui a oublié et n’est pas à Chambéry.
- Yvon et Michel ne sont pas là non plus : j’envoie un sms à Yvon « où es-tu ? » (rappel : il est sourd, Michel devait venir avec lui et je n’ai pas son téléphone) mais il ne répond pas.
Geneviève est rentrée chez elle ; son mari (on est le lendemain de la journée de la femme mais - propos sexiste ? - c’est utile un mari) lui dit qu’on l’attend au carrefour de la Trousse. Elle m’appelle alors que je m’apprêtais à aller la chercher aux Drallis. Finalement, sans nouvelles de Yvon et Michel (à qui je mets un nouveau sms « nous partons ») c’est à 3 (Geneviève, Christine et moi) que nous partons.
Arrivés à La Thuile, on prévient l’auberge que finalement, nous ne serions que 4 pour manger. Et on part (vers 18h) sans avoir vraiment défini où nous allons : je ne connais pas le coin et Geneviève non plus ; carte IGN et GPS sont bien utiles. Vu l’état du terrain (et le fait que nous sommes très en retard sur le planning prévu : on ne pourra pas aller bien loin) nous laissons raquettes, DVA, etc dans la voiture. Au bout d’1/4 d’heure, SMS de Yvon « je arrive » : j’ai du mal à comprendre ce qu’il a voulu dire et je lui réponds qu’on a commencé à marcher…
Nous arrivons au lieu-dit « la Fougère ». Plusieurs itinéraires sont possibles : il n’y a quasiment pas de neige et Christine marche bien. Comme il commence à faire un peu noir, on choisit un itinéraire facile pour revenir par le chemin (couvert d'un peu de neige) qui ramène au bout du lac.
Un peu plus loin on aperçoit un renard. Geneviève a la bonne idée de faire toucher à la main, par Christine, ses traces laissées dans la neige. Le chemin devient plus difficile. Il fait maintenant complètement noir mais Christine (que je guide : elle me suit en tenant mon sac à dos) se débrouille remarquablement bien sur un terrain un peu escarpé avec des rochers glissants. Elle s’étonne de tous les bruits qu’elle entend (un oiseau qui s’envole quand on arrive, ou une bête qu’on ne voit pas) ; elle apprécie de pouvoir toucher des sapins, …
En allant plus doucement dans les passages délicats (de jour et sur un terrain sec, la descente serait facile ; là c'était un peu plus dur...), nous retrouvons finalement la route qui borde le lac. En arrivant à l’auberge, Donat nous y attend. On s’installe, on commande (une tartichèvre : un peu comme une tartiflette mais avec du chèvre, c’est copieux et délicieux) et on a la surprise de voir arriver Yvon et Michel. Le petit carnet et le stylo que j’ai avec moi permettent de s’expliquer : ils ont cru que le rendez vous était à 18h, sont montés à La Thuile et sont allés au col du Mont…
On mange (si vous ne connaissez pas, n’hésitez pas à y aller, l’accueil est sympa et c’est vraiment très bon) on discute et on quitte l’auberge vers 22h15. Il ne me reste plus qu’à ramener Christine chez elle (il n’y a évidemment plus de bus).
On a marché, mais très peu dans la neige, on n’a pas mis les raquettes mais, après un début un peu compliqué, on a passé une très bonne soirée dans un cadre montagnard.
Donat propose qu’on remette cela l’an prochain mais un peu plus tôt en saison.
"Iorapuka"…