Opéra Ver(t)dical

Le 11.06.2018, par BenoitP, 1 commentaire - Sortie liée : « WE dans les gorges du Verdon »


Le Verdon. La magie des reflets de l’eau, le souvenir du génial grimpeur Patrick Edlinger, trop tôt disparu en 2012, dont le nom donné à cette virée picaresque reprend tout ou partie le titre d’un ouvrage du grimpeur (1983) et d’un documentaire consacré au génial Blond en 1989 par Jean-François Lemoine.
 
Le règne du calcaire dont la blancheur reflète l’émeraude des flots. Voilà l’image traditionnelle du Verdon. Depuis deux ans déjà, nous souhaitons trainer nos lourds godillots sur les sentiers caillouteux et forestiers du plus grand canyon d’Europe qui de près de ses 700 m de profondeur offre une multitude d’options de randonnée. Le choix s’est fait rapidement, le grand classique avec le « Blanc-Martel » en hommage au spéléologue français Edouard-Alfred Martel et Isidore Blanc, guide de ce dernier lors de la première exploration des lieux.
Pour le dimanche, nous souhaitions mettre au programme, un plat plus épicé. Nous avons opté donc pour le sentier technique local, le sentier de l’Imbut couplé à une remontée sur la rive gauche via le sentier Vidal.


Sentier Blanc-Martel 

Après de longues heures de route, nous atteignons la Palud-sur-Verdon et le refuge de la Maline d’où partent les deux itinéraires de notre WE provençal. A nos pieds, 300 m plus bas dans sa gorge maternelle, tel un nourrisson dans le ventre de sa mère, le Verdon scintille de mille feux.

 
Notre périple débute par une longue descente jusqu’au lit du Verdon. 


Verdon sublime !


Le chemin, mélangé de cailloux dans les zones dégagées et de terre en sous bois, est agréable malgré l’air étouffant qui nous entoure, le seul obstacle étant le passage où l’on trouve un escalier dit « Pas d’Issane ». 

Débute alors notre remontée du cours de la rivière jusqu’au Point Sublime, treize kilomètres plus loin. Le sentier ne présente pas de risque et de difficulté particulière. Autant le dire tout de suite, mais en période estivale, la chaleur doit être accablante et la foule bien trop présente à notre goût.

La couleur turquoise de la rivière toute proche, nous donne envie de rejoindre les plages pour s’y baigner. Nous sommes maintenant au beau milieu des gorges, avec 300 m de falaise au dessus de nos têtes.

Le sentier se fait alors indécis, erratique, avec de petites montées auxquelles succèdent quelques descentes. Le décor est fabuleux, les falaises nous donnant un paysage chaque fois différent par leur découpage et la rivière qui se faufile de ci, de là… Nous arrivons au belvédère Guègues où l’on franchi à nouveau un escalier. Puis c’est la Baume aux boeufs. Paysage harmonieux où une vaste cavité taillée à la serpe dans le calcaire, par les coups de boutoir du Verdon sur des milliers d’années, laisse la place à quelques arbres hauts en bord de rivière, à l’abri de la falaise. L’endroit est rendu sublime par la rivière stagnante qui reflète la falaise par réverbération. Le spectacle s’en trouve magnifié par le ballet des vautours fauves qui s’élèvent avec une lenteur toute sudiste, dans le ciel d’azur.


La troupe de Cafistes.

Puis, nous bifurquons quelques courts instants en direction du balcon de la Mescla. L’endroit est unique. A la géologie complexe et particulière, offrant la possibilité d’observer la rencontre entre deux artères rocheuses et leur rivière : l’Artuby et le Verdon.

Le jeu des couleurs entre eau et galet se donne à voir en symphonie. Symphonie alpestre aux faux airs de jeux d’eau de Ravel.

 
La Mescla ou la palette du peintre.

La journée étant loin d’être finie, nous reprenons la marche, le vert émeraude imprégné encore dans nos pupilles, en nous élevant progressivement pour dominer l’affluent. Une montée de 150 m brève, intense, pour nous retrouver perchés face à la Brèche Imbert. 

Là, un petit promontoire nous offre à voir sous nos pieds les piscines naturelles creusées par l’eau et une nouvelle fois le turquoise lumineux du Verdon. 

La redescente n’offre d’autre alternative que les fameux escaliers métalliquesvertigineux auxquels nous faisons face. 252 marches pour 100 m de haut. Le croisement y est impossible, sauf au niveau des paliers de l’échelle éventuellement. Un défi du génie civil édifié par les membres du Touring Club de France il y a presque cent ans.

 
Descente de la Brèche Imbert

Après la brèche Imbert, il ne nous reste plus qu’à remonter le sentier jusqu’aux termes du circuit. Nous basculons en « pilotage automatique » face à une certaine monotonie qui s’installe. En effet, à partir de la brèche, le sentier se fait plus en retrait du cours d’eau et les paysages sont moins étincelants. Le pas s’allonge dans une végétation élégante et les kilomètres se font plus rapide. Notre curiosité se retrouve piquée lorsqu’arrive la traversée des deux tunnels où la frontale se révèle indispensable. Le premier, celui de Trescaire de 110 m de long s’effectue rapidement. Le second, celui du Baou, nécessite un petit quart-d’heure pour franchir ses 670 m. A mi-chemin, une ouverture dans la roche offre un belvédère remarquable sur le rétrécissement des gorges et quelques belles voies d’escalade.



En sortant du dernier tunnel, des escaliers nous ramènent à la civilisation après un dernier regard vers le couloir Samson où le Verdon s’engouffre avec détermination.


Le Verdon s'engouffre dans le couloir Samson

Sentier de l’Imbut :


Du chalet de la Maline, camp de base d’un jour, nous dominons les gorges du Verdon avec pourtant une sensation étrange, un vertige somatif. Tant de grandeur, ça déséquilibre un peu… Malgré cela descendre devient une obsession. Voir de plus près ce joyau qui brille entre les cailloux gris, presque comme une délivrance.

La descente se fait comme la veille sous les arbres, une forêt dense et basse qui nous plonge dans l’ombre, nous enveloppe et nous attire en son cœur. L’odeur des chênes verts, un peu acidulée, se mêle à celle des sous-bois : des feuilles qui retournent à la terre. La fraîcheur de l’eau, tant espérée n’est qu’un mirage. L’air est encore saturé des effets d’Elios. Les muscles s’échauffent petit à petit dans cet enchaînement de lacets. On reconnait le virage là et l’échelle ici. La traversée pierreuse où il faut redoubler de vigilance. Ce n’est pas comme si c’était la première fois dans ce canyon.

Et pourtant si, l’arrivée au bord de l’eau crée en nous un émerveillement naïf, sans aucune lassitude. Un peu comme l’ardoise magique des enfants, nos souvenirs de la veille sont effacés d’un coup d’un seul, pour faire place à la magie du nouveau. Verre d’eau, vert, don du Ciel ! Oh jamais nous n’avons vu une eau d’un tel bleu ! Il est là, tapis, roulant ses galets polis par les ans : le Verdon scintillant. La petite musique de Blas Sanchez revient tintinnabuler dans nos mémoires et on se laisse doucement bercer par les flots dans une douce mélopée… 


« Il est un petit ruisseau,

Qui s'appelle le Verdon,

Il traverse la montagne,

Entaînant ses flocons.

Gouttes, gouttes de neige,

Gouttes, gouttes d'argent,

Gouttes, gouttes de neige,

Qui se font doucement… »



Au croisement, personne. Nous voilà à la perpendiculaire de la rivière. Il nous faut longer sur plusieurs mètres la rive afin de rejoindre la passerelle de l’Estellier pour rejoindre le départ du sentier de l’Imbut. Des langues de cailloux entourées d’eau simulent des îlots, quelques arbres à l’ombre légère et mouvante se laissent chahuter par la brise. Il nous faut traverser sur ce pont de fil qui semble si frêle, si fragile. Prêt à s’envoler dès la première brise de Mistral. 

En s’approchant, on distingue que la boue blanchit les pierres cendrées du lit de la rivière. C’est ce qui donne cette couleur particulière au Verdon : cette alternance de gris et de blanc et toute la nature se profilant dans les reflets azurés.

Nous prenons pied timidement, puis avec détermination. Certains d’entre nous s’amusent comme des gamins en faisant osciller l’édifice. Nous semblons nous élever dans l’éther entre ciel et eau. Sous nos pieds, la rivière se fait torrent. L’agitation du rapide est contenue voire camouflée par l’apparente surface lisse. La supercherie est dévoilée à la première branche rencontrée ou à ce bloc erratique indétrônable qui garde le passage.


Le voilà, le sentier de l’Imbut, porte d’entrée d’un Verdon plus discret, plus sauvage. Pourtant certains dans le groupe redoutent un peu cette épopée et surtout la remontée par le sentier Vidal. Ces chemins ont la réputation de faire la vie dure aux randonneurs du dimanche. Il faut s’y aventurer avec les tripes pour ne pas y laisser des plumes. On fait le choix malgré tout de rester, l’aventure n’est-elle pas le sel de la vie ?

Nous restons au bord de la rivière, elle est puissante et violente et nous racole de son tumulte. Elle en fait des tonnes pour qu’on la suive, et ça fonctionne. Nos yeux ne la quittent plus, elle a l’air joueuse. Parfois survoltée, elle empoigne les blocs de pierre, les frappe de son écume, tournoie, roule, vibre et se trouble pour soudainement relâcher son emprise et redevenir limpide et douce. Elle est étonnante et imprévisible.


D'abord sans difficulté, le sentier devient progressivement plus délicat (étroitesse, à-pics, ...). Il nécessite d'être attentif, mais il est bien sécurisé.

On sort du bois de frênes, le canyon s’est franchement rétréci. Les arbres se raréfient, on se retrouve très vite à flanc de falaise.

Puis sur la roche, des pitons solides maintenant des câbles en métal apparaissent de ci, de là. L’itinéraire se la joue via ferrata. On se tient au filin à mains nues, on avance tranquillement, à pas sûrs. Le fer est glacé et à force de s’agripper, les doigts tétanisent un peu, la paume de la main souffre.

Le sentier dans la paroi est bien aménagé, on y circule correctement. Cependant c’est le vide en dessous et la force du courant qui inquiète et rend nerveux Richard. Il faut surveiller ses pieds, donner des consignes de prudence et les respecter. Ouf, la corniche du Vieux Cade est passée. Il reprend son souffle et ses esprits quelques instants, pendant que nous profitons du cadre somptueux que constitue cette baume où un genévrier a trouvé place il y a près de 3000 ans. 


Le Vieux Cade

Nous reprenons notre progression, nous enfonçant à chaque pas davantage dans les gorges, à la recherche de la quintessence des beautés de Dame Gaïa, les cinq sens en alerte.

Le bruit du torrent sature l’espace et notre esprit, il est assourdissant quand il se fracasse contre la falaise et se répète en écho infini. Tellement éclatant qu’il trouble par moment notre concentration. On regarde en contre-bas, c’est beau. Insolent et pur, minéral. On est passé sous la montagne, le soleil ne vient plus transpercer l’eau, seul le ciel bleu s’y reflète entre les remous. Le gris froid du Verdon semble plus profond ici. La nature n’est plus à taille humaine, elle se révèle et se grandit.

 

Un immense rocher planté au milieu semble aspirer l’eau. C’est intriguant car la montagne s’est creusée avec l’érosion et forme une caverne sombre. Comme une bouche noire avide, engloutissant avec gloutonnerie  chaque jour des litres d’eau. 

On quitte la sente et dévalons la pente au travers de blocs rocheux. Une surprise nous attend, sur la droite, le canyon est quasiment fermé. En effet, par endroits, il n’y a plus qu’un ou deux mètres qui séparent les deux rives. De cette manière, le roc s’est transformé en œuvre d’art abstraite. Des formes aux courbes parfaites et aux pointes surprenantes. La beauté du relief est stupéfiante. On mesure alors toute l’infériorité de notre condition face à la nature. Nous sommes arrivés aux portes des Enfers des anciens. Cerbère, ayant déserté les lieux pour quelques instants nous effectuons une pause contemplative pour admirer ce passage légendaire du Styx.


Le Styx

Une fois sustenté et contenté, il est temps de bifurquer à gauche pour la Baume Maugué. Longue vire arrachée à la roche et dominant le courant furieux du Verdon. Le spectacle est délicieux. Parfois, un clapotis plus impétueux que les autres vient lécher nos chaussures. On se prend pour l’oiseau au dessus des flots.


Le passage du Maugué

La remontée, éprouvante, mais non moins fantastique, démarre alors au milieu d’effluves chaudes de romarin et de chêne vert nous rappelant que nous sommes en Haute-Provence. Le début du sentier Vidal est taillé à même la roche dans un mur vertical, il est étroit, sécurisé par une main courante, et haut d’une quarantaine de mètres.

Benoît ferme la marche pour jeter un oeil bienveillant sur le groupe et profiter encore un peu des dernières minutes au plus près du Verdon. On lui dit adieu et à bientôt, alors qu’il n’est plus qu’un trait bleu qui serpente indéfiniment vers le levant.


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